Fin du port obligatoire du masque dans les entreprises : "nous avons peur d’un pic éventuel de contaminations si on retire tout"

La ministre du travail Elisabeth Borne a annoncé mardi 8 mars, la fin du protocole sanitaire en entreprise. Concrètement, le 14 Mars prochain, le masque ne sera plus obligatoire en intérieur. Il faudra juste "continuer à appliquer les règles d’hygiène". Les règles de distance vont disparaître de même que celles appliquées à la restauration collective.

Cette décision forte qui consiste à revenir à la normale dans l’entreprise, avec la suspension du protocole sanitaire annoncée par la ministre Elisabeth Borne, a été saluée  par Benoît Serre, le vice-président national délégué de l’association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH) sur l’antenne de France Info.  

 C’est "un soulagement sanitaire et managérial" a-t- il dit avant de préciser qu’il s’attendait cependant à "une phase d’entre-deux" dans laquelle les salariés soit inquiets, soit vivant avec des personnes vulnérables continueront à porter le masque ainsi que le prévoit le guide des "mesures de prévention des risques de contamination au covid 19 hors situation épidémique" qui va se substituer au protocole national en entreprise.  

Les entreprises pourront continuer à imposer le masque

Benoît Serre a par ailleurs précisé que malgré la suspension du protocole sanitaire en entreprise dès le 14 mars, le port du masque pourra encore être imposé dans les entreprises qui le décideront. Et ce pour une raison toute simple : "l’employeur conserve une responsabilité pénale de protection de ses collaborateurs, il peut donc réimposer des mesures de protection s’il le juge nécessaire".  

Pour rappel, au début de la pandémie, certains employeurs avaient imposé le masque, alors même que le protocole sanitaire n’avait pas encore été instauré, en se référant à l’obligation de sécurité, qui elle figure en toutes lettres dans le code du travail. Autre paramètre qui va entrer en ligne de compte : l’état sanitaire du pays

La situation sanitaire scrutée par les employeurs 

Chaque employeur choisira donc librement sa stratégie, en lien avec les partenaires sociaux qui ne manqueront pas de jouer leur rôle dans ces décisions, et peut-être de la situation sanitaire de la zone où il est implanté.

À ce titre la légère recrudescence de l’épidémie ces derniers jours, risque d’inciter à la prudence certains responsables dans un premier temps, jusqu’à être sûr que l’épidémie régresse vraiment.  

Globalement, il semble que les Directions des entreprises aient décidé de progresser par étapes

Marina Chauvel, Directrice des Ressources humaines à Artenay dans le Loiret, dans une entreprise d’agro-alimentaire spécialisée dans la fabrication de barres céréales, et de produits céréaliers,"Artenay Bars", nous explique ce qui va se passer dès lundi dans sa société :

Le 14 mars on a décidé de laisser le port du masque sur la base du volontariat, ceux qui voudront arrêter de le porter pourront le faire, ceux qui veulent continuer, aussi

Marina Chauvel, directrice RH

Une décision prise car elle correspond le plus au sentiment de ceux qui travaillent. Certains ont hâte de voir la fin des mesures, d’autres plus prudents craignent encore les contaminations. Mais la Direction a aussi décidé de conserver un certain nombre de mesures barrière.

"Nous allons maintenir les distanciations sur les lieux de repas par exemple. Nous avions des plexiglas de séparation entre chaque personne, on a des nombres limités par table. Cela on va le maintenir jusqu’à la fin du mois. On préfère ne pas tout enlever d’un coup tout de même".

La raison de ce choix est simple. Marina Chauvel  explique : "nous avons peur d’un pic éventuel de contaminations si on retire tout, ce qui pourrait être handicapant pour les personnels déjà effrayés ou vivant avec des personnes à risque".

 Une décision confortée par les faits qui sont têtus : "On a vu que les chiffres (de contamination NDLR) augmentaient un petit peu, on a vu aussi ce qui se passait dans les écoles, quand les masques ont été retirés, l’augmentation des cas, donc on préfère rester prudent" .

Des décisions délicates à prendre, dans la mesure où la fin du masque est très attendue. Il était difficile de continuer à l’imposer au sein de l’entreprise, où par ailleurs la centaine de salariés a déjà, travaillant dans le milieu de l’agro-alimentaire, une bonne habitude des mesures d’hygiène.

La multiplication des cas pourrait avoir un effet sur le fonctionnement de l’usine d’Artenay

 Les 7O% des salariés qui assurent la production travaillent en 3/8. Des équipes d’une vingtaine de personnes. Et passé un certain seuil d’absence, il devient très compliqué de travailler. D’autant qu’il est difficile de trouver des intérimaires nous confie-t-elle. "Avant on pouvait appeler un intérimaire pour remplacer notre personnel malade plus facilement, sans oublier qu’il faut aussi des compétences qui ne sont pas forcément non plus disponibles".

Autant de raisons posées sur la table de la réflexion collective qui s’est mise en place entre les membres de la Direction auxquels est associé un représentant du CSE, c’est-à-dire des salariés.  

Depuis le début de cette crise, les DRH sont aux avant-postes  de l’organisation au sein de l’entreprise

Gérer le service RH implique une grande responsabilité, car elle met en jeu la santé du personnel et la responsabilité de l’employeur. Ainsi Marina Chauvel, jeune professionnelle, qui avait pris son poste quelques mois avant la pandémie s’est retrouvée avec des responsabilités nouvelles et primordiales à gérer.

"Avec le recul, je pense que j’ai beaucoup appris en très peu de temps, on a découvert une autre facette de la fonction RH, celle de la gestion de crise et du nécessaire dialogue qu’il faut mettre en place. Après ce sont deux années fatigantes et usantes, parce que ça ne s’arrête jamais".  

Pour preuve, en déplacement ce vendredi 11 mars en Isère, Olivier Véran, ministre de la santé a alerté sur un " rebond " du covid 19, mettant en avant la nécessité pour les personnes fragiles de continuer à se protéger. "Nous constatons actuellement un rebond en France, dans les pays qui nous entourent, c’est-à-dire que le covid ne baisse plus, il augmente même" a dit le ministre de la Santé. "Au vu des derniers chiffres d’hier, c’est 20% d’augmentation" a-t-il précisé.

Pour le moment, rien ne change au niveau des mesures annoncées le 8 mars en entreprise. Mais personne ne sait aujourd’hui si elles seront tenables sur la durée.

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