Décerné par une association qui rassemble des développeurs et des utilisateurs, il récompense l'utilisation d'outils numériques libres et ouverts au public.
La ville de Fleury-les-Aubrais vient d'être récompensée du label "Territoires numériques libres", seulement deux ans après sa création.
"Ce label marque notre intérêt pour le logiciel libre et récompense un travail fait il y a plus de dix ans par nos informaticiens", réagit Jean-Philippe Delbonnel, conseiller municipal délégué au développement numérique.
Le logiciel libre, point fort de la commune
Cette récompense a été créée par l'Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales (Adullact) et ses partenaires. Il récompense les communes qui font preuve de bonne volonté dans quatre domaines : les formats ouverts, les logiciels libres, l'implication dans l'écosystème libre, et l'open data.
"Cela fait 10 ans que l'on travaille sur des logiciels libres dans notre commune, explique Jean-Philippe Delbonnel. On a la messagerie Zimbra, le logiciel Idée libre, qui est l'outil de dématérialisation du Conseil Municipal, ou encore l'application Municipol, pour gérer la police municipale…"
C'est sur l'utilisation des logiciels libres et des formats ouverts que la ville a été la mieux notée. Fleury-les-Aubrais a obtenu un label de niveau 3, qui récompense "un usage avancé des logiciels libres et formats ouverts, ainsi qu’une volonté d’implication dans l’écosystème libre", selon les organisateurs.
Des pratiques qui vont s'étendre
"La collectivité pourrait facilement progresser, en se lançant dans l'open-data, ou en ouvrant ses portes à l'écosystème du logiciel libre (associations locales, fablab*, soutien aux entreprises du numériques libre...)", remarque cependant le jury.
Une annotation déjà prise en compte par les équipes de la ville. "On a lancé en novembre dernier la grande politique numérique de la collectivité, car il n’y avait eu jusqu’à présent aucune discussion. Notre chantier principal sera l’open data." annonce le délégué au numérique.
Un conseil du numérique, formé sur le modèle du conseil numérique régional, qui sera prochainement composé, sera chargé de réfléchir à ces usages de l'open data. Une vingtaine de membres y siégeront, issus des entreprises, des associations, des pouvoirs publics et de la société civile.
Dernier projet : le lancement d'un grand plan de vulgarisation du numérique, pour répondre à la nécessité de "participer à l'écosystème du logiciel libre en France."
"Il nous reste deux ans pour parvenir à l'excellence" juge Jean-Philippe Delbonnel, que ce planning chargé n'effraie pas.
Le chantier est vaste mais la ville a pris de l'avance : "On a fait ce choix il y a plus de dix ans. On a d'excellents informaticiens, il fallait être visionnaire à l'époque pour penser au libre, tout le monde achetait des grandes licences. A l'époque, avoue l'élu, on a fait ce choix pour des raisons budgétaires."
Des problématiques de plus en plus présentes
Et aujourd'hui, tout le monde s'y met. Le logiciel libre présente des avantages budgétaires, car ils sont soit gratuits soit vendus à des prix très abordables. En outre, c'est leur nature, ils sont modifiables par l'utilisateur, et celui-ci peut partager ses modifications. Ils peuvent donc être plus facilement améliorés.
Mais le logiciel libre, et son proche cousin, l'open data, sont aussi au coeur d'un débat philosophique et d'idées sur nos usages des outils numériques. En 2006, Eben Moglen, conseiller juridique de la Free Software Foundation, expliquait que selon lui, le logiciel est aujourd'hui la matière première de notre économie. Ils sont nécessaires pour mener à bien la grande majorité des projets.
Le logiciel libre permettrait donc la démocratisation d'un potentiel économique, en plus d'être une matière collaborative, améliorable par tous.
Quant à l'open data, il s'agit d'un enjeu d'information et de démocratie. Il s'agit d'avoir accès à des statistiques, des budgets, des comptes, des informations qui sont d'habitudes destinées aux instances dirigeantes ou aux pouvoirs public. A terme, c'est la possibilité pour le citoyen de demander des comptes sur ce que l'on fait de son vote, de son temps, de son argent, et donc aussi un moyen d'inciter les dirigeants à la bonne conduite.