Une consultation de l'Ordre National des Infirmiers dresse un constat alarmant sur la situation et le regard très pessimiste que portent les soignants sur le futur de la santé sur le territoire.
Les voyants sont au rouge depuis des mois, et les soignants ne voient pas le bout du tunnel. Alors que "l'hémorragie" d'infirmiers ne cesse d'enfler dans toute la France, quasiment tous les infirmiers (96%) de la région Centre-Val de Loire se disent inquiets par rapport à la situation en matière de soins, selon une grande consultation de l'Ordre national des infirmiers. C'est 12 points de plus que la moyenne nationale.
Cette consultation a été réalisée sur plus de 40 000 répondants inscrits au tableau de l'Ordre à l'échelle nationale. Les résultats alarmants témoignent des difficultés d’accès aux soins dans les territoires et de la nécessité de faire évoluer la profession infirmière "dans l’intérêt des patients".
Les soignants peinent à voir une embellie en Centre Val de Loire
Dans la région Centre-Val de Loire, les infirmiers expriment une inquiétude toute particulière sur les inégalités d'accès aux soins. 83% jugent que l’accès aux services d’urgence est restreint ou difficile (8 points en plus par rapport à la moyenne nationale) et 79% d'entre eux considèrent qu’il n’existe pas d’égalité d’accès aux soins sur leur territoire d'exercice (11 points de plus).
Ces tourments seraient partagés par les patients eux-mêmes. Selon 86% des soignants (9 points de plus qu'au niveau national), la préoccupation principale de leurs patients reste "la difficulté d’accès à un établissement de soins et aux professionnels de santé", loin devant le manque d’explications sur les parcours de soins (59%).
Les raisons de la colère : urgence à l'hôpital et déserts médicaux
Ce pessimisme particulièrement marqué en Centre Val de Loire peut s'expliquer par les difficultés croissantes rencontrées dans différents hôpitaux de la région. Au CHR d'Orléans, les urgences sont en grève depuis le 28 mars. Alors que 90% du personnel soignant étaient en arrêt maladie ou en grève à ce moment-là, les médecins avaient repris le piquet de grève en dénonçant une situation catastrophique.
La désertification médicale particulièrement prégnante dans la région renforce également le mal-être des soignants. Selon l'Insee, les deux départements ont parmi les plus faibles densités de médecins généralistes de France, avec 109 médecins pour 100 000 habitants dans le Cher et 123 dans l'Indre (respectivement 5e et 20e plus faibles du pays). La moyenne nationale s'établit, elle, à 153.