Le maire de la petite commune de Cheillé en Indre-et-Loire affirme avoir été agressé alors qu'il tentait d'interrompre l'installation de gens du voyage sur le terrain de foot de sa commune. Il demande au préfet de l'aider à déloger les caravanes mais refuse de déposer plainte. De leur côté, les gens du voyage nient les menaces.
Dimanche 21 mai aux alentours de midi, Fabien Barreau apprend que des caravanes tentent de s'installer sur le terrain de football communal. Le maire se rend donc sur place et constate que trois hommes essayent de dégager l'accès au terrain.
"Ils ont cassé une grosse jardinière en béton que la mairie avait installée", raconte l'édile, qui explique que cette jardinière avait précisément été installée pour éviter ces intrusions qui se répètent chaque année. "Ils ne font pas de grands voyages. Ce sont des personnes du coin qui habitent à 20 km autour de la commune et se retrouvent chaque année ici en famille", affirme l'édile.
"Ne me touche pas sinon je vais te crever"
Devant le refus des voyageurs d'abandonner leur projet d'installation, Fabien Barreau raconte être "monté sur ce qu'il restait de la jardinière" et avoir posé sa main sur l'épaule d'un des individus afin de faire cesser la destruction. "C'est là que j'ai failli prendre un coup de maillet", relate t'il. "Il m'a dit : "ne me touche pas sinon je vais te crever!""
Les gendarmes arrivent sur place quelques instants plus tard, force est de constater que les gens du voyage sont déjà installés. Au total, une vingtaine de caravanes et une centaine de personnes occupe le camp. "Il n'y a pas tant de dégâts que ça", concède le maire, "mais ils sont branchés sur le compteur électrique de la chaufferie de la crèche et sur le compteur d'eau de la commune."
Depuis l'altercation, Fabien Barreau reçoit de nombreux soutiens dont celui du président de l'association des maires d'Indre-et-Loire. Dans un communiqué, Cédric de Oliveira "condamne avec la plus grande fermeté ces actes qui, malheureusement, on tendance à se répéter."
Il n’est pas concevable, dans notre République, que des élus soient l’objet d’actes d’intimidation et qu’ils en viennent à questionner leur engagement pour les autres et pour l’intérêt général, alors même qu’ils agissent pour mettre fin à des installations illicites.
Cédric de Oliveira - Président de l’Association des Maires d’Indre-et-Loire
Les gens du voyage nient les menaces et les violences
Pourtant, le maire de Cheillé ne souhaite pas déposer plainte de peur de voir s'opérer une "escalade de la violence". "Ils savent où j'habite. J'ai peur qu'ils s'en prennent aux installations de la commune, notamment à l'école ou à la crèche."
Des craintes que les gens du voyage balayent d'un revers de main. "On n'est pas des sauvages", tient à affirmer une mère sur le camp, appuyée par quatre autres membres de la communauté, qui donnent une toute autre version de l'altercation. Selon eux, c'est le maire qui s'est énervé et "personne ne l'a menacé avec une masse."
On va rembourser la jardinière qu'on a cassé et on paiera l'eau et l'électricité à la commune comme on le fait à chaque fois. Si on ne rentre pas un peu de force, on ne peut jamais rentrer. Quand on demande l'autorisation on ne l'a pas.
M. Baud - Membre de la communauté des gens du voyage
24 heures pour quitter les lieux
Le maire souhaite les voir partir au plus vite car plusieurs activités, dont des baptêmes de l'air et une course d'orientation, doivent se dérouler sur le terrain le weekend prochain.
De leur côté, les gens du voyage qui expliquent s'être rassemblés pour se recueillir après un décès, disent ne pas "comprendre ce qu'il se passe". "On a trouvé un accord avec le maire, on part vendredi. C'est réglé depuis notre arrivée et tout le camp est d'accord avec ça", affirme M. Baud, l'un des membres de la communauté qui conteste également être sédentarisé. "On vit dans nos caravanes et on se déplace tous les 15 jours en Touraine".
Le préfet d'Indre-et-Loire s'est rendu à la mairie de Cheillé ce jeudi 24 mai en milieu d'après-midi pour apporter son soutien à l'édile et l'informer que les gendarmes avaient remis aux occupants du terrain une lettre les sommant de quitter les lieux. "S'ils ne partent pas demain, je saisirai le procureur de la république demain après-midi pour insultes et menaces de mort sur personne dépositaire de l'autorité publique", a-t-il promis.