Le château du Clos-Lucé à Amboise (Indre-et-Loire), où Léonard de Vinci a passé les dernières années de sa vie, a inauguré son nouveau bâtiment consacré au génie de la Renaissance, avec l'ambition de "décaper le mythe", grâce notamment aux nouvelles technologies.
Découpé en plusieurs espaces, le nouveau bâtiment, qui a nécessité 2,3 millions d'investissement, s'attache à explorer deux aspects des travaux du Toscan: sa vision architecturale et sa virtuosité picturale. Dans une galerie virtuelle, une expérience immersive de 12 minutes plonge le visiteur dans les 17 oeuvres du peintre. Des gros plans, notamment des visages et des mains, ainsi que des croquis, permettent au spectateur d'apprécier la virtuosité de l'artiste, mais aussi l'immensité de son travail.
"Cela montre à quel point c'est un travailleur acharné. On n'arrive pas à un chef d'oeuvre sans un énorme travail préparatoire", résume le président du Château du Clos-Lucé, François Saint-Bris, fasciné par "la puissance et la grâce de Léonard".
La deuxième partie de l'exposition s'attache aux travaux plus concrets de l'inventeur, architecte, urbaniste et homme de guerre. Cartes, plans et maquettes permettent de découvrir l'ingéniosité visionnaire du Toscan, mais aussi de l'ancrer dans son époque.
"Léonard ne travaillait pas tout seul. Il a appris seul dans les livres, mais il s'est aussi initié en se frottant aux connaissances des autres. Quand Léonard crée des machines, il a en tête des modèles de machines des générations précédentes", explique Pascal Brioist, professeur d'histoire au Centre d'études supérieures de la Renaissance de l'université de Tours. "L'image du génie ne permet pas de comprendre Léonard. Il n'a pas inventé tout seul. Le Clos-Lucé a le courage de montrer ça. On essaie de décaper le mythe", insiste l'historien, qui a rassemblé les documents et écrit les textes de l'exposition. Autre coup de projecteur offert par le Clos-Lucé, celui sur la méconnue "Cité idéale" de Romorantin et son gigantesque palais royal, imaginés pour François Ier.
"Quand Léonard arrive en France, il est architecte du Roi de France. Et il faut un palais. Léonard conçoit Romorantin, mais cela ne se fera pas car il tombe malade. Mais les discussions sont entamées et le plan B mènera à Chambord, le pavillon de chasse", sourit l'universitaire.
Le palais de Romorantin n'est resté qu'un rêve pour Léonard, mais ses travaux sur la cité solognote n'ont pas été perdus. Grâce à une reconstitution 3D, le visiteur peut désormais s'y perdre virtuellement grâce à un jeu vidéo installé sur des bornes arcades.