François Rabelais ( † 1553) provoque une guerre entre producteurs et promoteurs du vin Chinonnais

Ceci n'a rien d'une blague, c'est même devenu une assignation en Justice pour "contrefaçon"

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Ambassadeurs du vin contre producteur de vin, et, au milieu, François Rabelais. Mort en 1553, l'irrévérencieux écrivain amoureux de la boisson se retrouve pourtant au coeur d'une querelle bien vivace. 

Elle oppose le domaine Charles Joguet, un domaine viticole renommé du Chinonais, à la Confrérie des Entonneurs rabelaisiens, qui se dédie à la promotion des vins de Chinon depuis sa naissance en 1961.

Perquisitions sous la forteresse 


En quoi leurs intérêts sont-ils incompatibles ? Le domaine Charles Joguet a assigné en justice la confrérie, au motif d'une "contrefaçon de marque". L'objet de la querelle : les logos respectifs des deux adversaires, inspirés tout deux d'un portrait de Rabelais réalisé au XVIIème siècle.  


Le conflit est monté d'un cran en mars quand, en vertu de cette accusation, une perquisition a été menée au siège des Entonneurs, un immense réseau de grottes appelé les Caves Painctes. Elles sont situées sous une forteresse qui, dans les écrits rabelaisiens, doit abriter la "Dive (divine ndlr) bouteille" recherchée par le héros Pantagruel et ses compagnons. 

Deux huissiers, deux gendarmes et un serrurier se sont ainsi rendus sur place, opérant une saisie d'éléments très symboliques de la philosophie des Entonneurs. Trois diplômes de "chevalier gousteur", deux menus de chapitres de la confrérie, deux bulletins d'adhésion-cotisation et un livret de chants, selon le témoignage du Grand Maître des Entonneurs, Jean-Max Manceau, entendu par l'AFP. 

"Privatiser" Rabelais


"Comment peut-on s'accaparer ainsi la figure de Rabelais, qui appartient à tout le monde ?" s'étrangle celui-ci. L'ancien propriétaire, Charles Joguet, qui a cédé son domaine en 1997 à son associé fait d'ailleurs lui-même partie de cette confrérie. "Il n'en revient pas", témoigne le Grand Maître. 

"Nous utilisons Rabelais comme logo depuis notre fondation en 1961, mais le Domaine Charles Joguet a déposé à l'INPI une première fois en 2014 un profil de Rabelais inspiré du même tableau, puis, en 2017, l'autre profil", affirme Jean-Max Manceau. Ça fait déjà beaucoup d'éléments. 

Encore plus confondant : c'est l'ancien propriétaire, Charles Joguet, Ier du nom si l'on peut dire, qui est l'origine du logo de son ancien domaine... Et de celui de la confrérie des Entonneurs ! Surtout de sa nouvelle version. Car c'est là le coeur du litige : en 2017, la confrérie a modifié son logo, au grand dam des nouveaux propriétaires du domaine Joguet. 

"En mars 2017, nous avons découvert le nouveau graphisme de la confrérie, en gris sur fond blanc. Nous avons aussitôt pris contact avec les Entonneurs pour les avertir que c'était trop proche de notre propre logo" explique pour sa part Anne-Charlotte Genet, directrice commerciale du Domaine Charles Joguet, et fille de son propriétaire actuel. Elle se défend de vouloir "privatiser" Rabelais. 


"S'ils reprennent leur ancien logo, tout s'arrête !", assure-t-elle, affirmant d'ailleurs avoir tenté de trouver un terrain d'entente, y compris en proposant à la confrérie un droit sous licence.

Picrochole ressuscité ​


Une attitude qui paraît raisonnable ? Un connaisseur du dossier rappelle cependant à l'AFP :  "Dans les années 1970 et 1980, de nombreux vignerons de Chinon, et même d'autres appellations, utilisaient la même tête de Rabelais, inspirée du même tableau sur leurs étiquettes. C'est aussi le cas des Jardins de Rabelais, dédiés à la tomate, ou encore du Mondial du saucisson en Ardèche !... Personne n'a jamais porté plainte"

Pour les protagonistes, en tout cas c'est clair, Rabelais est de nouveau à l'origine d'une "horrifique" guerre picrocholine, dans tous les sens du terme
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