Indre-et-Loire : oubliées par le Ségur de la santé, les aides-soignantes à domicile se mettent en grève

Le Ségur de la santé a accordé une augmentation mensuelle de 200 euros aux soignants et personnels paramédicaux du public. Un coup de pouce dont sont exclues de nombreuses aides-soignantes à domicile, qui demandent une égalité de traitement. En Indre-et-Loire, le mouvement s'organise.

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"Même diplôme, même employeur, salaires différents". C'est avec ce slogan que les aides-soignantes à domicile de l'Indre-et-Loire résument l'inégalité de traitement à laquelle elles doivent faire face. Ce jeudi 6 novembre, elles ont décidé de se mettre en grève.

Les accords du Ségur de la santé, signés en juillet dernier, formulaient des promesses longtemps attendues par le corps médical et paramédical. Ils programmaient notamment une revalorisation indiciaire et salariale - 183 euros nets par mois - pour les professionnels des hôpitaux et Ehpad publics.

Des annonces accueillies avec satisfaction dans toutes la France, y compris dans les rangs du service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) de Montlouis-sur-Loire, dans l'Indre-et-Loire. Les quatorze aides-soignantes du service assurent quotidiennement l'hygiène à domicile de nombreuses personnes âgées, et dépendent techniquement de l'Ehpad public de La Bourdaisière.
 

"L'Etat nous considère comme des indépendantes"

Seulement, "il y a deux semaines, la direction est venue nous voir pour nous annoncer qu'on ne pouvait pas prétendre à l'augmentation prévue par le Ségur", raconte Aurélie André, référente du SSIAD de Montlouis-sur-Loire. Car si leurs contrats sont faits par l'Ehpad, "nous avons un budget séparé et l'Etat nous considère comme des indépendantes", résume l'aide-soignante à domicile.

Une injustice pour ces travailleuses, qui ont le même diplôme d'aide-soignant et le même statut d'employé de la fonction publique que leurs collègues au sein des hôpitaux et Ehpad. "On fait le même travail, mais à domicile", abonde Aurélie André. 
 
Le Ségur de la santé est notamment venu répondre aux attentes des personnels médicaux et paramédicaux, sur-sollicités et épuisés par la première vague du Covid-19. Une vague à laquelle n'ont pas échappé les aides soignantes à domicile :
 

On est plusieurs à avoir eu des symptômes qui ressemblaient au Covid-19 et à avoir été arrêtés deux semaines pendant la première vague, mais on nous a refusé les tests parce qu'ils n'en avaient pas encore assez.

Aurélie André, aide-soignante à domicile à Montlouis-sur-Loire

Résultat pour les aides-soignantes de Montlouis : un sous-effectif chronique qui augmente stress et cadences. "Heureusement, l'équipe est soudée."
 

Grève, affiches et pétitions

Alors ce jeudi 5 novembre, les aides-soignantes à domicile des SSIAD de Montlouis, Bléré, Amboise Château-Renault, Ligueuil et Semblançay ont déposé un préavis de grève. Responsabilité médicale oblige, elles sont tout de même allées travailler.
 

Bien organisées grâce à leur groupe Facebook "SSIAD public du 37", elles distribuent des affiches tôt le matin avant de commencer à travailler, et accrochent des banderoles.

Ce vendredi 6 novembre, les grévistes doivent rencontrer Daniel Labaronne, député LREM d'Indre-et-Loire, espérant que leur message sera transmis au gouvernement. Et lundi, des pétitions signées par leurs collègues agents de l'Ehpad et par leurs patients à domicile seront rendues à la préfète d'Indre-et-Loire Marie Lajus. Une pétition en ligne réunit 720 signature ce vendredi 11 novembre au matin.
 

Profession en voie de disparition ?

Une action salvatrice selon Aurélie André, pour réparer une injustice, mais pas seulement : "Les jeunes qui sortent d'école risquent d'être au courant qu'ils seront moins bien payés, et donc ils ne viendront plus en SSIAD."

Alors que la mission de ces aides-soignantes répond à la demande croissante de nombreuses personnes âgées de pouvoir rester le plus longtemps possible chez eux, Aurélie André craint même que "les soins à domicile disparaissent".
 
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