Le "Ségur de la santé" s'est ouvert ce lundi après-midi. Sept semaines de concertation pour refonder un système de santé très critiqué lors de la crise sanitaire. Quelles sont les revendications des soignants ? Entretien avec Vincent Bourdeau, représentant du collectif Inter-Urgences de l'Indre.
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- Qu’attendez-vous concrètement de ce nouveau plan santé ?
Ce sont toujours les mêmes revendications qui sont portées depuis plus d’un an par le collectif. Nous demandons une revalorisation des salaires à hauteur de 300 euros, l’arrêt des fermetures de lit et une compensation des besoins en personnel en fonction de chaque service.
- Vos revendications prennent d'autant plus de sens avec la crise sanitaire ?
On a vu l’investissement dont était capable le personnel, que ce soit les soignants ou les administratifs. Maintenant, nous sommes en droit d’attendre le juste retour. Une prime c’est bien, mais ça ne compte pas pour la retraite. Les carrières sont gelées depuis 2011 pour tous, l’indice est gelé depuis plus de 10 ans.Il faut un geste fort du gouvernement envers tout le personnel hospitalier et celui des EHPAD.
- Faut-il revaloriser les salaires pour rendre aussi ces métiers plus attractifs ?
Oui car nous sommes dans la fourchette basse quand on compare avec les autres pays de l’OCDE. On est quand même sur des niveaux d’études qui sont pour les infirmiers de bac+3 à bac+5 pour les spécialisés. Je pense qu’une revalorisation des salaires est essentielle surtout quand on voit qu’un infirmer commence à 1400 ou 1500 euros nets en comptant les primes de week-end et les jours fériés.
- Pensez-vous que l'hôpital a aussi besoin de plus moyens humains et matériels notamment dans les services de réanimation ?
Il faudrait des moyens supplémentaires dans tous les services. Mais ce qui m’inquiète c’est d'entendre le ministre de la Santé et le président dire "on va faire les consultations, on va faire les diagnostics". Mais qu’est ce qui déjà été fait ? Le plan "Ma santé 2022" a fait l’objet de consultations et là on recommence toujours le même processus pour au final ne rien voir venir clairement.
- Quelle est l’urgence principale selon vous pour sauver l’hôpital public ?
Il y en a plusieurs. La réorganistion de la gouvernance en fait partie. Les médecins sont un peu plus impliqués au travers de la Commision Médicale d’Etablissement mais pas vraiment les soignants en dehors des représentants syndicaux. Un soignant lambda non syndiqué à l’heure actuelle n’a quasiment aucun moyen de s'investir dans son hôpital. Il faut revoir la place des soignants.
- Le système de santé français pourrait-il faire face à une nouvelle pandémie ?
La pandémie a pu être gérée en arrêtant toutes les autres activités de l’hopital. Il n’y a rien eu d’autres en dehors de la gestion des urgences commes les infarctus ou les AVC par exemple. Nous nous sommes complètement consacrés au coronavirus et certaines pathologies n'ont pas pu être traitées. C’est inquiétant, car si l’épidémie revient un jour nous serons dans le même schéma.