Indre-et-Loire : zoom sur Henry Arnould, concepteur de serious game pour les enfants atteints de troubles dys

En Indre-et-Loire, Henry Arnould a mis au point un projet né de sa propre expérience : un jeu vidéo pédagogique pour les enfants atteints de troubles dys. L’idée : faciliter leur apprentissage de façon ludique et interactive, dans un monde en 3D.

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Arrête de rêver, redescends sur Terre.

Cette phrase, les enfants qui souffrent d’un trouble de l’apprentissage la connaissent bien. Henry Arnould, originaire de Chemillé-sur-Indrois près de Tours, en a fait partie. Diagnostiqué dysorthographique, sa difficulté à maîtriser l'orthographe l’aura pénalisé dans son enfance, mais également plus tard, dans sa carrière militaire. "Quand je devais rédiger un texte à mon supérieur, on ne faisait que corriger mes fautes d’orthographe", se rappelle le Tourangeau, de 65 ans.

Après avoir servi 25 ans dans l’armée, il se sent prêt à se lancer dans une seconde vie. Un diplôme de management des PME en poche, et 10 ans à la tête d’une société de menuiserie plus tard, Henry Arnould a encore besoin de changer d’air en 2013. En charge du développement commercial d'un logiciel pour les personnes ayant perdu l’usage de la parole, il a un déclic et n’a plus qu’une idée en tête : développer sa propre application de jeu pour aider les enfants atteints de troubles dys* (“dys” - calculique, praxique, lexique).
 


Le "serious game" pour apprendre différemment

Apprendre par le jeu vidéo. L’idée n’est pas nouvelle, mais semble encore peu développée pour les dys. Henry Arnould, père de cinq enfants dont quatre dys, veut donner une chance aux plus jeunes d’apprendre différemment, avec un aspect ludique motivant.

Un jeu ne fait pas le boulot d’un enseignant ou d’un orthophoniste, c’est un outil qui vient en complément du travail des professionnels,
tient à préciser Henry Arnould.

Président et fondateur de l’association SDPL (Solutions déficience de la parole et du langage), il arrive, en 2013, à obtenir des fonds pour soutenir son projet de “serious game”, c’est-à-dire un jeu avec des aspects à la fois sérieux et ludiques.

Trois ans plus tard, il fonde l’entreprise Hyda Engineering qui rachète les droits d’exploitation du projet en lien avec l’Éducation nationale et plusieurs associations pour déployer son outil.
 

Le concept pédagogique est né. Avec le Laboratoire des Usages en Technologies d'Information Numériques (LUTIN), Henry Arnould développe la plateforme Ludinautes qui propose trois types de jeu : un en réalité virtuelle sur le casque Oculus Go, une application en réalité augmentée et un jeu vidéo d’aventure en 3D qui sort dans quelques semaines.


Une aventure "comme une série Netflix"

À bord d’une station spatiale, l’enfant doit affronter les dangers de l’espace. “Chaque jeu a un intérêt différent”, explique le concepteur, avant de poursuivre :

Par exemple, le casque de réalité virtuelle s’adresse plutôt aux enfants dyspraxiques qui sont très maladroits et rencontrent des problèmes pour se déplacer. Grâce à l’utilisation du casque, ce sont des choses que l’on peut corriger, voire atténuer.

Dans son aventure, l'enfant est épaulé d’un assistant personnel, l'Holobot, "qui représente la conscience comme Jiminy Cricket dans Pinocchio", raconte avec passion Henry Arnould. Si l'enfant a besoin d'aide dans le jeu, l'Holobot intervient et lui donne des conseils. À l'inverse, si l'enfant est très à l'aise, l'Holobot se met en retrait.
 
Utilisable à la maison, chez l’orthophoniste et à l’école, Ludinautes se décline en plusieurs saisons, et épisodes “comme une série Netflix” pour les enfants de 5 à 12 ans. La première saison se déroule sur Terre, les suivantes sur la Lune, Mars, Jupiter, etc. L’originalité de l’application, selon son créateur, est le suivi de la progression de l’enfant : "On archive les résultats de l’enfant, qui restent confidentiels, pour analyser ses progrès et adapter ses activités en fonction des difficultés rencontrés."


Solidarité pendant le confinement

À l’heure où la distanciation sociale est imposée aux Français, Henry Arnould n’oublie pas les enfants dys. Obligés, comme tous leurs camarades, de rester chez eux faire l'école à la maison, les enfants atteints de troubles dys ont besoin d’une attention particulière. “Il ne faut surtout pas les laisser seuls”, indique Henry Arnould. Avec des orthophonistes, il a mis en place une chaîne de solidarité qu’il a baptisée “Ludinautes parle aux parents”. Le but : proposer chaque jour des jeux simples aux enfants.
 
Une chasse au trésor, un jeu de dessin musical, ou autres activités pour stimuler l’imagination, Henry Arnould partage sur la page Facebook de Ludinautes une nouvelle idée tours les jours.

Certains enfants dys ont besoin d’aller trois fois par semaine chez l’orthophoniste… Avec le confinement, il faut trouver d’autres façons de les stimuler. Les enfants dys sont des enfants qui débordent d’imagination et de créativité.

À 65 ans, Henry Arnould consacre ses journées à trouver toujours plus de solutions pour aider les enfants dys dans leur quotidien. "Je n’arrête jamais de bosser !", reconnaît-il. "Je prendrai ma retraite quand j’en aurai marre… Mais ce que je fais est passionnant." Au même titre que les enfants qu’il aide, Henry Arnould ne manque jamais d’imagination et de créativité. 
 
*Les troubles dys, qu’est-ce que c’est ?
Les troubles dys regroupent à la fois les troubles cognitifs spécifiques et les troubles des apprentissages qu’ils induisent.

On regroupe ces troubles en 6 catégories : 
  • La dyslexie et la dysorthographie : troubles spécifiques de l’acquisition du langage écrit ;
  • La dysphasie : troubles spécifiques du développement du langage oral ;
  • La dyspraxie : troubles spécifiques du développement moteur et/ou des fonctions visuo-spatiales ; 
  • Les troubles d’attention avec ou sans hyperactivité : troubles spécifiques du développement des processus attentionnels et/ou des fonctions exécutives ;
  • La dyscalculie : troubles spécifiques des activités numériques ;
  • Les troubles spécifiques du développement des processus mnésiques.
En France, on parle de 6 à 8% de personnes atteintes de troubles dys. On peut dire que 4 à 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3% sont dyspraxiques, et 2% sont dysphasiques.

Source : Fédération Française des Dys
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