Pass sanitaire : son application entraîne une chute de la fréquentation des sites touristiques d’Indre-et-Loire

Une moyenne de 13% de baisse de la fréquentation, c’est le résultat d’une enquête express menée par l’Agence départementale du Tourisme d’Indre-et-Loire, sur l’impact du pass sanitaire dans 14 sites touristiques représentatifs en Touraine, depuis sa mise en place le 21 juillet.

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Cette enquête de l’Agence départementale du Tourisme d'Indre-et-Loire (ADT 37) concerne la première semaine d’application du pass sanitaire, du 21 au 28 juillet. Sur 16 professionnels contactés, 14 ont répondu aux questions de l’ADT 37 dans un délai très court.

Sans surprise, cette mise en place très rapide du pass sanitaire a entrainé une diminution de la fréquentation de 14 sites dont les châteaux et jardins du Rivau, de Villandry, la cité royale de Loches, la forteresse de Chinon, Montpoupon, Langeais, Le Clos Lucé mais aussi le grand aquarium de Touraine et les parcs de loisirs, les Mini Châteaux, Lulu Parc et Family Park.

L’ADT 37 souligne dans son enquête une baisse conséquente, car habituellement les mois de juillet et août représentent plus d’un tiers de la fréquentation annuelle.

Cette moyenne de - 13% cache des situations plus ou moins difficiles voire alarmantes sur l’activité économique des sites touristiques de la Touraine.

- 30% au château du Rivau

Le château et les jardins du Rivau ont enregistré moins 30 % de fréquentation entre le 20 et 21 juillet et la baisse se maintient.

Caroline Laigneau, copropriétaire du château du Rivau avec sa mère Patricia, regrette cette réglementation qui impose le pass sanitaire à partir de 50 personnes sur le site dans sa globalité : "Pour nous, 50 personnes, ce n’est pas beaucoup sur un site de six hectares. On a en général 350 personnes en ce moment donc on impose le pass sanitaire dès l’entrée. Les jardins, l’hôtel et les deux restaurants, sont donc tous soumis à cette obligation."

"Cela a un impact très important pour nous car le château du Rivau est fermé de novembre à mars. Ces deux mois d’été sont les plus importants pour le chiffre d’affaires, c’est le gros du flux. C’est un public familial, qui aime beaucoup les châteaux. 30% de baisse en juillet et août, c’est comme si on avait 60 ou 70 % en moins en avril ou en mai."

S’ajoute à cette baisse de fréquentation le coût engendré par le pass sanitaire. Du personnel supplémentaire pour vérifier les pass, du gel hydroalcoolique, des masques pour les salariés. Pour anticiper la saison estivale et les difficultés de recrutement dans l’hôtellerie et la restauration, du personnel saisonnier supplémentaire avait aussi été embauché pour l’hôtel et les restaurants.

"C’est très complexe car les règles sont différentes pour les hôtels, les sites de visite et les restaurants, explique la copropriétaire. On a imposé le pass sanitaire sur tout le site mais on perd des visiteurs et des gens qui viennent déjeuner."

Malgré ces difficultés engendrées par l’application du pass sanitaire Caroline Laigneau ajoute que c’est plutôt bien de vacciner les gens et que le virus s’arrête : "Ce qui a été difficile au début, c’est de refuser un visiteur quand il est avec un groupe de personnes vaccinées car le groupe entier repart très énervé. On a eu quelques cas de personnes anti-vaccins qui ont hurlé sur le personnel d’accueil mais cela va de mieux en mieux, maintenant les gens présentent le pass naturellement."

Reste que les touristes asiatiques et américains ont déserté l’hôtel haut de gamme du Rivau, et les Britanniques grands amateurs de jardins sont absents cette année. Seuls des touristes allemands et belges sont de retour.

Coup dur pour le parc d’attractions Family Park

Très prisé des familles, le parc d’attractions tourangeau Family Park qui a commencé son activité à Sorigny en 2020, activité déjà amputée à cause du Covid, avait retrouvé une clientèle jusqu’au 21 juillet, date d’application du pass sanitaire. Mais du 21 au 28 juillet, il a enregistré une baisse de 50% de visiteurs, un coup dur.

Alexis, collaborateur de Family Park, nous explique la chute brutale de fréquentation alors que le parc accueille entre 2.000 et 2.500 personnes habituellement : "Le jour du pass et les premiers jours, on est passé à 500 personnes car on a refusé la moitié des gens qui n’avaient pas le pass sanitaire et on a jamais repassé les 1.000 depuis."

"La mise en place est trop rapide, estime-t-il. Il y a aussi des gens de bonne volonté qui viennent et qui n’ont qu’une seule dose, ils ont un second rendez-vous fin août donc on est obligé de les refuser."

Le lundi suivant, les gérants ont décidé d’installer un centre de dépistage qui a permis de remonter un peu le nombre de visiteurs qui se sont fait dépister pour rentrer dans le parc. Mais bon nombre de personnes n’apprécie pas cette obligation du pass sanitaire et le fait savoir.

"On a énormément de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux, sur nos mails, constate Alexis. Les gens ne sont pas contents car ils voulaient venir et à cause du pass, ils ne viendront pas. Ils veulent qu’on rembourse les billets car ils en avaient acheté et ils ne veulent plus venir, ils sont contre le pass sanitaire. Ils ne viendront plus dans notre parc. On a vraiment beaucoup de retours négatifs de nos clients."

Il conclut : "On essaye de faire face mais on a une baisse considérable. Ce 1er lundi du mois d’août, seulement 700 personnes ont franchi les portes de Family Park." Pour une structure qui est ouverte d’avril à septembre et qui n’a pu ouvrir qu’en juin, la situation est critique.

Au château de Villandry, une baisse de 17% la 1ère semaine

Le château de Villandry a de son côté enregistré une diminution de la fréquentation de 17% la semaine d’entrée en vigueur du pass sanitaire, puis de 13% jusqu’au 3 août.

La baisse de visiteurs semble se résorber et c’est avec humour qu’Henri Carvalho, propriétaire-directeur du château de Villandry, affirme : "Tout est au beau fixe, le temps est idéal, pas trop chaud, comparé à la canicule d’août dernier, on a bien travaillé, les jardins sont magnifiques, il n’y a que le virus qui nous ennuie, sinon tout est parfait !" Un virus qui a nécessité une organisation en urgence pour éviter de refuser des visiteurs : un centre de dépistage avec un laboratoire a été installé une semaine après la mise en place du pass.

L’urgence de la décision présidentielle a été compliquée à gérer. Il a fallu passer par des sociétés de gardiennage. Un coût d’environ 7.000 € par mois avec des recrutements pour le contrôle du pass sanitaire, en salaires, en matériel, en procédures supplémentaires mais Henri Carvalho ajoute que c’est aussi son rôle de donner du travail.

Un propriétaire heureux malgré tout car il craignait une baisse beaucoup plus forte, de l'ordre de 50 % de fréquentation. Juste une déception pour Henri Carvalho : celle de groupes américains qui avaient annulé leur voyage en 2020 et réservé de nouveau pour 2021 pour venir en août deux fois par semaine. Ils ont finalement annulé leur venue dès les annonces d'Emmanuel Macron le 12 juillet.

"C’est en lien direct avec le pass sanitaire, c’était trop compliqué pour eux, reconnaît le propriétaire. Mais on a des Américains qui viennent en individuel. Nous avons aussi des touristes d’Europe du Nord, quelques Italiens et Espagnols, mais pas de Britanniques ni de Chinois ou de Japonais."

"Sans le pass sanitaire, je pense qu’on aurait fait une meilleure année que l’an dernier où on a fait 51% d’une année normale. Du 1er janvier au 20 juillet 2021, on avait 34% d’avance, 20.000 visiteurs de plus", retrace-t-il. Mais la baisse de fréquentation sur les mois d’été, les plus importants de l’année, risque de freiner cette avance : Henri Carvalho annonce 3.000 visiteurs de moins depuis l’application du pass sanitaire.

Un mois de délai

Selon l’enquête de l’Agence départementale du Tourisme d’Indre-et-Loire, la baisse moyenne de fréquentation de 13% par rapport aux mêmes dates en 2020, grimpe à 22% si l'on compare à 2019. Cette année-là, l’anniversaire des 500 ans de la Renaissance et de la mort de Léonard de Vinci avaient attiré plus de touristes au Clos Lucé à Amboise. Au château du Rivau, les deux mois d’été de 2019 avaient représenté 40% du chiffre d’affaires. A Villandry, 360.000 visiteurs avaient profité du château.

En plus du pass sanitaire, la diminution voire la disparition de certains touristes étrangers et de groupes compte aussi dans la baisse de fréquentation des sites touristiques de la Touraine, cet été. Tous les propriétaires de châteaux et de parcs de loisirs regardent avec inquiétude la fréquentation touristique de ce mois d’août qui, manque de chance, commence avec des températures plutôt fraîches et de la pluie.

Tous ces professionnels comprennent la mise en place des mesures sanitaires mais auraient souhaité au moins un mois de délai pour organiser la mise en place du pass sanitaire et que les visiteurs aient aussi le temps matériel de se faire vacciner, s’ils le souhaitaient, pour pouvoir accéder plus sereinement à tous les sites touristiques d’Indre-et-Loire.

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