À 49 ans, Delphine Chaigneau s'apprête à quitter le confort de son domicile, à Larçay en Indre-et-Loire, pour les réfrigérantes pentes de l'Everest (Népal). En mai, elle fera partie d'une expédition internationale visant le sommet du monde, 8 849 m.
De près, elle n'en impose pas par la taille, mais on note un regard franc et déterminé et un corps svelte.
Non, je ne suis pas à mon poids de forme. J'ai plutôt 2 ou 3 kilos en trop, mais c'est le minimum car si je vais au bout de l'ascension j'en perdrai certainement plus que cela.
Delphine Chaigneau, enseignante et alpiniste
Delphine Chaigneau est née à Chatellerault dans la Vienne dans une famille de sportifs. Le père, la mère, le frère, tout le monde pratiquait une activité sportive et Delphine n'en a pas souffert.
Sa passion pour le sport l'a emmenée au Pôle France d'Athlétisme de Poitiers, où elle a notamment pratiqué le 400 m haies. Elle n'y a pas ménagé ses efforts, mais le talent manquait sans doute un peu.
Pas de carrière sportive de haut niveau, en revanche un diplôme de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) lui a permis de rester dans le milieu, tout en ajoutant la fibre pédagogique.
Après un premier poste dans les Hauts-de-France, Delphine a pu se rapprocher de son Poitou natal et s'installer en Touraine. Elle y est comme un poisson dans l'eau, alliant choix de vie et défis passionnels.
La montagne est un marqueur familial
Ses parents adoraient les Alpes et s'y rendaient régulièrement. Son frère, Sébastien, y a découvert l'Utra-trail et en est devenu l'un des meilleurs spécialistes français. Delphine y a découvert l'alpinisme.
Au tournant du 21ème siècle, sa vocation d'aventurière s'affirme sur les pentes du Piton des Neiges à la Réunion (3070 m), du Mont Agung à Bali (3031 m) ou du Mont – Blanc (4807 m).
Le virus ne l'a plus lâché.
Plus jeune, j'ai tout le temps été dans la recherche de la performance. Mes objectis étaient de sortir de ma zone de confort et de savoir comment mon corps pouvait réagir. Aujourdhui, j'approche de la cinquantaine et je suis moins sous l'emprise de cette course à la performance, mais je continue à me chercher, à mieux me connaître en me donnant des challenges. L'Everest ne sera sans doute pas le dernier, mais c'est un sacré pari tout de même.
Delphine Chaigneau, enseignante et alpinisteFrance 3 Centre-val de Loire
Son projet de gravir l'Everest, 8849m, est né il y a un peu plus de deux ans. Une ambition un peu folle, mais, paradoxalement, totalement réfléchie.
Viser des sommets
En août 2023, elle a réussi l'escalade du Pic Lénine, 7 134m, entre Tadjikistan et Kirghizistan, pour valider ses capacités physiques en très haute altitude.
Fervente défenseuse de la cause féministe, elle a donc imaginé un rendez-vous majeur pouvant servir d'exemple aux jeunes filles.
Une nécessité, car en alpinisme, la présence des femmes est discrète, voire congrue.
La première femme à atteindre le toit du monde, la Japonaise Junko Tabei, en 1975, n'a pas eu droit à la reconnaissance mondiale de son exploit.
Sur les plus de 6000 personnes ayant réussi l'ascension de l'Everest, moins de 10% sont des femmes et seules 13 françaises y sont parvenues.
Alors Delphine Chaigneau va tenter d'être la 14ème femme de l'hexagone, la toute première tourangelle, a inscrire ses pas dans la neige du sommet, car aller au bout de ses rêves est la plus belle action qu'elle puisse réaliser en faveur de la cause féminine.
Je vais jusqu'au bout de mon engagement, je pars deux mois et c'est un sacrifice pour ma famille, mais il faut que les femmes comprennent que l'on doit s'autoriser des ambitions de ce genre.
Delphine Chaigneau, enseignante et alpiniste
"On a les mêmes chances de réussite qu'un homme, lors d'une ascension d'un très haut sommet. On doit y croire et s'accrocher", affirme-t-elle, déterminée.
► Delphine partagera son aventure sur son compte Facebook "A chacun(e) son toit du monde : Everest 2024 By Delphine".