Souffrance animale : deux députés d'Indre-et-Loire s'engagent pour interdire la corrida

Une tribune parue dans le Journal du Dimanche ce 31 juillet appelle à interdire la corrida. Signé par 36 parlementaires, dont deux députés LREM d'Indre-et-Loire, le texte dénonce la "pratique barbare" consistant à mettre en scène la torture et la mise à mort d'animaux.

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"La corrida est une pratique barbare et n'est pas digne du pays dont nous sommes les élus." Ce 31 juillet, une trentaine de parlementaires (majoritairement liés à LREM, au MoDem et au groupe  de "droite constructive" Agir) a publié dans le Journal du Dimanche une tribune appelant à l'interdiction de la corrida. Cette tribune intervient quelques jours après le lancement d'une nouvelle campagne de la Fondation Brigitte Bardot contre cette pratique encore farouchement défendue par ses aficionados.

Arguant de la souffrance ressentie par les bovins tués dans les arènes, et du fort soutien de l'opinion publique en faveur de l'interdiction de la corrida, les signataires de la tribune demandent "l'interdiction des spectacles mettant en scène la torture et la mise à mort d'animaux, sans aucune exception". "Dans l'attente de cette abrogation, nous demandons l'interdiction immédiate de l'accès des mineurs aux arènes, que ce soit en tant que spectateurs ou en tant que participants à une corrida. Cette mesure de précaution, soutenue par 86% des Français, n'est pas une fin en soi mais doit être adoptée immédiatement, dans l'attente de l'interdiction stricte de ces spectacles sanglants sur l'ensemble du territoire national."

Accompagner plutôt que stigmatiser

Comme l'explique la députée LREM d'Indre-et-Loire Fabienne Colboc, co-signataire de la tribune tout comme son collègue tourangeau Philippe Chalumeau (LREM), cet appel s'inscrit dans un mouvement plus large de lutte contre les maltraitances. Ce 18 juillet, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a notamment annoncé l'interdiction dès 2022 du broyage systématique des poussins mâles.

La castration à vif de 10 millions de porcelets par an est également en débat, après le refus par le Sénat le 26 mai dernier d'une proposition de loi "pour un élevage éthique, juste socialement et soucieux du bien-être animal". Enfin, une proposition de loi "visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale" devrait voir l'interdiction future des cirques utilisant des animaux sauvages et des delphinarium.

Concernant la corrida, "plusieurs pays ont déjà décidé de son interdiction", rappelle la députée, parmi lesquels le Chili, l'Argentine, l'Uruguay ou encore Cuba. Dans la région espagnole de Catalogne, la pratique est même interdite depuis 2010. "Depuis 2015, la loi française reconnaît aux animaux le statut d'être vivants doués de sensibilités", poursuit Fabienne Colboc. "On ne peut pas tenir ce discours d'un côté, et de l'autre continuer la pratique de la corrida, qui est une souffrance extrême pour les animaux mis à mort."

La députée observe en effet que la notion de bien-être animal ne cesse de progresser parmi l'opinion publique, avec par exemple l'interdiction progressive des animaux sauvages dans les cirques dans un certain nombre de communes. Fin 2020, la région Centre-Val de Loire a même été la première à prendre frontalement position en faveur de cirques sans souffrance animale.

Mais l'élue insiste également sur la nécessité "d'accompagner sans stigmatiser". "Le broyage des poussins, par exemple, est une pratique qui a existé et qui s'est poursuivie parce qu'on n'avait pas encore pris conscience, comme c'est le cas maintenant, de la souffrance animale. Il faut accompagner l'abandon de cette pratique, mais on n'est pas là pour désigner des 'méchants'."

LREM, chantre de la "culture woke" pour le lobby taurin

De son côté, l'Observatoire national des cultures taurines (ONCT), l'association qui défend le "patrimoine" de la tauromachie, n'a pas tardé à formuler une réponse sous la forme d'un communiqué signé par son président, André Viard. Dans ce texte, l'ONCT en appelle au caractère ancestral de la corrida, "facteur de lien social", invoque les noms de Pépin le Bref, Clovis et Charlemagne, se peint comme une cible d'une nouvelle "croisade des albigeois" tout en citant la "source de richesse primordiale pour l'économie locale" que représente la pratique.

Dans une tirade quelque peu surréaliste, la contre-tribune va même jusqu'à fustiger les parlementaires anti-corrida, en grande majorité centristes et proches du parti présidentiel, dépeints comme "des antispécistes convaincus, ayant revendiqué à diverses reprises leur volonté d'attribuer aux animaux des droits qui prévaudraient sur ceux des humains".

Des parlementaires comme le vétérinaire et sénateur LR du Val d'Oise Arnaud Bazin se retrouvent ainsi chantres du "mouvement woke et de la cancel culture", d'un "néo-maccartisme [sic] fascisant" importé des États-Unis, et à ce stade le lecteur tend à perdre le fil de l'argumentaire, qui se contente d'aligner une poignée de termes intimidants. On retiendra que pour l'ONCT, vouloir interdire les spectacles de mise à mort de taureaux revient à soutenir "la déconstruction globale prônée par l'intersectionnalité libéro-libertaire dont le radicalisme peut provoquer des crises plus graves que celle occasionnée par le Covid". Rien que cela.

 

 

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