TÉMOIGNAGE : à Joué-lès-Tours, les policiers à bout à cause des violences urbaines

Les violences urbaines se multiplient à Joué-lès-Tours. Incendie de voiture, caillassage, feu de poubelle mobilisent réguliérement des forces de police usées par la multiplications des incidents. Malgré les renforts promis et l'envoi de CRS en renfort, les policiers expriment leur ras le bol.

Après la répétition pendant des mois des incidents sur Joué-lès-Tours, la police elle-même affiche une certaine lassitude. Pour connaître l'état d'esprit des policiers tourangeaux qui interviennent fréquemment sur les violences urbaines de Joué-lès-Tours, nous avons interrogé, Thierry Pouilloux, le secretaire départemental de l'Unité SGP Police 37.
 

 

F3CVDL : Comment les patrouilles de police qui couvrent le secteur de la Rabiére à Joué-lès-Tours vivent-elles ce contexte de violences urbaines ?

"Aujourd'hui ça devient fatiguant, à chaque fois, le week-end, qu'un véhicule de patrouille , de BAC, de section d'intervention  ou même la brigade canine, passe pour sécuriser le secteur, pour voir si ça se passe bien, c'est vrai qu'ils sont souvent pris à parti. Ce sont des jets de pierres, de projectiles diverses et variés, on a des regroupements ou on a un feu de poubelle. C'est pour qu'on s'arrête, on appelle les pompiers et après ça va forcément à l'affrontement. C'est ce qui s'est passé le week-end dernier, mais c'est déjà arrivé avant. Si cette semaine, il n'y a pas eut d'affrontement, c'est parce que nous avons les CRS tous les soirs avec nous. C'est la présence des forces de l'ordre sur le quartier qui ramène le calme, sinon d'habitude, nous n'avons qu'une patrouille sur Joué-lès-Tours la nuit, ce n'est pas suffisant".


F3CVDL : Pourtant, le ministre de l’intérieur est venu annoncer des renforts à Joué-lès-Tours ?

"On nous parle de renfort avec les quartiers de reconquête républicaine. Sur l'agglomération tourangelle, il s'agit de 15 fonctionnaires pour l'ensemble de la circonscription. Quinze policiers à répartir sur 4 quartiers différents, sans compter que les interpellations, et il y en a plus, se traduisent par du temps de procédure. On n'a pas assez d'effectifs pour pouvoir pallier à toute cette violence"


F3CVDL : Pourquoi les violences se poursuivent selon vous ?

"Avant les événements de ce week-end, on a quand même eu des gens interpellés pour des violences, notamment des incendies volontaires de voitures. On s'est aperçu que le lendemain, ils avaient été laissés libres, même s'ils sont re-convoqués x mois aprés, ou des fois , c'est juste un rappel à la loi. C'est vrai que c'est un peu génant, la réponse judiciaire n'est pas assez forte. Aujourd'hui, les décisions de justice dans le cas de ces violences urbaines n'incitent pas les jeunes qui jouent avec la police à travers des affrontements à respecter la police. S'il n'y a pas de réponse pénale derrière, ils vont continuer à jouer avec nous, sauf si on met beaucoup de force de l'ordre sur le secteur. Là, ils ne peuvent pas trop jouer puisque les contrôles les incitent à rester chez eux et à rester discret sans nous provoquer. C'est vrai qu'aujourd'hui passer, à la Rabiére, à Joué-lès-Tours , sans se faire insulter, sans outrages, ce n'est pas possible".


F3CVDL : La répétition des incidents a-t-elle un impact sur les services de police de l’aglom Tourangelle ?

"On a des violences urbaines aujourd'hui qui nous désorganisent. Là, quand on n'a pas les CRS, on décale des collègues pour travailler en soirée, donc c'est forcément au détriment d'autres services. Aujourd'hui, on a un gros problème d'organisation par rapport à ces violences urbaines puisque ça décale tous les services. Et quand il y a interpellation, avec présentation au tribunal, ça mobilise des policiers qui ne sont plus sur la voie publique. Si en plus, c'est pour les libérer, ça n'a pas un grand intérêt".


F3CVDL : quelles solutions préconisez-vous ?

"Le seul moyen de lutter contre les violences urbaines, c'est d'étre présent sur le terrain en permanence et pour ça , il faut des effectifs. Dans le cas de Joué les Tours, il aurait fallu un renfort d'effectif beaucoup plus tôt. Les 15 postes supplémentaires ont été annoncés en mars et arrivent au mois de septembre. En 6 mois, la situation s'est dégradée. En plus, on a eu tout le mouvement des Gilets jaunes qui nous a obligés à quitter les quartiers."
"Vous savez, pour ces jeunes, quand votre copain, il s'est fait prendre, qu'il reconnaît des faits de feux de voitures et qu'il ne se passe rien... Ils se disent que tout est permis. S'il y avait une réponse forte de la justice, ça inciterait les autres à ralentir. Ces mineurs, quand ils sont intouchables, ne me dites pas que les parents ne sont pas responsables. Moi, j'assume pour mes enfants, j'aimerais bien qu'on fasse la même chose pour tous ces mineurs qui sont en fait des délinquants".
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