Selon Catherine Lison-Croze de la Ligue des Droits de l'Homme, Aly Diawara attend toujours au centre de rétention de Rennes. Il devait être expulsé le 2 janvier.
Une attente interminable, "terrible" selon Catherine Lison-Croze de la Ligue des Droits de l'Homme. Aly Diawara, 21 ans, entraîneur bénévole au club de foot d’Amboise devait être renvoyé en Guinée, son pays d'origine, le 2 janvier.
Le jeune homme, qui a quitté la Guinée après sa conversion au christianisme, a vu deux demandes d'asile déboutées. Mais tout vire au cauchemar lorsque le couple décide de se marier, en 2019. Le mariage est annulé 48 heures avant le jour J et, quelques mois plus tard, Aly Diawara apprend qu'il fait l'objet d'une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il est placé en centre de rétention en novembre.
Interdiction de retour sur le territoire français pendant deux ans
Le jeune homme devait être expulsé le 2 janvier mais, selon Catherine Lison-Croze, il attend toujours au centre de rétention de Rennes. Il n'aurait d'ailleurs appris qu'a posteriori qu'une date avait été arrêtée pour son expulsion. Plus terrible encore : alors que sa compagne attend un enfant, l'OQTF d'Aly Diawara a été assortie d'une interdiction de retour sur le territoire français pendant deux ans.
La raison, d'après l'ancienne avocate : il aurait manqué une unique présentation au commissariat. Pour Catherine Lison-Croze, c'est une violation de l'article 7 de la convention internationale des droits de l'enfant, "qui garantit à tout enfant le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux". Elle dénonce également dans un billet personnel "l'inhumanité" et le "cynisme" de la préfète d'Indre-et-Loire qui avait proposé au couple de se marier en Guinée puis de faire valoir le regroupement familial, avant de décider de cette interdiction de retour.
Contactée, la préfecture d'Indre-et-Loire fait valoir, quant à elle, que cette interdiction pourrait être abrogée à la demande d'Aly Diawara, si celui-ci en fait la demande et compte tenu de la grossesse de sa fiancée afin de "lui permettre de régulariser sa situation plus rapidement". Par ailleurs, elle propose également que l'intéressé "reconnaisse l’enfant et fasse une demande de titre en tant que parent d’enfant français. Il devra effectuer une demande de visa court séjour (90 jours) et ensuite s’il l’obtient, faire les démarches en France pour une carte de séjour parent d’enfant français."
Mais cette solution est loin d'être la panacée : la reconnaissance de l'enfant va devoir attendre sa mise au monde, dans plusieurs mois au plus tôt, tandis que le jeune Guinéen pourrait quant à lui être expulsé du jour au lendemain vers son pays d'origine et un risque de persécutions.