Le Cirque Zavatta-Douchet s'est installé au parc des expositions de Tours pour deux semaines avec une cinquantaine d'animaux. Une présence qui n'est pas du goût d'une association de défense des animaux mais que la mairie écologiste dit n'avoir pas d'autre choix que de le tolérer.
Du 28 janvier au 12 février, les spectacles vont s'enchaîner autour du Parc des expositions de Tours. Au programme du cirque Zavatta-Douchet dont les quartiers d'hiver se trouvent à Saint-Mars-la-Pile en Indre-et-Loire, voltige, équilibre, clowneries mais aussi numéros de dressage avec fauves, singes et autres animaux domestiques et sauvages.
Une présence animale qui fait réagir l'association Code Animal : "on a été alertés par des riverains. Ils étaient assez choqués de voir des animaux sous zéro degrés dehors", explique sa présidente Alexandra Morette, qui dit avoir contacté l'adjointe à la biodiversité de Tours "mais elle non plus n'était pas au courant de leur présence", explique-t-elle.
"Aujourd'hui, on ne peut pas interdire l'installation de cirques avec animaux sauvages"
Si l'association s'étonne, c'est que par le passé, la ville avait pris position pour interdire la présence de cirques avec animaux sur son territoire. En 2019 à l'initiative du groupe EELV conduit par Emmanuel Denis, la municipalité avait adopté un vœu d'interdiction des cirques avec animaux sauvages. Le festival du cirque de Tours se tient également depuis quatre ans sans.
Pourtant aujourd'hui, la municipalité le reconnait, le cirque Zavatta-Douchet a bien l'autorisation de s'installer au parc des expositions. En témoigne d'ailleurs l'annonce de l'évènement sur le site de la métropole de Tours. "Aujourd'hui, on ne peut pas interdire l'installation de cirques avec animaux sauvages puisque la loi de 2021 n'entrera en vigueur qu'en 2028", explique le service communication de la ville. "Notre position, c'est d'inciter les cirques à mettre d'ores et déjà les animaux sauvages dans des réserves, de ne pas attendre 2028 pour le faire."
"Les mairies peuvent agir"
La loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale prévoit en effet d'interdire la détention et le spectacle d'animaux sauvages dans les cirques à partir de 2028. D'ici là, rien ne s'oppose à ce qu'un cirque possède et fasse travailler des animaux. Mais pour Code Animal, "les mairies peuvent agir."
Elles peuvent refuser les dossiers incomplets, faire passer des commissions de sécurité pour s'assurer que tout va bien au niveau de la santé des animaux… et sur ces bases-là, elles peuvent très bien refuser la présence d'un cirque.
martèle Alexandra Morette.
Elle reconnait que l'idée, c'est bien de "trouver des billes pour empêcher légalement l'installation et continuer à mettre la pression sur les cirques" à l'instar de la mairie de Montpellier qui avait réussi en 2022 à faire interdire là un cirque avec animaux malgré un recours judiciaire de l'association de défense des cirques de famille (ADSF).
"En plus, ça aide les cirques eux-mêmes", argue la présidente de Code Animal. "Ca les prépare à la transition en les incitant à trouver tout de suite des solutions d'accueil pour leurs animaux et à créer de nouveaux spectacles pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau en 2028".
Les associations "s'acharnent alors qu'elles ont eu gain de cause"
De son côté, l'un des directeurs du cirque Zavatta réaffirme être parfaitement en règle et préfère mettre en avant "le respect" de la profession envers les animaux qui "font partie de la tradition circassienne".
La mairie est venue nous contrôler l'année dernière, ils ont bien vu que tout allait bien. Moi je laisse parler le public, et le public est au rendez-vous et nous demande s'il y a des animaux avant de venir nous voir. Ils se rendent bien compte qu'il y a de la complicité et pas de l'esclavage.
explique Frédo Douchet.
Pour lui, ce sont les associations "qui s'acharnent alors qu'elle ont eu gain de cause en faisant passer une loi." D'ailleurs, le directeur du cirque affirme être en train de construire des structures sur ces 4000 M2 de terrain à Saint-Mars-la-Pile afin de pouvoir garder ses animaux lorsque la loi entrera en vigueur. "Si on travaille avec les animaux depuis sept générations, c'est bien qu'on y est attachés. On veut savoir où ils vont, ce qu'ils vont devenir. Pour l'instant, le gouvernement ne sait pas ce qu'il va en faire. Jusqu’à 2028 nous, on préparera le mieux possible l'accueil de nos animaux et on s'en occupera jusqu'à ce que le dernier ait quitté ce monde".
L'association Code Animal espère elle "mettre les choses au clair avec la mairie car il est déjà prévu de se rencontrer pour travailler sur cette question". Plus largement, elle doit rencontrer la secrétaire d'État à l'écologie, Bérangère Couillard, la première semaine de février dans le but de mettre en place la transition pour les cirques et d'organiser les structures qui accueilleront les animaux.