Comme toutes les villes de métropole, l'urbanisation de Tours n'a pas été conçue pour s'adapter à un climat chaud et aride. L'adaptation au changement climatique redéfinit l'urbanisme avec des ilots de fraîcheur pour mieux vivre les périodes caniculaires à venir.
Le dernier épisode caniculaire a montré que le réchauffement climatique impacte particulièrement le milieu urbain. Revêtement de sol, route, toiture, bâtiment métallique, place minéralisée modifient la montée en température en recevant les rayons du soleil. L'effet est particulièrement saisissant quand le thermomètre bas des records. La société tourangelle Energio, spécialisée dans le génie thermique s'aventure dans ce lien entre réchauffement climatique et urbanisme. Cela commence par des mesures fiables avec 21 sondes installées sur 15 hectares de superficie du centre-ville de Tours.
La ville doit s'adapter à la canicule
Jean Jouzel, climatologue, présent à Tours pour une conférence, nous explique l'enjeu : " Si on veut que les gens des villes ne souffrent pas plus de ce probléme de réchauffement climatique que ceux de la campagne, il faut que la ville s'adapte aux épisodes caniculaires qui seront plus nombreux, plus chauds et plus longs. Pour cela, il faut végétaliser les villes, faire attention aux constructions et à l'isolation des bâtiments"Depuis le mois de mai, les 21 sondes installées par Energio fournissent des données en provenance des boulevards, des parcs, des bâtiments et des places. Des mesures qui confirment l'existence de différence de température au sein d'une même ville. La nature de l'environnement urbain influe sur l'existence d'îlots de fraicheur ou de zones plus chaudes.
En relevant les données de températures envoyées par les sondes, Ghislain Guillot, ingénieur thermicien constate : " Sur la sonde de température devant le Vinci nous sommes à 43 degrés, à 50 mètres de là, la sonde du parc indique 34,6 degrés, on a un différentiel de 8 degrés entre un espace minéral et un lieu végétalisé".
Florian Pys, ingénieur thermicien s'occupe de la collecte et de l'analyse des données des sondes : "Les mesures que l'on réalise avec ces 21 sondes ,elles nous permettent de comprendre les phénomènes en jeu dans la ville, à savoir, où fait-il le plus chaud, où fais-t-il le plus frais. On voit que grosso modo, plus c'est végétalisé moins c'est chaud. On va avoir de la donnée pour s'adresser aux urbanistes. Exemple : vous réaménagez telle place, nous on peut vous prouver qu'il fait plus chaud à tel ou tel endroit, ce sera une incitation à s'adapter au réel du réchauffement climatique dans le choix d'aménagement urbain".
Frédéric Miniou "Au centre de la ville de Tours, on est environ 5 degrés au-dessus de ce qu'annonce Météo-France, c'est l'effet de l'urbanisation intense".
"Nous, on a des données très fiables, très précises pour sensibiliser les élus et leur faire comprendre que dans tous leurs projets de rénovations urbanistiques, ils doivent intégrer cette problématique des îlots de chaleur".