"Une diminution de -39,8 % de 2020 à 2023" une étude alerte sur la fonte accélérée des glaciers des Pyrénées

Des chercheurs espagnols et français viennent de publier une étude précise qui montre une perte d'épaisseur drastique des glaciers encore existants dans les Pyrénées entre 2020 et 2023. En cause, la chaleur extrême en altitude et la sécheresse. Le point avec l'un des scientifiques qui a réalisé cette étude, César Deschamps-Berger.

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Dans une étude intitulée "Les glaciers pyrénéens disparaissent rapidement : état des glaciers après les pertes de masse extrêmes de 2022 et 2023", des chercheurs espagnols et français montrent que les glaciers des Pyrénées sont en train de disparaître de manière extrêmement rapide ces dernières années.

Ils ont organisé un suivi complet du plus grand nombre de glaciers possibles des Pyrénées. "On établit leur bilan de masse, donc un peu leur bilan de santé, savoir combien, quelle masse ils perdent chaque année", précise César Deschamps-Berger, qui travaille dans un des laboratoires espagnols, moteur de cette étude.

Les chercheurs ont planché sur des relevés de septembre à septembre. Ils expliquent que "les années de bilan de masse 2021/22 et 2022/23 ont été caractérisées par des vagues de chaleur extrêmes prolongées et une durée de neige réduite qui ont gravement affecté les Pyrénées". Leur étude présente "le dernier inventaire à haute résolution des glaciers des Pyrénées" et quantifie les pertes de masse causées par des conditions climatiques extrêmes.

Drones de précision à l'appui

Les scientifiques ont utilisé des drones ultra-perfectionnés. "Ils prennent des photos tout au long du survol du glacier, ce qui fait que les photos très précises se recouvrent les unes les autres, commente César Deschamps-Berger. Ça permet de cartographier la topographie de la surface du glacier. Après un survol de drone, on obtient une carte de la position, l'altitude de chaque point du glacier. Et en répétant ces mesures chaque année, souvent à la fin de l'été pour avoir le point le plus bas où tout a fondu et avant les premières neiges, on va pouvoir comparer d'une année à l'autre comment cette surface a changé, et donc voir s'il y a des pertes, des gains, où est-ce qu'elles-ils sont situés, de quelle amplitude elles sont, etc". 

Les chercheurs disposent aussi de moyens de mesure avec des ondes radar qui permettent, lorsque les ondes se répercutent sur le sol rocheux, d'évaluer très précisément l'épaisseur de la glace. Le bilan de l'étude s'avère accablant : "On a eu deux années qui ont été marquées par des bilans de masse très négatifs, celle de 2021-2022 et de 2022-2023, qui ont été des records. L'été 2022 a marqué une perte exceptionnelle", explique César Deschamps-Berger.

Extinction à court terme

"2021-2022 : c'était une période chaude et sèche dès le printemps 2022, donc avec plusieurs mois avec une anomalie de température très positive et beaucoup de chaleur, et un bon enneigement au cours de l'hiver précédent. Alors que l'année suivante, on arrive à peu près à un bilan de masse aussi mauvais mais avec des caractéristiques différentes : un mauvais enneigement pendant l'hiver qui ensuite avait été suivi de légères anomalies en température".

En temps normal, le glacier est censé accumuler de la neige et recharger un peu sa masse qui va ensuite fondre en partie en été, explique le chercheur. "On voit là que les trois options sont possibles, soit un mauvais hiver, soit un mauvais été, soit les deux. Et donc ces deux années de 2021 à 2023 ont été mauvaises au bilan de masse total, pour deux raisons un peu différentes. Mais le résultat est là : on arrive à des bilans de masse exceptionnellement négatifs".

Les glaciers des Pyrénées vivent-ils leurs dernières années ? C'est un peu la question piège confie le scientifique. "Personne ne s'avance à donner une date précise, déjà parce qu'on est sur des glaciers assez petits, donc on arrive un peu à la limite de la définition d'un glacier. Dans cette étude, on s'est attelés à définir des critères objectifs, notamment par rapport à leur taille. On nomme glacier, une surface d'au moins deux hectares. Et on considère aussi que le glacier doit s'écouler : on le voit notamment quand il y a des crevasses à la surface du glacier, c'est-à-dire qu'il est en mouvement".

Plus que 3 glaciers véritables

Or ces données s'observent de moins en moins sur les glaciers des Pyrénées. Certains deviennent des glaciers résiduels. À l’heure actuelle, il en reste trois importants : le glacier d'Ossoue en France et les glaciers du Monte Perdido et de l'Aneto en Espagne.

D'après l'étude, les 15 glaciers existants couvrent seulement 143,2 ha et sont "dans un état extrêmement vulnérable, nombre d'entre eux étant classés comme hautement critiques".

L'évolution de la superficie résultante entre 2020 et 2023 est de -94,8 ha, ce qui représente une diminution de -39,8 % de la superficie englacée de 2020 à 2023, augmentant le ratio annuel de variation de la superficie de 2020 à 2023 de -8,7 % yr −1 par rapport à la période 2011-2020 (-2,4 % yr −1 ).

Criosfera en los Pirineos

Springer Nature

Le constat est sans appel : les Pyrénées vont être l'un des prochains massifs au monde à être complètement déglacé.

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