Le "modèle Ryanair" de l'aéroport de Tours coûte cher. Dans un rapport publié ce 7 juillet, la Chambre régionale des comptes accable la gestion publique de l'aéroport, qui a profité aux compagnies low-cost sans entraîner de retombées économiques.
Il était attendu depuis plus d'un an : le rapport de la Chambre régionale des comptes sur l'aérport de Tours a été publié ce 7 juillet. S'appuyant sur plusieurs mois d'une enquête menée en 2019, le rapport confirme les craintes des opposants à l'aéroport, qui le décrivaient comme un gouffre financier pour l'argent public, sans réelles retombées sur l'économie. En revanche, les opérateurs de vol low-cost, comme Ryanair, voient leur développement massivement financé par l'argent public.
La Chambre régionale des comptes du Centre-Val de Loire critique la gestion dispendieuse de l'aéroport de Tours par les collectivités locales, pointant des retombées économiques "modestes" et une "délégation de service public déséquilibrée au profit" de la société exploitante Edeis. Dans son rapport, la Chambre pointe les défauts de gestion du Syndicat mixte pour l'aménagement et le développement de l'aéroport (Smadait), émanation de Tours Métropole, de la région Centre-Val de Loire et du département d'Indre-et-Loire, qui a "versé au-delà de ses obligations contractuelles 2,087 millions d'euros à son délégataire sans aucune contrepartie et permettant même à ce dernier de distribuer des dividendes alors que l'exploitation réelle est déficitaire."
Un "subventionnement massif de compagnies aériennes"
"Le haut niveau de subventionnement de l'aéroport assure une rentabilité particulièrement forte au délégataire", le groupe Edeis, premier gestionnaire d'aéroports régionaux en France, insistent les magistrats, selon lesquels "les résultats nets, positifs et croissants, des exercices 2014 à 2018 ont été distribués intégralement sous forme de dividendes". Le Smadait paie même pour ses propres locaux un loyer à Edeis "pour une emprise dont il est réputé propriétaire", selon le rapport.
"De 2011 à 2019, le trafic passager accueilli par l'aéroport de Tours-Val de Loire a enregistré une croissance de 63%, fondée quasi-exclusivement sur le trafic à bas coût qui représente 95,6% de l'activité de l'aéroport", écrit aussi la Chambre régionale qui évoque un "développement de l'activité aérienne" réalisé notamment "au prix d'un subventionnement public massif de compagnies aériennes".
Les contributions au développement du trafic passagers ont ainsi atteint un montant de 15,2 millions d'euros de 2014 à 2019 pour une "efficacité économique (...) pas établie". "Les retombées économiques directes et indirectes, difficilement évaluables, apparaissent modestes au regard des moyens investis et des résultats d'aéroports comparables", pointe la Chambre.
L'aéroport est en outre confronté au départ de l'armée de l'Air et de l'Espace, qui assumait une partie des frais de fonctionnement, et aux "transformations actuelles du transport aérien liées à la pandémie de Covid-19 et aux enjeux environnementaux". De quoi "fragiliser la pérennité du modèle de développement actuel". Le Smadait a indiqué avoir recruté une "équipe pluridisciplinaire" en mars, pour mettre au point une stratégie. Enfin, l'instance régionale remarque qu'en 2019, l'aéroport "pèse moins de 0,1% du trafic national de passagers commerciaux", avec 197 000 voyageurs.