Un centre régional de prise en charge des auteurs de violences conjugales sera basé à Tours

Le 27 octobre 2020, la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, annonçait la création de 16 centres régionaux de prise en charge des auteurs de violences conjugales en France. A Tours, Raiso sera l’un d’entre eux.
 

Avec l’annonce du reconfinement, de nombreuses craintes du printemps dernier sont revenues sur le devant de la scène. Parmi elles, l’inquiétude de voir le nombre de violences conjugales exploser.

Un enjeu pris à bras le corps par la délégation gouvernementale chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes qui, le 27 octobre dernier, a annoncé la création sur tout le territoire de 16 centres régionaux de prise en charge des auteurs de violences conjugales.

A Tours, l’Athoba comme précurseur

Mesure phare du Grenelle 2019 contre ces violences, ces structures auront pour but de favoriser la prévention et l’accompagnement des auteurs de violences intrafamiliales pour éviter le passage à l’acte ou empêcher la récidive. Un combat mené depuis 13 ans à Tours par l’Athoba.

Géré par l’association "Entraide et Solidarité", ce service propose, chaque année, différentes formes d’accompagnement à une cinquantaine d’hommes auteurs de violences conjugales . Une démarche volontaire pour certains, une obligation judiciaire pour d’autres.   

Un accompagnement au quotidien

"Nous organisons des groupes de parole, nous prodiguons des soins thérapeutiques individuels, nous proposons des hébergements d’urgence, mais nous assurons également un accompagnement socio-éducatif. Nous aidons certains pères à retrouver une relation équilibrée avec leurs enfants", explique Véronique Livera, co-fondatrice du service.

Selon une étude réalisée sur plusieurs années, seuls 10 à 20% des hommes suivis pendant 6 mois à l’Athoba ont récidivé, "contre 100% en temps normal selon la gendarmerie", précise Nadine Lorin, déléguée départementale au droit des femmes et à l’égalité en Indre-et-Loire.

Travail en réseau avec les associations socio-judiciaires

Un travail qui sera dorénavant régionalisé après l’annonce de la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno. Ainsi, l’Athoba deviendra Raiso : responsabilisation des auteurs de violences conjugales par l’information, le soin et l’orientation.

Un nom loin d’être anodin, comme le raconte Sabine Rebeix, directrice du pôle social et médical d’"Entraide et Solidarité ": "Notre dossier a aussi pu être retenu grâce au travail de qualité effectué en réseau avec de nombreuses associations sociales et judiciaires de la région Centre-Val de Loire, telles que la SCJE à Orléans ou l’Acjet 37 à Tours."  

Une meilleure coordination territoriale

Mais alors qu’est-ce qui va changer concrètement ? Plus de moyens humains tout d’abord, avec une augmentation du nombre d’intervenants sociaux, judiciaires ou psychologiques.

L’attribution de financements dédiés, une très bonne nouvelle pour Éric Le Page, directeur général d’"Entraide et Solidarité" : "Notre service était fragile. Chaque année, on se demandait si on allait pouvoir continuer."

Au-delà des financements, cette régionalisation permettra à Raiso d’homogénéiser les actions de prises en charge des partenaires associatifs, judiciaires et institutionnels des six départements du Centre-Val de Loire. Mais également de travailler de concert avec les 15 autres centres en France.

Le problème des violences conjugales ne peut pas être réglé sans la prise en charge des auteurs. 

Sabine Rebeix, directrice du pôle social et médical d’Entraide et Solidarité

"Nous pourrons assurer des points d’ancrage d’accompagnement des auteurs de violences conjugales un peu partout sur le territoire. Les intervenants seront ainsi au plus près d’eux pour les aider au quotidien, se réjouit Sabine Rebeix. Ca, rappelons-le, le problème des violences conjugales ne peut pas être réglé sans la prise en charge des auteurs."      

Une reconnaissance nationale vécue comme une victoire

Une consécration pour Sophie Auconie députée de l’Indre-et-Loire : "Entre la communication gouvernementale et les réalisations sur le terrain, il y a souvent un vrai cap. Je suis ravie qu’Elisabeth Moreno ait repris le dispositif des centres de prise en charge des auteurs de violences, c’était impératif."

Un sentiment de fierté partagé par son homologue Philippe Chalumeau, lui aussi député de l’Indre-et-Loire : "Je suis très heureux qu’on puisse avancer de manière intelligente sur cette mesure du quinquennat. Nous prenons ainsi le problème dans toutes ses dimensions, et pas seulement d’une manière répressive, mais avec un réel accompagnement préventif."

Comme au printemps dernier, Athoba/ Raiso reste accessible pendant le confinement, que ce soit sur place, au 46 Avenue Gustave Eiffel à Tours, ou par téléphone au 02 47 27 28 01.
 

Rappel des numéros d’aides en cas de violences conjugales :

Numéro national gratuit Violence Femmes Info : 3919
SAMU : 15 
Police-gendarmerie : 17 
Pompiers : 18 
Numéro d’urgence européen : 112 
Médipôle SOS Médecin 37 : 07 54 32 71 83 (situé rue de la Dolve, au centre-ville de Tours)
Numéro d’urgence par SMS : 114
Tchat sécurisé en ligne : arretonslesviolences.gouv.fr
Permanence téléphonique pour les auteurs de violences conjugales : 08 019 019 11  
 
Bilan des violences conjugales pendant le premier confinement en Indre-et-Loire
Selon le ministère de l'Intérieur, les cas de violences conjugales en France ont augmenté de 4 % pendant le premier confinement. En Indre-et-Loire, ils ont en revanche diminué entre le 16 mars et le 5 mai 2020.

Les services de police et de gendarmerie ont enregistré 101 situations de violences, contre 130 à la même période en 2019.  

Des chiffres à prendre avec une grande précaution alerte Nadine Lorin, déléguée départementale au droit des femmes et à l’égalité en Indre-et-Loire : "Les victimes étaient enfermées avec leur bourreau et ne pouvaient souvent pas s’exprimer ! Nous avons d’ailleurs observé une augmentation des signalements juste après le confinement."

En revanche, 27 déferrements au parquet et 14 comparutions immédiates ont eu lieu du 16 mars au 11 mai 2020, contre respectivement 18 et 9 à la même période en 2019. "La justice était plus active pour pouvoir rapidement extraire les auteurs de violences de leur domicile", précise Nadine Lorin.
 
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