Violences faites aux femmes en Corse : les confinements compliquent les signalements

Avec les confinements, certaines femmes victimes de violences ne parviennent pas à demander l'aide dont elles ont besoin. Si aucune augmentation significative des signalements n'a été enregistrée au printemps dernier, le numéro vert spécialement dédié à la Corse va être renforcé. 

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Parvenir à évaluer les dangers. C'est la plus grande difficulté rencontrée par les associations d'aide aux femmes victimes de violences lors d'un confinement.

Entre le mois de mars et le mois de mai, au centre d'information sur le droit des femmes et des familles (Cidff) de Haute-Corse, les échanges ont été uniquement téléphoniques. Un procédé qui a forcé l'association à pratiquer une double analyse.

"Il a fallu bien évaluer les situations, faire la différence entre les relations conflictuelles spécifiques au confinement et celles où les violences étaient installées, avec une relation de dominant-dominé. D'autant plus que ces personnes sont particulièrement en danger lorsqu'elles décident de chercher de l'aide ou de partir. C'est à ce moment-là qu'il peut y avoir des passages à l'acte", explique Francine Grilli, directrice du Cdiff de Haute-Corse, qui précise que le second confinement permet la prise de rendez-vous pour des entretiens en présentiel. 

Un numéro vert régional renforcé

En Corse, aucun chiffre n'est disponible sur la période donnée. "Nous avons deux discours, d'une part les forces de sécurité qui n'ont pas enregistré de hausse significative et d'autre part le tissu associatif qui indique une augmentation, plus notable en Haute-Corse qu'en Corse-du-Sud", détaille Vannina Saget, directrice régionale aux droits des femmes et à l'égalité.

Une chose est sûre, la multiplication des numéros d'aide est contre-productive. Ainsi, le numéro vert régional : 0800.400.235 va être renforcé. "On a en tête le numéro national, le 3919, mais il ne fonctionne pas sur tout le territoire. En Corse, il y a seulement un relais en Corse-du-Sud qui n'a pas enregistré beaucoup d'appels. En favorisant le numéro vert régional, cela permet d'être en lien constant avec les interlocuteurs locaux. Et puis ce numéro commence à être connu de tous ; l'année dernière, 300 personnes ont appelé", complète Vannina Saget.
Pour les victimes ne pouvant téléphoner, il est possible de faire un signalement sur le site arretonslesviolences.gouv.fr. Une fois le code postal renseigné, la personne est directement mise en lien avec la gendarmerie la plus proche de son domicile.

"Durant le confinement, les victimes sont surveillées"

Pour Mylène Jacquet, présidente de l'association Savannah, la non augmentation des prises de contact s'explique par un fait simple : "durant le confinement, la victime est sous surveillance constante."

Un constat pris en compte par les services de l'État. "Lors du premier confinement les pharmacies ont été mobilisées pour être des relais", précise Vannina Saget.

Avec ce second confinement, plus souple qu'au printemps dernier, une autre solution va être mise en place dans les prochains jours : l'affichage du numéro vert régional dans les commerces restant ouverts. "Par ce biais nous espérons toucher toutes les catégories d'âge, et particulièrement les victimes qui ne sont pas familières avec les réseaux sociaux", note la directrice régionale aux droits des femmes et à l'égalité.

Par ce biais nous espérons toucher toutes les catégories d'âge, et particulièrement les victimes qui ne sont pas familières avec les réseaux sociaux.

Vannina Saget, directrice régionale aux droits des femmes et à l'égalité
 

Donner l'impulsion 

Si Vannina Saget reconnaît des dysfonctionnements dans la prise en charge des victimes, pour elle, il est nécessaire de mettre l'accent sur les situations qui trouvent une issue favorable. "Cela peut donner l'impulsion à des victimes de franchir le pas et de demander de l'aide", estime-t-elle.

Un avis partagé par Mylène Jacquet qui au printemps dernier est parvenue, avec son association, à mettre en sécurité une femme victime de violences conjugales en l'envoyant dans sa famille, sur le continent.

En Corse, en 2019, 720 faits de violences (physiques et/ou psychologiques) ont été répertoriées sur l'ensemble de l'île.

 
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