Présentant des animaux classés dans la catégorie des NAC, les Nouveaux animaux de Compagnie, le vivarium de Tours vient de rouvrir ses portes après plusieurs années de travaux. La plupart de ses pensionnaires sont passés par la fourrière, après abandon ou saisie par la justice.
Le vivarium de Tours était resté fermé au public depuis le premier confinement COVID, en mars 2020. Après de longs travaux de mise en conformité, visant notamment à optimiser le climat intérieur des terrariums et à améliorer le bien-être animal, sa réouverture est un petit évènement. Car les Muséums d'Histoire Naturelle présentant des animaux vivants sont extrêmement rares en France.
Expert chez les sapeurs-pompiers pour le risque animalier, Arnaud Leroy a créé en 2006 la fourrière spécialisée NAC. Directeur adjoint du Muséum, il est responsable des collections vivantes :
"On retrouvait des animaux divagants, quelques-uns peut-être échappés, car les serpents sont les rois de l'évasion, mais surtout des animaux abandonnés par les gens. D'autres, aussi, saisis par la justice car détenus illégalement ou dans de mauvaises conditions."
Il est impossible de les relâcher dans leur milieu naturel, et les endroits susceptibles de les accueillir, types refuges ou parcs zoologiques sont tous saturés. Alors on a créé le vivarium pour les sauver tout en respectant au mieux leur bien-être.
Arnaud Leroy, expert "NAC" chez les sapeurs-pompiers
Au terme des travaux, le résultat force l'admiration : sur près de 200 m², les animaux sont présentés dans des terrariums reconstituant de façon bluffante leur biotope d'origine. Et l'on voyage des forêts sud-américaines aux déserts africains, en découvrant des espèces plus surprenantes ou fascinantes les unes que les autres.
Beaucoup de reptiles (serpents, lézards, tortues) et d'amphibiens (les dendrobates, minuscules et très colorées grenouilles de la forêt amazonienne), mais aussi des arachnides (mygales, bien sûr) ou des insectes (dont des colonies de fourmis très particulières).
Une collection remarquable, mais fondée sur une triste réalité :
Ces animaux ne sont jamais réclamés par leurs propriétaires, peut-être parce qu'ils les détenaient illégalement et ne veulent pas avoir d'ennuis. Mais surtout parce qu'ils ont été abandonnés. L'animal est comme un objet pour certains, on est dans la pure consommation. Quand on n'en veut plus, on le jette, on s'en débarrasse dans la nature. Un NAC, comme tout animal, a besoin d'une présence, besoin de soins 7 jours sur 7. Certains feraient mieux de s'acheter une peluche !
Arnaud Leroy, responsable collections vivantes du Muséum d'Histoire Naturelle
Détenir un animal exotique chez soi est peut-être un phénomène de mode, mais il ne semble guère passager, puisqu'il dure maintenant depuis plusieurs décennies. Outre la question, évidente, du bien-être animal (ces animaux ne sont pas faits pour vivre en captivité), la détention de NAC renvoie aussi aux problématiques de trafic ou d'espèces invasives.
"La tortue de Floride est un exemple type de NAC devenu espèce invasive, explique Arnaud Leroy. En étant relâché dans la nature ou en s'échappant, un animal exotique est susceptible de s'adapter à notre climat, surtout avec le réchauffement, se reproduire et créer une catastrophe environnementale."
Une législation très stricte, censée limiter les abus
Autant de difficultés qui justifient un strict encadrement de la détention de NAC par la législation, qu'elle soit française, européenne ou internationale. L'arrêté du 8 octobre 2018 classe les animaux non domestiques en 3 catégories : les espèces dont la détention en captivité est libre, celles dont la détention est soumise à déclaration au préfet et enfin celles dont la détention est soumise à la fois à une autorisation préfectorale et à un certificat de capacité pour l'entretien de ces animaux.
Pour cette dernière catégorie, le lieu d'hébergement de l'animal constitue automatiquement un établissement d'élevage, le propriétaire est considéré comme un éleveur.
"Pour détenir une mygale, par exemple, précise Arnaud Leroy, il faut obtenir un certificat de capacité. Le dossier est examiné par une commission qui juge si le demandeur a les connaissances requises pour bien s'occuper de l'animal. Ensuite, il faut encore obtenir l'AOE, c’est-à-dire l'autorisation d'ouverture d'établissement, qui examine si l'environnement est adapté au bien-être de l'animal. Si l'on ne fait pas ces démarches, la possession d'un NAC est assimilée à du braconnage et est passible de 3 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende."
En visitant le vivarium et en s'émerveillant devant ses pensionnaires, il faut garder à l'esprit toutes ces problématiques liées au phénomène des NAC. Les responsables du Muséum veillent au bien-être des animaux, mais ils tiennent aussi à faire œuvre de pédagogie, à sensibiliser le public sur la détention d'espèces exotiques.
INFOS PRATIQUES :
- Le Muséum d'Histoire Naturelle est situé au 3, rue du président Merville, en plein centre de Tours.
- Il est fermé les lundis, le 25 décembre et le 1er janvier.
- Le vivarium est ouvert de 9h30 à 12h et de 14 à 17h.
- Il est conseillé de le visiter plutôt en matinée, car il ne peut accueillir que 20 personnes à la fois.