Pénalisés par la grève de décembre, les abonnés de la ligne Tours-Paris demandent à être indemnisés financièrement par la SNCF. Depuis début janvier, certains voyageurs mènent une grève symbolique des billets, en refusant de présenter leur titre. Ils étaient reçus ce vendredi 6 janvier par la direction de l'entreprise.
David Charretier entend bien ne rien lâcher. Voyageur régulier du TGV Tours-Paris, le Tourangeau préside l'association des usagers de cette ligne. Pour défendre les 4000 abonnés pénalisés par les perturbations SNCF de décembre, l'organisation mène actuellement sa propre grève.
Depuis le début janvier, certains usagers refusent tout simplement de présenter leur titre en cas de contrôle. "C'est symbolique. L'idée, c'est de se rassembler. On l'a fait hier, sur le TGV de 17h55 qui revenait de Paris. Le contrôleur nous a dit 'vous avez bien raison'". L'objectif : être indemnisés à hauteur de 150 euros par l'entreprise, pour compenser les annulations subies en décembre. L'axe Atlantique a été l'un des plus touchés.
"On a été impactés sur 6 jours ouvrés pendant la grève. On paie entre 500 et 600 euros par mois, et le prix de l'abonnement va encore augmenter le 10 janvier"
David CharretierFrance 3 Centre-Val de Loire
Les abonnés sont pour l'heure exclus de l'indemnisation proposée par la SNCF à la suite des grèves, qui n'est ouverte qu'aux voyageurs munis d'un billet unique.
"On est les pigeons du rail"
Une situation inadmissible pour David Charretier. Selon lui, les usagers réguliers subissent depuis trop longtemps la dégradation de cette ligne au quotidien. Retards, trains annulés, tarifs "qui deviennent délirants"... "Nous, les Tourangeaux, on est les pigeons du rail", s'insurge-t-il.
Certains témoignages d'adhérents font état "de risque professionnel", rapporte d'ailleurs le président de l'association d'usagers. "Il y a des employés, des assistants de direction, leur patron trouve que ça devient vraiment problématique. Il n'y a pas des menaces avérées de licenciement, mais ca devient compliqué."
Les abonnés espèrent obtenir gain de cause grâce à cette grève des billets, qui a déjà porté ses fruits par le passé. Il y a environ dix ans, une initiative du même type avait permis d'obtenir une compensation de la SNCF, assure David Charretier.
"On est en train de créer un mouvement national"
L'association était reçue ce vendredi 6 janvier par la direction SNCF de l'axe Atlantique. Celle-ci refuse pour l'heure d'accorder une indemnisation collective, proposant à la place un traitement au cas par cas. Les usagers devront, pour être remboursés, démontrer qu'ils ont bien été affectés par la grève. Une preuve quasiment impossible à apporter, juge David Charretier.
"Ils considèrent que la grève n'a pas impacté les abonnés, donc on va continuer de se battre. On est en train de créer un mouvement national, l'association Le Mans-Paris nous a déjà rejoints, et d'autres sont en train de le faire." Contactée, la SNCF n'a pas donné suite à notre demande, mais elle indique que ses équipes "travaillent encore sur ce sujet".