Tours Métropole et Vinci Autoroutes ont signé une convention de partenariat pour décarboner l'A10, qui traverse l'agglomération du nord au sud. Une première dans la région et un investissement de 100 millions d'euros sur 10 ans.
Ce n'est pas un secret : les transports routiers polluent, et figurent même parmi les premières causes d'émissions de gaz à effet de serre, représentant près de 30% des émissions françaises. Les déplacements sur autoroute en particulier, avec les vitesses plus importantes qui y sont pratiquées et le simple volume de véhicules y circulant, représenteraient à elles seules 20% des émissions de carbone du secteur selon le gestionnaire Vinci Autoroutes. Et il faut compter en plus de cela les conséquences sur la fragmentation des environnements et les nuisances générées en ville ou à proximité par ce flux de véhicules.
Une première dans la région Centre-Val de Loire
Pour répondre à ces problèmes qui s'accumulent, la Métropole de Tours, représentée par son président Frédéric Augis (LR) et Vinci Autoroutes ont signé ce 14 décembre une convention "Autoroute bas carbone" afin d'aménager la partie de l'A10 qui traverse l'agglomération. Avec un investissement de 100 millions d'euros sur dix ans, ce partenariat, une première dans la région, doit mettre en place des espaces végétaux, des aires de covoiturages ou encore une voie réservée aux bus express sur l'autoroute.
Plus ambitieux, le projet prioritaire est l'installation d'un nouvel échangeur autoroutier à Rochepinard avec la création d'un vaste "pôle multimodal", autrement dit une plateforme permettant de changer de mode de transport facilement, entre la voiture, le bus, et les trains de la gare TGV toute proche de Saint-Pierre-des-Corps. Ce pôle multimodal prendra en grande partie son inspiration de celui de Longvilliers, en Île-de-France, également situé sur l'A10.
La fin du "déversoir à voitures" de Tours-centre ?
D'autres plateformes du même type seront à l'étude à l'échelle de la Métropole. Ces pôles d'échanges pourront permettre par exemple "venir en vélo, de prendre le bus, de circuler sur l'autoroute et de se rendre à Tours-Centre ou à Chambray-lès-Tours", détaille Éric Sauner, directeur opérationnel de Vinci Autoroutes à Tours. Il précise aussi que ce partenariat a vu le jour car "Tours est l'une des rares métropoles traversées par une autoroute, et c'est aussi une terre d'innovation et de partenariat. C'était évident que c'était le lieu où déployer cette opération."
"Tours est le centre de notre réseau, le centre du monde de Vinci Autoroutes", renchérit Pierre Copey, le président du gestionnaire autoroutier, précisant que "nous travaillons depuis plusieurs années" sur cette convention qui "concrétise nos intentions en matière d'autoroute bas carbone".
L'intégration de l'autoroute elle-même au tissu de la Métropole doit aussi être améliorée via l'installation de murs anti-bruit et la végétalisation des abords de l'A10. Christophe Boulanger, conseiller municipal EELV, voit d'un bon œil une initiative qui permet de "se reposer enfin la question des usages", en particulier l'usage de la voiture.
"On est satisfait parce que c'est une reconnaissance du fait que cette autoroute est une fracture" entre l'est et l'ouest de l'agglomération, et l'unique échangeur de Tours-centre est un "déversoir à voitures". Alors vouloir réduire cette fracture et encourager des usages plus respectueux de l'environnement, comme le covoiturages auquel les Tourangeaux ont encore très peu recours, "c'est quand même une vraie mutation culturelle".
Le début des travaux devra attendre 2024, mais dès l'an prochain la convention permet la mise en place d'un comité de pilotage pour évoquer les différents projets et mettre en œuvre leur réalisation.