Après 43 ans de pratique, Isabelle Koenig, sage-femme, part à la retraite. Elle a assisté la naissance de 2 600 nouveau-nés dont près de 500 à domicile. 300 parents et leur progéniture sont venus lui rendre hommage ce 1er mai à Joué-lès-Tours.
Il est rare, dans le monde professionnel, que vos relations viennent vous rendre hommage pour votre départ en retraite. C’est pourtant ce qu’a vécu Isabelle Koënig, sage-femme à domicile, ce mercredi 1er mai au Château des Bretonnières à Joué-lès-Tours. Près de 300 familles étaient présentes pour saluer une carrière riche de 2 600 naissances, dont 486 à domicile ces 10 dernières années.
Près de 600 personnes, parents et enfants réunis
À leur arrivée, chaque couple embrasse chaleureusement Isabelle. La sage-femme, âgée de 64 ans, s’empresse de prendre des nouvelles de l’enfant qu’elle a aidé à naître. Des sourires, des éclats de rire s’ensuivent, en témoigne le mot d’un papa sous ce temps pluvieux : "Même le ciel perd les eaux ! Bravo pour tout ce travail".
C'était une évidence pour moi
Camille Munier, maman de deux garçons nés au domicile
"Il y a des mamans qui ont accouché trois fois en 10 ans, donc ça a créé beaucoup de liens", explique Isabelle Koënig. "Ce choix de rester à la maison, d’avoir un accouchement dans notre cocon, c’était une évidence pour moi", raconte Camille Munier, mère de Nathan et Gabriel, deux garçons de 7 et 5 ans.
Une pratique méconnue et controversée
Donner la vie à la maison, c’est le choix d’un nombre restreint de familles. Dangereux pour certains, épanouissant pour d’autres, l’accouchement à domicile est possible si la grossesse ne présente pas de risque.
Même si la pratique reste peu répandue, 0,2% des naissances en France, un tiers des femmes se disent prêtes à le faire selon l’APAAD, l’association professionnelle de l'accouchement à domicile. Isabelle Koënig en est l’une des fondatrices. Elle constate que les freins sont nombreux alors que les demandes ne cessent de croître.
Elle explique : "C’est déjà l’hostilité de nos pairs qui sont agressifs envers nous. Cela dépend des régions, il y en a qui s’ouvre un petit peu et qui sont plus bienveillantes, c’est déjà ça. Ensuite la responsabilité que l’on porte, qui est fondamentale. Il y a la disponibilité, être disponible 24 heures sur 24, on ne prend pas beaucoup de vacances, donc, c’est comment je trouve le rythme pour tenir cet engagement".
En 2017, Isabelle a même connu la pire expérience de son parcours professionnelle. Elle a reçu un avertissement de la Chambre disciplinaire du conseil de l'ordre des sages-femmes, pour avoir mis en danger certaines jeunes mamans qui avaient choisi d'accoucher à domicile. Ses soutiens, dont l’association "Les bébés d’Isabelle", avaient alors dénoncé la remise en cause de l’accouchement à domicile alors même que cette pratique est légale et encadrée.
Dans la région, il ne reste désormais qu’une seule sage-femme qui propose l’accouchement à domicile, elle est également basée en Indre-et-Loire. En France métropolitaine, il demeure 105 praticiennes.