Pendant les confinements, l'association Osez le féminisme 37 (OLF 37) a lancé un projet consistant à mettre en lumière des femmes de l’Indre-et-Loire qui se sont illustrées dans l’art, la politique, les sciences ou le sport mais qui ne sont pas connues du grand public. L'héritage culturel féminin.
Les femmes sont les grandes oubliées de l'Histoire, souvent réduites à l'état de "mère de", ou "fille de". Fortes de ce constat, les militantes d'Osez le Féminisme 37, pendant les confinements successifs, ont imaginé un projet pour mettre en avant les femmes tourangelles qui ont marqué leur époque.
"Cela s'inscrit dans la lignée de ce qu'on fait tous les ans avec Osez le Féminsme, ce que nous appelons le matrimoine, c'est à dire l'héritage culturel féminin", explique Clémentine Rubio, membre du Conseil d'administration d'OLF et organisatrice du projet.
Ce qu'on valorise dans le patrimoine aujourd'hui, ce sont principalement des œuvres, des bâtiments créés par des hommes. Dans l'espace public, les rues, les statues font référence à des hommes. Cela donne l'impression qu'il n'y a pas eu de femmes participant à l'Histoire et à l'héritage culturel français. Elles sont pourtant nombreuses, mais on n'en garde pas les traces.
Via les réseaux sociaux, OLF 37 a lancé un appel aux habitants et habitantes de l'Indre-et-Loire pour faire remonter le nom de tourangelles importantes mais méconnues.
"Notre message a été relayé auprès d'associations, d'institutions qui sont spécialisées, comme par exemple, l'Académie des arts, des belles lettres et des sciences de Touraine, les Études sur la résistance en Indre-et-Loire, ou encore les Archives départementales", reprend Clémentine.
Et le résultat a dépassé les espérances : les militantes d'OLF s'attendaient à recevoir 10 ou 20 réponses, elles en ont reçu 120 !
"Il y a eu des doublons, poursuit Clémentine, et des femmes encore vivantes alors que l'on voulait plutôt travailler sur le passé. Mais on est tout de même arrivé à 90 femmes, beaucoup plus que ce que l'on imaginait...Dans un premier temps on va travailler sur 30 femmes pour lesquelles on a des sources sérieuses et dont on connait la vie."
Pour les autres femmes, des travaux de recherche vont être entrepris par des étudiantes et étudiants, grâce à un partenariat avec le département d'Histoire et la mission égalité de l'Université de Tours, afin de mieux connaître leur vie.
On va mettre en place des ateliers Wikipédia égalité, car il y a un fossé énorme entre le nombre de pages consacrées aux hommes, et celles consacrées aux femmes. L'idée est de rédiger des pages pour les femmes qui n'ont pas d'existence numérique. Sans existence numérique, aujourd'hui, c'est comme si l'on n'avait jamais existé.
Une existence numérique, mais aussi une existence dans l'espace public grâce aux beaux portraits réalisés par l'illustratrice tourangelle Audrey Silva. Avec un premier temps fort lors des journées du patrimoine, les 18 et 19 septembre :
"Pour nous, ce seront les journées du matrimoine, avec une exposition des 12 premiers grands portraits réalisés par Audrey Silva, du 18 au 25 septembre, à la faculté des Tanneurs. Et on compte par la suite en faire une expo itinérante, notamment dans les petites villes de Touraine où ont vécu ces femmes."
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Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Les militantes d'OLF 37 espèrent bien convaincre la Mairie de Tours à rebaptiser du nom de ces femmes des rues, des places ou... des arrêts de tram :
"Il y a une bonne synergie avec l'équipe municipale, estime Clémentine Rubio. Dès qu'on en a l'occasion, on interpelle les pouvoirs publics à ce sujet. On milite par exemple pour que la seconde ligne de tram soit à 100% avec des noms de femmes aux arrêts! Il faut savoir qu'à Tours seulement 1,6% des noms de rue concernent des femmes, et il s'agit surtout d'impasses ou de ruelles...Ce n'est pas un gadget, un combat dérisoire, il est important que des jeunes femmes ou de jeunes hommes puissent s'identifier à ces figures et les connaître."
Sur les 30 premières illustres inconnues retenues par OLF 37, figurent notamment les trois premières femmes élues maire en 1949 (après le droit de vote et donc l'égilibilité pour les femmes), mais aussi des artistes, des résistantes ou des scientifiques. Et beaucoup d'autres tourangelles viendront compléter ce premier tableau.
