Inégalités : à partir de quel revenu est-on riche en Centre-Val de Loire ?

Pour la première fois, un rapport de l'Observatoire des inégalités, basé à Tours, étudie les riches de France. Et pose la question un peu tabou de savoir à partir de quel niveau de revenu on peut être considéré comme plus riche que la majorité des Français.

Si la pauvreté est un sujet de société ardemment débattu, alors même qu'une crise économique majeure se profile dans le sillage du coronavirus, la richesse est un sujet finalement peu abordé, et seulement avec la plus extrême pudeur. L'Observatoire des inégalités, basé à Tours, a mis les pieds dans le plat avec un rapport dirigé par Anne Brunner et Louis Maurin pour savoir qui sont ces riches qui constituent 10%, voire moins de 1% de la population.

"La question du seuil de la richesse est rarement posée", confirme l'Observatoire, qui relève peu d'enquêtes de l'Insee sur le sujet, alors que la pauvreté est plutôt bien connue. "Si la définition d’un seuil de richesse n’existe pas, c’est que personne ne le demande, ni parmi les chercheurs (très peu nombreux à travailler sur la richesse), ni dans la presse. Espérons que ce rapport contribuera à faire avancer les choses."

 

 

Plus d'inégalités entre les riches qu'entre les pauvres

Pour les besoins de l'étude, ses auteurs ont donc déterminé, à partir de plusieurs indicateurs économiques (distribution du revenu, seuil de l'impôt, patrimoine...) une forme de "seuil de richesse" qui correspond au double du salaire médian et concerne 5,1 millions de personnes (8,2% de la population). Il faut donc jouir d'un niveau de vie de 3 470 euros mensuels pour une personne seule, 5 205 euros pour un couple sans enfants, et 7 287 euros pour un couple avec deux enfants, pour appartenir à ce groupe beaucoup plus disparate qu'à première vue.

"Des sommes ridicules vues de tout en haut, mais considérables vues d’en bas", notent les auteurs du rapport, qui ajoutent que la pudeur française vis-à-vis de l'argent est à l'avantage des plus grandes fortunes. "Les catégories les plus aisées ont tout à gagner à cette pudeur collective qui masque la réalité des niveaux de vie des plus favorisés. À l’inverse, les difficultés de vivre des riches (travail harassant, déboires familiaux, etc.) sont sans cesse mises en scène pour rappeler aux plus pauvres le bonheur qu’ils ont de vivre de peu."

 

Notre seuil n’est qu’un minimum : il existe entre les riches davantage d’inégalités qu’entre les pauvres. Passé ce niveau, les revenus s’envolent vers des sommets parfois difficiles à concevoir pour la majeure partie d’entre nous.

Rapport sur les riches en France, page 17

Plus localement, ce "seuil de richesse" évolue énormément d'une ville à l'autre, en fonction des revenus, des loyers, et du niveau de vie local. Sans surprise, il faut gagner beaucoup plus d'argent pour être "riche" à Paris qu'à Châteauroux. A l'inverse, un revenu considéré comme très confortable à Orléans ne sera guère suffisant pour s'intégrer harmonieusement dans le 16e arrondissement de la capitale.

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Pas d'argent magique ?

Alors, comment devient-on riche ? Sans surprise, "pour le commun des mortels, la principale source de revenus, c’est le salaire", mais "plus on s’élève dans l’échelle sociale, plus les revenus du capital (revenus d’actions, d’obligations, loyers encaissés, etc.) représentent une part importante des ressources."

Autrement dit, plus on est riche, et moins on tire ses revenus mensuels de son propre travail. Les 0,1% les plus riches en France voient ainsi 78% de leurs revenus leur venir de ces placements. Et au cours des deux décennies qui viennent de s'écouler, le revenu et le patrimoine des 10% de Français les plus riches n'a cessé de progresser.

 

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Loin des clichés, la majorité des riches n'a donc pas un train de vie de pacha, malgré leurs conditions de vie plus aisées. Souvent plus âgés (70% a plus de 50 ans), les riches ont des trajectoires de vie variées, selon leur niveau de revenu et de patrimoine. Par exemple : 65% des foyers avec les revenus les plus élevés n'ont pas ou plus d'enfant à charge, et 82% sont propriétaires de leur logement. Ils sont souvent cadres supérieurs, lorsqu'ils gagnent un salaire (51%).

Quant à ceux qui ont les patrimoines les plus importants, ils sont fréquemment retraités (40%) et, pour les actifs, ont un emploi comme cadre supérieur, profession libérale, artisan, commerçant ou chef d'entreprise.

 

"La concentration des richesses est une bombe à retardement"

Alors que la crise du coronavirus menace de bousculer très durement l'économie, l'idée a été avancée de taxer davantage les riches, y compris par certaines voix appartenant à ces élites. En mai dernier, Emmanuel Faber, PDG de Danone, prévenait que "la concentration des richesses est une bombe à retardement", ajoutant : "L'économie, telle que nous la pratiquons, ne pourra pas être durable si elle ne devient pas une économie sociale de marché."

Au même moment, Jeff Bezos, le patron d'Amazon et première fortune mondiale, a accepté de faire don de 100 millions de dollars aux banques alimentaires américaines, soit l'équivalent d'une dizaine d'heures de son revenu.

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