Pendant la crise, l'opinion publique a pris conscience de la valeur des métiers en 1ère ligne, souvent sous-payés et peu valorisés. Mais les applaudissements ne suffisent pas. Les syndicats veulent aujourd'hui un vrai changement de cap de la politique de santé. Ce mardi, ils manifestent.
A Tours, comme ailleurs, c'est la mobilisation générale ce mardi 16 juin. Dans la capitale tourangelle, le rassemblement est prévu à 15h00 sur la place Jean-Jaurès, à l'appel, notamment, de la CGT, de FO et de SUD Santé-Sociaux.
"Il y a eu une réelle prise de conscience de l'utilité du service public hospitalier", reconnaît Anita Garnier, déléguée SUD-Santé, qui s'exprime au nom de l'intersyndicale.
Mais pour l'instant, les propositions faites par les pouvoirs publics dans le cadre du plan Ségur ne nous satisfont pas, ajoute-t-elle.
Qu'il s'agisse des hôpitaux ou des cliniques, des EHPAD ou des services d'aide à domicile, les syndicats réclament une augmentation des salaires de 300 euros nets pour toutes les professions. Et le versement d'une prime COVID de 1500 euros pour toutes et tous, sans éléments discriminants.
>> Lieu du départ de la manifestation
Des conditions de travail inacceptables
"Une revalorisation salariale significative est impérative pour que de nouveaux agents aient envie de venir travailler à l'hôpital public, poursuit Anita garnier. Non seulement on n'a aucune certitude sur le montant d'une éventuelle augmentation, mais en plus on nous demande une flexibilité du temps de travail, une remise en cause des 35 heures. Or les équipes travaillent déjà 7 jours sur 7, avec des horaires décalés, des week-end, etc."
Au nom des usagers, le collectif 37 Notre Santé en danger a signé l'appel à manifester aux côtés des syndicats. Secrétaire du collectif de Tours, Geneviève Guibert explique : "Assouplir encore davantage le temps de travail, ce n'est bon ni pour le personnel, ni pour les usagers. Il faut que le personnel puisse travailler sereinement, être à l'écoute et non stressé pour soigner correctement les malades."
Lits et postes supprimés
Outre les salaires, les fermetures d'établissement, les suppressions de lits et de postes sont aussi au coeur du mécontentement : "A Tours, on a déjà supprimé 130 lits en deux ans. Avec la crise COVID-19, on en a fermé 150 supplémentaires pour ne faire que des chambres individuelles. Et on a aucune certitude sur leur réouverture, puisqu'à terme, on devait en supprimer 350! Et il en va de même en terme d'effectifs : 400 emplois doivent être supprimés dans le cadre du COPERMO", s'inquiète Anita Garnier, par ailleurs infirmière aux urgences.
La secrétaire de Notre Santé en Danger 37 abonde dans le même sens :
"Avec la crise du coronavirus, il y a eu des retards, parfois avec de graves conséquences, dans la prise en charge des autres pathologies. C'est parce qu'on réduit la voilure depuis des années dans les hôpitaux, avec les suppressions de lits et de postes." Geneviève Guibert dénonce dans le même temps les fermetures d'établissements de proximité, hôpitaux ou maternités :
On ne veut pas des déserts médicaux d'un côté et puis de l'autre des usines hospitalières, avec des spécialités par région. Pour le début et pour la fin de vie, notamment, des structures proches du lieu de résidence et de la famille sont particulièrement importantes."
Un retour à "l'anormal" ? C'est non !
La crise passée, syndicats et associations ne veulent pas d'un "retour à l'anormal" c'est à dire au monde d'avant :
"Le gouvernement dit je vous ai compris et va mettre de l'argent sur la table. Mais pour calmer les esprits, pas pour renverser la vapeur. On va continuer dans la même logique", redoute Geneviève Guibert. Et Anita Garnier la rejoint :
"On est toujours dans la logique de l'hôpital-entreprise, ce qui n'a pas de sens. Il ne peut y avoir de logique financière pour la Santé! On nous demande encore de faire des économies. Les discours sont contradictoires par rapport à ce qu'on voit sur le terrain."