Ryanair menace de suspendre ses activités dans 10 aéroports français. Celui de Tours est potentiellement concerné. Conséquence du nouveau projet de loi de finances qui envisage une hausse de la taxe "de solidarité" sur les billets d'avion
Principale compagnie cliente de l'aéroport de Tours, Ryanair menace de ne plus desservir 10 des 22 aéroports français, excepté les deux sites proches de la région parisienne: Beauvais (Oise) et Vatry (Marne). Et ce, à compter du 1er janvier 2025. Le site de Tours fait donc partie des aéroports potentiellement concernés. Cet ultimatum est la conséquence d'une mesure annoncée du projet de loi de finances 2025. Elle envisage de tripler la taxe dite "Chirac" de solidarité sur les billets d'avion.
"Ryanair revoit actuellement ses programmes français et s'attend à réduire la capacité depuis et vers les aéroports régionaux français jusqu'à 50% à partir de janvier 2025 si le gouvernement français poursuit son projet à courte vue"
Jason McGuinness, directeur commercial de RyanairCommuniqué Ryanair
Aucune liste dévoilée
La compagnie irlandaise low-cost n'a pas souhaité annoncer le nom des 10 aéroports menacés, mais Jason McGuinness explique que "l'impact de l'augmentation des taxes sur les passagers sera le plus préjudiciable pour la France régionale, qui dépend de coûts d'accès compétitifs". Il estime également que cela "rendra de nombreuses routes, depuis et vers les régions françaises, non viables".
Contacté, le nouveau directeur de l'aéroport de Tours (depuis Juin 2024), Mickaël Toma, avoue ne pas avoir plus d'informations. Il constate que la situation en France, comme en Allemagne, demeure "compliquée", contrairement à des pays comme l'Italie ou l'Espagne, qui n'appliquent pas ou n'abolissent les taxes aériennes pour stimuler trafic, emploi et donc croissance économique.
Nous entretenons des relations régulières avec Ryanair, mais aucun aéroport ne sait s'il est concerné
Mickaël Toma, directeur de l'aéroport de Tours, Edeis
Travaux et nouvelles destinations annoncés par Edeis
Une menace qui pèse sur le site de Tours alors qu'Edeis, la société gestionnaire de la structure, vient d'annoncer des travaux d'embellissement et de nouvelles destinations à l'été 2025. L'exploitant va investir 2,5 millions d'euros notamment dans la modernisation de la salle d'embarquement. Sa surface va doubler pour atteindre 900 m2 afin de permettre la gestion de deux vols simultanés (en 2026). Elle sera également agrémentée de toilettes, d'une boutique et d'un meilleur confort climatique.
Deux nouvelles destinations en Corse (Bastia et Ajaccio) seront effectives dès le printemps prochain et des pourparlers sont engagés avec une autre compagnie pour des vols à destination de Cork, en Irlande. La ligne Tours-Marseille revient, dans une version quotidienne cette fois, également au printemps. Edeis mène, par ailleurs, une réflexion sur des liaisons avec l'Italie et l'Espagne.
Demeure une réalité : Ryanair reste aujourd’hui la première compagnie aérienne européenne en termeS de passagers transportés. Un statut qui explique sans doute le coup de pression exercé sur le gouvernement français.