C’est la rupture de la négociation annuelle obligatoire sur les salaires, entre direction et syndicats qui a déclenché le mouvement de débrayage organisé ce mardi 20 juin, sur une vingtaine de sites Ikea en France.
C'est un coup de semonce, face à une politique sociale du géant du meuble suédois qui se dégrade, selon les syndicats. Une mobilisation importante car pour la première fois depuis près de 10 ans, toutes les organisations syndicales représentatives CFDT, UNSA, CFE CGC, CGT chez IKEA France ont appelé ensemble à un débrayage d'une heure dans une vingtaine de sites de l'enseigne suédoise.
Des hausses de salaire inférieures à l'inflation
À Tours ils étaient une trentaine de salariés à débrayer ce matin entre 10 et 11h sur les 230 que compte l’entreprise. Angélique Ramos, déléguée syndicale CFDT du IKEA Tours précise. "Nous avons demandé 8 % d’augmentation car l’an dernier on avait obtenu 3,5% de hausse, c’était en-dessous de l’inflation et si nos salaires ne suivent pas l’inflation on perd du pouvoir d’achat. C’est pour ça qu’on demande plus cette année, pour avoir un peu plus de pouvoir d’achat. Le SMIC est en hausse de 6%."
La direction a aussi décidé de revenir sur des acquis comme la prise en charge de la journée de solidarité. "Au vu des résultats d’IKEA France, on ne comprend pas qu’on puisse nous enlever un avantage qu’on a depuis quasiment 10 ans. Ca a été un peu la douche froide. Une entreprise qui va mal on peut faire des concessions de part et d’autre mais là ça n’est pas le cas."
William Montoya délégué syndical central IKEA France ajoute "Dans un climat économique comme le nôtre où les salariés sont durement touchés par l’inflation, ouvrir une négociation en enlevant des choses aux salariés ça démarre très mal."
Pas encore de rencontre avec la direction
Angélique Ramos a rejoint cet après-midi les salariés parisiens devant le siège social d’Ikea France à Plaisir. Pas de rencontre avec la direction. Près de 1000 salariés ont débrayé aujourd’hui dans une vingtaine de magasins IKEA dans l’hexagone. Une mobilisation qui est un coup de semonce selon William Montoya délégué Syndical Central IKEA France, après l’échec de la dernière réunion de la NAO, le 15 juin.
Autre mauvaise surprise, l’augmentation individuelle de performance qui intervenait en septembre, est repoussée en janvier sans aucune rétroactivité. "Dans le contexte actuel, 4 mois d’économie sans augmentation individuelle, c’est aussi très malvenu" souligne William Montoya. "L’année dernière Ikea France a réalisé des performances record avec 90 millions d’euros. Fin avril alors que l’année n’est pas encore clôturée l’entreprise est sur un bénéfice de 190 millions d’euros."
Du côté d'Orléans, c'est dans l'après-midi, ce mardi 20 juin, que les salariés ont décidé de débrayer de 14 à 16h sur le site d’IKEA Ardon. Une quarantaine de personnes selon le délégué syndical UNSA, Pierre-Yves Savre. Cette mobilisation est importante car tous les salariés sont concernés par la perte du pouvoir d’achat.
"On est très loin du compte quand on voit que la profitabilité de l’entreprise augmente de manière record et qu’on demande des efforts aux salariés sans être récompensés. Il y a un problème de redistribution je ne comprends pas la politique de l’entreprise alors on s’estime en droit de réclamer un peu plus en terme de NAO mais il n’y a pas vraiment de dialogue."
Il ajoute : "Là c’est un coup de semonce pour la direction, on leur dit 'attention les collaborateurs en ont marre', ce ne sont pas seulement les élus qui parlent mais tous les collaborateurs ".
A la suite de cette journée d'action les syndicats vont demander la réouverture des négociations à la direction d'IKEA France et décideront avec les salariés la suite à donner au mouvement