Comme pour les services hospitaliers ou les secours, les commissariats et gendarmeries sont ouverts 24h/24, y compris les soirs de fêtes. France 3 Centre-Val de Loire est allé passer le réveillon avec les policiers de Tours.
22h15. L'assiette de saumon à peine avalée, il faut partir en intervention. Direction la gare de Tours. La poularde sera pour plus tard, sûrement réchauffée au micro-ondes. "Un repas qui devrait durer 20 minutes peut prendre cinq heures ici" s'amuse un policier.
Repas de fêtes picoré
Dans la cafétéria du commissariat de Tours, le dîner est un peu spécial ce soir-là. Nous sommes le 24 décembre et les hommes et femmes en uniforme ont mis les petits plats dans les grands. Le plateau d'huîtres trône en bout de table. "On prend l'entrée maintenant, puis le plat en revenant, et le dessert en fin de nuit", le traditionnel réveillon est hachuré, mais les équipes tiennent à l'organiser.
On a l'habitude de travailler ensemble. C'est une corporation qui reste unie à sa base.
Policier au commissariat de Tours
Chacun met sa part, c'est ensuite le cuistot du groupe qui a pensé le repas. "Une fois, j'ai mis vingt balles, mais la nuit a été tellement chargée que j'en n'ai pas vu la couleur" se souvient un brigadier-chef.
Cette année, les équipes ont été renforcées à Tours. Face à un risque de violences urbaines, une unité de CRS est notamment venue pour "montrer notre force, afin de ne pas avoir à l'utiliser" affirme Maxime Driard, directeur adjoint de la sécurité publique.
Une inquiétude qui suit une première nuit agitée, après le décès d'un jeune homme renversé par une voiture de police. Les premiers éléments indiquent que le jeune majeur a surgi, sans que la policière conductrice ne puisse l'éviter.
Sur cette grande table, installée en forme de U et recouverte d'une nappe en papier, les vingt-quatre assiettes ne seront pas remplies en même temps, mais l'important c'est d'être ensemble. "On est avec notre deuxième famille, à défaut de pouvoir être avec la première" affirme un autre agent.
On ne fête pas Noël en famille, on se dit que ça peut être un moment de cohésion de groupe.
Brigadier chef des interventions de nuit
Les quatre membres de la brigade anticriminalité (BAC) sont quant à eux sur le pied de guerre bien avant le début des festivités. Matériel en main, deux d'entre-eux s'apprêtent à partir, "pour nous c'est une nuit normale, c'est notre famille qui aimerait que l'on soit là".
Une habitude qu'on ne prend jamais tout à fait
Alors ici, chacun a pris l'habitude de faire les fêtes, "deux jours avant, ou après". Les enfants en bas-âge, eux, n'attendent pas. Et à la maison, souvent la même question "papa, quand est-ce que tu fais Noël avec nous ?" raconte un des agents de la BAC.
Question d'habitude, repète-t-on dans les couloirs du commissariat, "même si on ne la prend pas tout à fait en réalité" souffle l'un d'eux.
La motivation n'est visiblement pas financière. Une nuit à cheval sur un dimanche et un jour férié n'arrondira pas la paie à la fin du mois, une heure supplémentaire pourra éventuellement faire gagner "60 centimes de plus".
Un peu plus loin, Charly* est installé dans l'un des quatre bureaux occupés par des officiers de police judiciaire. Ici, il reçoit toutes les personnes interpellées et décide des premiers actes d'enquête. C'est là que l'on choisit de placer quelqu'un en garde à vue, ou non.
Les appels d'urgence n'attendent pas
Le repas de Noël, les deux OPJ de service ne le passeront pas ensemble, ou alors, à leur bureau. "On traite tout ici la nuit, de la découverte du cadavre au 'petit' cambriolage" et c'est ce qui passionne ce brigadier-chef. Ce n'est que le matin que les affaires sont ensuite dispatchées aux différents services spécialisés.
A l'étage, le téléphone est susceptible de sonner à n'importe quel moment. C'est la place des opérateurs radio. En clair, ceux qui répondent aux appels du 17. "Les secours bonsoir", face à ses trois écrans d'ordinateurs et un autre, immense, avec un pêle-mêle de caméras de vidéosurveillance, elle décroche.
L'appel donne immédiatement le prénom et nom de la personne, ainsi que son adresse "celle qui est sur la facture de téléphone".
Sur l'écran du milieu, une cartographie, sur laquelle l'appel est localisé. Les équipes en patrouille alertent également sur des événements en cours. Equipée d'un grand cahier, cette experte du décryptage de parole note tout ce qui lui est dit, "pas toujours facile" sourit-elle "le collègue parle parfois vite, la liaison passe mal, pour peu qu'il y ait du bruit derrière ..." pourtant, rien ne lui échappe.
Une fête de fin d'année sur deux
Ici, impossible de déclencher le répondeur, le repas se fera donc rapidement. Lorsque l'on commence à 19h, on mange de toute manière en décalé "vers 22, 23h, voire minuit parce qu'il faut tenir jusqu'au matin".
Sans enfant, elle sait que la priorité reste à ceux qui en ont, pour le réveillon. Le plus souvent, les équipes qui travaillent à Noël seront libres pour le nouvel an. "Mais j'ai quand même une famille", notamment un papa ancien policier "donc il sait".
Ici, pas de trace de décorations festives, seul un dernier écran est allumé sur une chaîne de télévision, émission de Noël en sourdine, "d'habitude, on met plutôt les infos".
Les festivités, ce sera quelques jours plus tard, quand l'opératrice sera de repos "parce qu'en débauchant à 7h, je vais aller dormir. Quand on se réveille vers 14 ou 15h, le jour de Noël est déjà bien entamé". À l'heure où les premiers impatients se ruent vers les cadeaux sous le sapin, elle, ira retrouver les bras de Morphée.