Dans plusieurs régions de France, les autorités sanitaires organisent des opérations de démoustifications, face à une prolifération des moustiques, et en particulier des moustiques tigres, vecteurs de maladies tropicales.
Paris, Colombes, Nantes... un an après la détection du premier cas "autochtone" de dengue dans l'Hexagone, les opérations de démoustications se multiplient. Y compris dans le nord du pays, encore épargné il y a quelques années par la prolifération du moustique tigre, vecteur de transmission de la dengue et d'autres maladies tropicales. Par ailleurs, le moustique-tigre est présent sur une trentaine de communes en Centre-Val de Loire.
Pour faire face au risque sanitaire représenté par l'espèce et sa reproduction rapide, les autorités sanitaires mènent des campagnes de démoustication. Deux ont eu lieu à la fin du mois d'août dans le 13e arrondissement de Paris et à Colombes. Une première dans l'agglomération parisienne. De telles opérations consistent en l'épandage de produits insecticides dans les quartiers concernés, dans un rayon défini autour du domicile de personnes récemment testées positives à la dengue.
Une opération similaire a été menée le 12 septembre à Saint-Sébastien-sur-Loire, dans la banlieue de Nantes, puis une autre le 15 septembre dans le 15e arrondissement de la capitale.
"À Tours, on est envahi"
En Centre-Val de Loire, depuis le début de l'été, trois opérations de ce type ont eu lieu, indique l'agence régionale de santé (ARS). Une dès la mi-juillet à Bourges, une à Villemandeur, dans le Loiret, le 8 septembre, et une dernière dans la nuit du 15 au 16 septembre à Déols. À chaque fois, il s'agissait d'opérations très ciblées après la détection d'un cas de dengue. "C'est la première fois qu'on en a en Centre-Val de Loire", indique l'ARS.
Et ailleurs dans la région, les témoignages d'habitants mis devant le fait accompli se multiplient sur les réseaux sociaux. "À Tours, on est envahi. Impossible de manger dans le jardin. C'est la première fois que j'achète une bombe antimoustique et du spray répulsif", écrit une utilisatrice sur X, anciennement Twitter.
L'ARS recense une trentaine de communes colonisées par le moustique tigre, notamment dans les agglomérations d'Orléans, de Tours, de Bourges et de Châteauroux. La majorité de ces communes n'ayant été colonisée qu'en 2022. Preuve, s'il en fallait une, que l'espèce s'installe de plus en plus dans l'Hexagone.
La météo de l'été 2023, idéale pour les moustiques
En cause : le réchauffement climatique, "avec des températures plus clémentes plus tôt dans l'année", qui "donne une période de nuisance au moustique tigre plus importante que ce qu'on observait avant", note Céline Bellard, chercheuse en écologie au CNRS, interrogée dans le journal météo climat de France 3 le 2 septembre. De plus, "plus la température est élevée, plus les cycles de reproduction sont courts, plus il y a de moustiques tigres", expliquait Rémi Foussadier, directeur de l'Entente interdépartementale pour la démoustication (EID) en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté fin août auprès de France Bleu.
Autant dire que l'été 2023, aux canicules intenses entrecoupées d'orages, a été idéal au développement des moustiques tigres. Car ses larves, comme celles du moustique commun, se développent dans de l'eau stagnante. L'ARS du Centre-Val de Loire note que, le moustique tigre "se déplaçant peu, celui qui vous pique est 'né chez vous'". L'agence en appelle donc à la bonne volonté citoyenne, pour éviter la prolifération, en détruisant les potentiels lieux de ponte. Voici quelques propositions :
- enlever tous les objets abandonnés dans les jardins, les parcs ou sur les terrasses qui peuvent servir de récipient,
- vider une fois par semaine les soucoupes, vases, seaux...
- remplir les soucoupes des pots de fleurs avec du sable ou une éponge qui, une fois mouillés, permettent l’arrosage,
- vérifier le bon écoulement des eaux de pluie (gouttières, toits-terrasses…),
- entretenir les espaces verts : élaguez, débroussaillez.