Après le tourisme ou la restauration, le secteur économique de l'événementiel fait à son tour les comptes de la crise du covid-19, et le résultat n'est pas brillant : après une année 2020 quasiment sans activité, les plus optimistes n'attendent un redémarrage qu'en janvier 2021 au plus tôt.
"On savait dès le 15 avril qu'on allait droit dans le dur." Mais ce 27 juillet, c'est tout une économie du spectacle vivant qui garde la tête sous l'eau comme l'explique Sébastien Bargue, gérant et directeur technique de l'entreprise tourangelle Scène de Nuit. "Et on savait déjà qu'on ne pourrait pas redémarrer dans de bonnes conditions."
Organisateurs, artistes, techniciens, fabricants : alors que la pandémie de covid-19 a entraîné l'annulation de la plupart des événements de l'été, c'est tout un secteur qui se retrouve désormais au bord de l'asphyxie. A tel point que le Synpase, le syndicat qui regroupe l'ensemble des entreprises de la profession, dont les 12 présentes en Indre-et-Loire, a cherché à alerter sur la précarité de leur situation.
800 millions d'euros de manque à gagner en France
En effet, les spécialistes de l'événementiel travaillent en temps normal dans des conditions temporelles et financières lourdes. Depuis les investissements à hauteur de plusieurs centaines de milliers d'euros dans un matériel scénique coûteux jusqu'aux délais incompressibles de préparation, le secteur fait face à des charges et des taux d'emprunt massifs, qui s'accomodent mal d'une absence brutale d'activité.Sébastien Bargue, dont l'entreprise emploie dix salariés permanents et une cinquantaine d'intermittents, déplore par ailleurs une "concurrence exacerbée" par la crise. "On travaille à perte" poursuit-il, avec des prix "tirés vers le bas" et un carnet de commande pratiquement vide, ou dont les appels d'offre ne sont pas adaptés. Dans la région, une vingtaine de structures se retrouvent dans la même situation.
Des mesures utiles, mais encore insuffisantes
Même si le Syntase a tenu à saluer "les mesures mises en place par le Gouvernement depuis mars dernier", comme le chômage partiel, celles-ci "ne pourront permettre, en l’état et en tout état de cause, d’atteindre les objectifs du Président de la République et d’éviter une catastrophe sans précédent". Le syndicat demande donc leur extension, notamment celle du chômage partiel, ainsi que des allégements fiscaux et la faciliatation des prêts garantis par l'État (PGE).Plus que des aides vitales, mais passagères, les acteurs de l'événementiel espèrent surtout une reprise de l'activité. "Il faut qu'on travaille !" lâche Sébastien Bargue, qui attend des donneurs d'ordre la "clairvoyance" nécessaire pour éviter la catastrophe, alors que les pouvoirs publics redouent une deuxième vague de covid-19.Les prestataires techniques pour le spectacle vivant et l’évènement générant un chiffre d’affaires annuel d’environ 1 milliard d’€, la perte de chiffre d’affaires sera d’environ 800 millions d’€ en 2020 et de 500 millions en 2021, ce qui bien sûr rend la survie des 700 entreprises et des 25 000 emplois (permanents et intermittents) du secteur particulièrement incertaine.
"A l'heure actuelle, les plus optimistes parlent d'une reprise d'ici janvier ou février", avance-t-il. "Les autres, ils ne s'attendent à rien avant l'automne 2021."