France 3 Centre-Val de Loire se mobilise pour vous faire vivre le second tour des municipales 2020. Cette fois, Emmanuel Denis (EELV) et le maire sortant Christophe Bouchet (Mouvement radical) étaient face à face pour convaincre les électeurs de Tours.
La campagne du second tour des élections municipales a débuté, et ce 18 juin les deux candidats de Tours ont débattu vivement sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire. D'un côté, Christophe Bouchet, le maire sortant arrivé deuxième au premier tour, a joué la carte de l'agressivité et insisté sur sa gestion de la crise, tandis qu'Emmanuel Denis, son rival EELV, a tenté de le tacler sur plusieurs dossiers de fond.
1. Faire campagne en temps de crise
Sans surprise, la crise du coronavirus est l'un des éléments majeurs de cette campagne, et si les deux prétendants sont d'accord sur un sujet, c'est bien sur son ampleur. La campagne elle-même a été affectée : "On a appris à travailler avec des outils numériques", fait remarquer Emmanuel Denis, dont la liste a organisé des débats en visioconférence via Zoom" sur tous les sujets importants de la ville, depuis la culture jusqu'au sujet du vieillissement et jusqu'aux sujets économiques."
Un constat nuancé par Christophe Bouchet, qui constate "une vraie fracture numérique" dans la société. Mais le maire sortant affirme avoir aussi vu la ville renaître depuis la fin du confinement : "Tours vit. Je trouve les Tourangeaux très disciplinés, mais elle est vivante, donc il y a vraiment moyen de voir les Tourangelles et les Tourangeaux." Mais la société "n'a pas complétement redémarré" aux yeux du maire MR
Le maire sortant n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler la gestion de la crise à l'échelle municipale, insistant sur le soin apporté à la santé des "plus fragiles" au sein des Ehpad tourangeaux et sur la reprise économique. "Tours a été une des seules villes à faire le pari de rouvrir les marché" plus tôt que d'autre, explique le maire, ce qui a offert un débouché à de petits producteur et permis de "remettre du lien social". Tours, explique-t-il, a aussi été "la première ville à monter un plan" à hauteur de "près de 2 millions d'euros" (en réalité 1,5 millions d'après le site municipal) afin de "donner des bons aux plus démunis, qui doivent être dépensés dans la ville de Tours pendant une période très restreinte" pour "donner un coup de fouet à l'économie".
"J'ai trouvé que Christophe Bouchet a utilisé cette période surtout pour se mettre en avant médiatiquement, et je pense que ce n'était pas très adroit de le faire", rétorque Emmanuel Denis, relayé d'ailleurs par nos confrères de Mediapart. Le candidat écologiste reproche également le "saupoudrage à l'aveugle" du plan Étincelle. "Sur 1,5 millions d'euros, 300 000 vont revenir à l'État sous la forme de la TVA", poursuit-il. "Un certain nombre de TPE et de PME, qui ne seront pas touchés par Étincelle, auraient pu bénéficier de quelques milliers d'euros supplémentaires."
"Qu'est-ce que vous voulez que fasse le capitaine pendant que le bateau coule ?", réplique Christophe Bouchet, alors que la tension monte d'un cran. "Qu'il ne fasse rien, parce qu'on est entre deux tours ? Est-ce que vous saviez vous, qu'on était vraiment entre deux tours ? Il y a un mois pas une personne sur ce plateau n'aurait deviné qu'on aurait un second tour dès le 28 juin." Quant aux accusations de mise en scène lors de l'entre-deux tours, le maire sortant se contente de les balayer d'un revers de main : "Mediapart c'est un site d'information d'extrême-gauche, et c'est normal qu'ils donnent un satisfecit à un candidat d'extrême-gauche. Rien de nouveau sous le soleil !"
2. Tensions sur l'urbanisme et les transports
Sur les sujets de l'urbanisme et des transports, les deux candidats continuent à s'échauffer. Christophe Bouchet, en particulier, s'agace des interruptions de son concurrent, le trouvant "fébrile", et endosse tour à tour le rôle de coach sportif ("Soyez solides sur vos convictions !"), de capitaine de navire ("Monsieur Denis a des théories, mais avec ses théories le bateau coule !") et de maître d'école ("C'est pas la ville qui a la compétence sur les transports, c'est la Métropole ! Soyez précis !"). Un petit jeu auquel son rival réplique en insistant sur les "orientations fortes" de son programme, notamment la politique alimentaire locale et l'accélération de la transition écologique et en affirmant que les projets d'urbanisme "plantés" sous le mandat de Christophe Bouchet, comme les Halles ou la Tranchée, devront être repris "à la racine".
Au-delà de cette forme, les désaccords de fond restent massifs, surtout face aux pertes de recettes induites par le coronavirus. Sur les transports urbains par exemple, Tours devra "réfléchir peut-être à aller plus doucement", évoque Christophe Bouchet, jugeant une deuxième ligne de tramway "pas finançable" en l'état actuel. "Cette ligne de tram est totalement pertinente", avance quant à lui Emmanuel Denis. "L'important c'est d'avoir une vision globale. Nous on a une vision à 2040, pour avoir un réseau de tram structuré avec plusieurs lignes", et connecté à un réseau ferroviaire régional. Mais ces projets devront recevoir l'aide des éventuels plans de relance européens, nationaux et régionaux.
3. Avis de tempête sur l'aéroport
Mais sans surprise, c'est l'aéroport qui cristallise toute la tension du débat. Depuis 2003, la compagnie aérienne low-cost Ryanair reçoit un financement des collectivités publiques pour continuer à opérer sur la piste tourangelle. "L'aéroport est un élément important pour les navettes sanitaires" ainsi que pour "l'aviation d'affaires", concède Emmanuel Denis. Mais "une collectivité ne peut pas subventionner le transport aérien de passager. On ne peut pas continuer à financer ce genre d'entreprises à moyen terme". "Vous êtes dans le double discours permanent", rétorque Christophe Bouchet, arguant que "cela fait six ans que les Verts votent contre les subventions à l'aéroport". Pour le maire sortant, face à la "tempête économique" qui s'annonce, la "capitale des châteaux de la Loire" doit s'assurer un afflux de touristes depuis Paris via le TGV, et depuis Londres via l'aéroport, dont de futurs travaux et la mise aux normes doivent coûter "entre 15 et 20 millions d'euros de subventions".
Le maire sortant profite d'ailleur de l'occasion pour lâcher une nouvelle bordée sur son rival : "Monsieur Denis est encore dans le double discours, voire dans le paradoxe, puisqu'il nous a dit que ces dernières années il avait pris 15 fois l'avion avec Ryanair ! Vous devez avoir une carte de fidélité chez Ryanair, non ?" Une nouvelle pique à laquelle le candidat écologiste ne peut s'empêcher de répondre. "Arrêtez d'affabuler en permanence !", réplique ce dernier, "Est-ce qu'on parle de la Rolls Royce dans votre garage, que vous cachez depuis que vous êtes maire pour sortir votre vélo ?" Cette fois, c'est Christophe Bouchet qui est piqué. "Vous venez voir dans mon garage ? Et ce sera bientôt dans ma cuisine, dans ma chambre à coucher ?"
4. Pas de changement au(x) programme(s)
En guise de bilan et dans une ambiance considérablement plus fraîche, les candidats ont abordés les grandes orientations de leurs programmes, qui n'ont guère évolué. A l'échelle de la Métropole le candidat EELV, tout comme le maire sortant, ne souhaite pas porter personnellement la double casquette de maire et de président. Mais "si les forces de gauches et les écologistes ont le dessus, bien sûr, nous réclamerons une présidence". "Il y a des noms déjà dévoilés, d'autres qui ne sont pas dévoilés, et on trouvera sans problème un bon président." "Quand on veut être maire, ce serait bien de dire aux électeurs ce qui va se passer après", ironise Christophe Bouchet, accusant son adversaire de manquer de clarté. "Non, c'est extrêmement clair, c'est simplement la démocratie", répond le concerné.
Quant aux programmes pour les six prochaines années, "un certain nombre d'orientations de notre programmes restent extrêmement valides", estime l'écologiste, qui compte collaborer avec les habitants et les collectivités sur la "transformation écologique de notre ville". "Notre projet a séduit les Tourangelles et les Tourangeaux" poursuit Emmanuel Denis, qui bénéficiait au premier tour d'une avance de dix points sur le maire sortant. "C'est un vrai espoir d'avoir demain une ville plus écologique, plus démocratique, plus émancipatrice et plus solidaire."
"On a tous été bousculés par la crise", conclut pour sa part Chirstophe Bouchet, qui insiste sur ses deux priorités : la santé et la sécurité. "Je vois que les amis de Monsieur Denis prône le désarmement de la police. Nous on est à fond pour la police ! On ne veut pas savoir ce qui se passe à Grenoble, Dijon ou ailleurs" mais que "Tours soit une ville agréable, apaisée, sûre, élégante"
Retrouvez l'intégrale du débat présenté par Franck Leroy dans la vidéo ci-dessous ou en cliquant ici
Les débats de France 3 :
France 3 organise près de 300 débats partout en France à l'occasion des élections municipales. Pour suivre ces débats du second tour, naviguez dans la carte interactive ci dessous.