Surdité : un logiciel pour aider à la rééducation développé au CHRU de Tours

Un nouveau logiciel est développé au CHRU de Tours. Il aide les personnes sourdes qui ont un implant cochléaire à comprendre de nouveau les sons et paroles du monde qui les entoure.

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Décrypter un dîner entre amis, ou encore deux mots qui se ressemblent, voilà deux épreuves qui font désormais partie de la vie de Jérôme. Depuis deux ans et demi, il est atteint de surdité profonde, à cause d'une maladie auto-immune dont il ne sait encore pas grand-chose. 

Entendre de nouveau 

Alors que ses oreilles fonctionnaient très bien jusqu'à ses 25 ans, le voici désormais équipé de deux implants cochléaires. Roger, 83 ans, est lui aussi devenu sourd du jour au lendemain : "un matin, je n'entendais plus ma femme" se désole-t-il. Tous les deux ont été opérés, puisqu'il n'y a pas de limite d'âge. Parmi le millier de personnes passées sur la table d'opération à Tours, le plus jeune a 9 mois, le plus âgé, 93 ans. 

Le dispositif nécessite une opération chirurgicale, pour venir placer une partie de l'implant sous le cuir chevelu, au niveau du nerf cochlée. Une seconde partie est quant à elle mise sur la tête, aimantée. C'est elle qui va recevoir tous les sons pour les transmettre ensuite directement par signal électrique.

Système auditif court-circuité

Le système auditif est alors "court-circuité" explique le professeur David Bekhos, chirurgien ORL au CHU de Tours. L'audition n'est plus acoustique, mais électrique, et ça change tout. 

Opéré, le parcours commence

Juste après l'opération, "on a l'impression d'être dans un caisson" affirme David, 80 ans, lui aussi implanté. Au début, les paroles sont à peine compréhensibles et ressemblent à des frottements, ensuite il y a de l'écho, puis une voix robotique. Progressivement, il faut alors tout réapprendre. C'est pour cette raison qu'on n'opère pas n'importe qui : "Il faut s'assurer que le patient est assez motivé" détaille David Bekhos.

À mesure qu'il a réappris à entendre, Didier l'octogénaire a aussi redécouvert des sons qu'il n'entendait plus depuis plusieurs mois : les oiseaux, les voitures. "Au début, je demandais à ma femme pourquoi elle faisait autant de bruit en cuisinant" s'amuse-t-il.

L'implant n'est pas une nouvelle oreille

A Tours, 70 patients bénéficient de ce dispositif chaque année. Il faut environ un an de rééducation pour enfin retrouver une audition satisfaisante : "ça ne sera jamais une nouvelle oreille" précise le chirurgien. C'est alors que le parcours commence. 

Les séances chez l'orthophoniste s'enchaînent donc, une fois par semaine. Pour améliorer les résultats et permettre aux patients de s'entraîner chez eux, David Bekhos et son équipe, en lien avec des chercheurs américains ont mis en place un logiciel. 

Entraînement quotidien 

Installé dans une petite pièce, au rez-de-chaussée du bâtiment B3 de l'hôpital, dans le secteur ORL, le logiciel est désormais accessible aux patients. Avant cela, Jérôme a pu le tester à domicile, cinq jours par semaine, et 30min par jour. 

Sur la forme, rien de révolutionnaire, dans le fond, Jérôme l'estime précieux : "Je me suis vu progresser". Sur l'ordinateur, une phrase est lue, il faut ensuite cliquer sur la bonne option des quatre proposées. Les sons se ressemblent parfois, pouvant prêter à confusion.

La première étape, c'est une lecture dans un environnement silencieux, puis les niveaux augmentent, et le brouhaha avec. C'est dans ces conditions qu'il devient plus difficile pour les personnes implantées de comprendre. 

15% de résultats en plus

Une forme de rééducation qui permet "d’améliorer d'environ 15% les performances auditives" affirme le CHRU de Tours. Sans devoir se rendre à l'hôpital, les patients pourront l'installer sur leur ordinateur personnel, voire, bientôt, sur leur téléphone. 

Pour Jérôme désormais, des lieux qui lui paraissaient inaccessibles reviennent dans son quotidien : "Je suis même allé en boîte de nuit " se réjouit-il. De son aveu, cette épreuve lui aura appris une chose, la patience. "Je me suis beaucoup surpris", affirme-t-il, en faisant le bilan de ces deux dernières années.  

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