Telly Del Mundo, dit Biga*Ranx, est un des plus grands reggaemen Français. Rencontre avec cet artiste poétique, qui fait danser le monde, de Kingston à Tours, sa ville de naissance.
Gabriel Piotrowski, Telly Del Mundo, plus connu sous le nom de Biga*Ranx, nait à Tours en 1988. Fils de parents artistes et artisans, sa maman est peintre et son père ébéniste, il a une enfance mouvementée avec un passage à la DDASS. C'est là qu'avec ses amis et son frère, il s'imprègne de la culture urbaine. Le plaisir au foyer, c'est d'écouter de la musique et l'argent de poche passe dans l'achat de diques. Pour vous situer, nous sommes fin des années 90, on écoute du Oxmo Puccino, Lunatic (groupe de Booba) et également Big Red, qui après deux albums Raggasonnic, se lance en solo avec Big Redemption. Vous y êtes ?
Culture urbaine orientée rap, Gabriel bascule roots quand il découvre le disque "Raw Roots" de Phil Pratt, un grand producteur Jamaïcain. Gabriel continue son apprentissage musical en effectuant un stage, en 4ème, chez un disquaire reggae de Tours, orienté roots et reggae seventies. Puis en 3ème, nouveau stage, cette fois chez l'autre disquaire reggae de Tours, plûtot ragga dancehall. Gabriel le dit lui-même, quelle chance d'avoir deux disquaires reggae à Tours.
De Tours à Paris
Gabriel sait qu'il n'est pas assez cadré pour l'école, trop électron libre. Il n'y voit pas de voie, pas d'issue. C'est dans les sound system qu'il s'épanouit, qu'il monte avec son frère et ses potes, en louant des caves, ramenant des platines. C'est l'engouement à l'époque à Tours, "ville de bar, de fête et artistique". La culture urbaine, c'est la musique, mais c'est également le Skate ! Alors à l'île Simon, au milieu de la Loire, Gabriel et ses amis y passent du temps, écoutent du son. Il a quitté l'école, il monte sur Paris où il squatte dans des studios pour grandir. Gabriel, Gaby, devient Biga.
Et nous voici dans le nouveau millénaire, dans les premières années de Youtube. Sur cette plateforme, on expérimente encore, on ne connait pas tout. C'est sur Youtube que Biga publie un feat avec Cotton qui explose. Cotton le valide alors comme Ranx. Biga*Ranx est né.
C'est autour de ses 18 ans que Biga*Ranx va aller en Jamaïque. Un voyage qui lui ouvre les yeux sur le monde, l'enrichit culturellement, mais contrairement à ce qui en est dit, ça ne change pas sa vie mais ça le conforte dans le reggae. Il est dedans, il le sait, c'est dans le reggae qu'il fera carrière.
Il signe rapidement dans une maison de disque où il enregistre son premier album. Trop vite ? Trop jeune ? Aujourd'hui, malgré le succès, Biga*Ranx n'aime pas ses premiers albums qui ne le représentent pas.
Son projet Biga*Ranx
Gabriel ne s'arrête jamais. Il travaille tout le temps, un courage inculqué par son père. Il se lève, il écrit. La musique, ça lui permet de vivre, d'accéder à un confort de vie, de s'en sortir, d'être papa.
C'est en 2017 que sort son album "1988". Très autonome, très sincère, c'est son album, ses sonorités, c'est cette musique que Biga*Ranx veut faire. Il continuera avec Sunset Cassette, St.soleil et Eh Yo! sorti en 2022. S'enchaîne beaucoup de temps sur les routes, sur les scènes. Partout où il passe, Biga*Ranx fait danser les foules et entre en osmose avec son public. Du Sakifo à La Réunion au Printemps de Bourges, c'est la folie dans la fosse. "Regarde moi", "My driver", "My face", "Petite marie" sont des morceaux qu'il adore jouer sur scène, en communion.
Vers une pause du projet Biga*Ranx ?
Artiste aux multiples composantes, Gabriel a envie d'aller vers d'autres projets. Il se dit trop centré sur le projet Biga. Il n'a pas peur de recommencer, il veut aller explorer d'autres choses. Un artiste aussi talentueux est comme les chats, il a plusieurs vies, et c'est ce qu'on aime.
Retrouvez le concert de Biga*Ranx au Printemps de Bourges en intégralité le 24 août sur cvdl.france3.fr