L'association Entraide & Solidarités recherche des familles d'accueil volontaires pour accueillir six réfugiés. Après avoir tenté l'expérience l'an passé, une famille tourangelle est prête à remettre le couvert. Témoignage.
L'exil est une épreuve, mais avec le bon accompagnement, un réfugié et son pays d'accueil peuvent tous les deux y gagner. En 2018, ils étaient plus de 122 000 demandeurs d'asile en France (dont seulement 33 000 ont effectivement obtenu un statut).
C'est le cas d'Ali Shah, un Afghan de vingt-cinq ans accueilli à Tours par la famille Rouillac grâce à Entraide et Solidarités. Depuis 2016, l'association tourangelle s'efforce de mettre en contact réfugiés et familles d'accueil, sur une durée variant de 3 mois à un an, afin de faciliter leur intégration dans la société française. Un an après son arrivée chez ses hôtes, Ali Shah est sur le point de décrocher son propre logement et parle couramment français.
Un invité "hyper respectueux"
"C'est quelqu'un de très discret, qui s'est parfaitement acclimaté à la vie de la famille", raconte Cécile Rouillac. "J'ai posé très vite les bases : chacun doit faire sa part, on ne voulait pas d'un macho à la maison." Mais ses craintes se révèlent bien vite infondées, le jeune Afghan se révélant "hyper respectueux" de ses hôtes, et nouant même un lien privilégié avec les trois enfants de la famille.Bénéficiant du programme de l'École de la deuxième chance, Ali Shah est désormais en bonne voie d'insertion professionnelle, mais c'est à contrecoeur que sa famille d'accueil l'a laissé partir. "On reçoit ce qu'on donne", résume Cécile Rouillac. "Si on veut que ce soit juste un colocataire, c'est possible aussi. Nous on a voulu vraiment l'intégrer à la famille."
Parcours de vie, parcours d'exil
"Le dispositif est né en 2016, suite à un appel à projet, afin de désengorger l'hébergement d'urgence", précise Manon Huvey, assistante sociale au sein d'Entraide et Solidarités. L'idée : placer des personnes majeures, bénéficiant du statut de réfugié ou de la protection subsidiaire (attestant d'un danger grave et immédiat dans leur pays d'origine) au sein de familles d'Indre-et-Loire.Trois ans plus tard, l'attention du public s'est relâchée, et le nombre de personnes accueillies a chuté de 18 personnes à seulement 6. Pourtant, le retour des familles accueillantes, à l'image des Rouillac, est essentiellement positif. "La seule difficulté provient parfois de la nécessité de se confronter à des histoires de vie, à un parcours d'exil douloureux, à laquelle tout le monde n'est pas prêt", note Manon Huvey. Dans bien des cas les familles n'ont que les moyens d'envoyer une personne jusqu'en Europe, chargée de travailler et de leur envoyer de quoi subsister. "Le complexe du survivant est très présent"
Mais l'expérience humaine est incomparable. A un tel point qu'à Tours, les Rouillac se préparent déjà à un nouvel accueil. Il s'agira cette fois d'un Soudanais d'une trentaine d'années, étudiant dans le supérieur. D'ici l'automne, l'association Entraide et solidarités cherche encore plusieurs familles d'accueil dans tout le département. Les candidats peuvent joindre l'association via cette adresse mail.