La famille d'un homme mort à Tours en 2016 a saisi la justice administrative d'une requête contre le CHU. Il avait perdu la vie suite à un dysfonctionnement mettant en cause un médecin du Centre pour la régulation de l'alerte (Cetra), la plateforme des urgences d'Indre-et-Loire.
Trois ans après les faits, la famille de Jean-Baptiste Auréjac a choisi de briser le silence, comme le relatent nos confrères de l'AFP ce 3 décembre. Victime d'un grave malaise le samedi 10 septembre 2016, ce quadragénaire était mort deux heures après aux urgences d'une clinique, des suites d'un malaise cardiaque. Le père de famille de 42 ans venait de couper une haie, quand il a soudainement ressenti de fortes douleurs au dos et aux bras.
"Il a envie de vomir, il est tout blanc"
L'alerte avait été donnée par son épouse au Centre du traitement et de la régulation de l'alerte (Cetra 37). Unique plateforme téléphonique à "décroché unique" en France, le Cetra regroupe les appels du 15, 18 et du 112.Mise en relation par l'agent de régulation avec le médecin conseil et non le médecin du Samu, elle décrit les symptômes de son mari, "une très grosse douleur au niveau du dos et du haut des bras". "Il a envie de vomir, il est tout blanc", dit-elle dans l'enregistrement que l'AFP a pu écouter. Rapidement, le médecin retraité, qui a exercé comme pneumologue, estime qu'il s'agit d'un problème "musculaire" lié à un effort: il suggère à la femme de conduire son mari chez SOS Médecin.
"Je peux l'emmener mais il a l'air vraiment pas bien. -Oh d'accord mais enfin bon (...) il ne va pas mourir (...) Il va s'asseoir à côté de vous et puis vous
l'emmenez là-bas, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise moi ?", rétorque le médecin. Elle conduit son mari avec leur fils de 8 ans aux urgences d'une clinique proche de leur domicile, où l'homme finit par succomber.
La procédure judiciaire est en cours
Après le dépôt d'une plainte pénale de la famille, classée sans suite en raison d'une procédure à l'amiable engagée avec le CHU, la chambre disciplinaire de l'Ordre nationale des médecins a reconnu le 22 novembre que le médecin "a manqué à ses obligations déontologiques", et l'a condamné à une interdiction d'exercer de deux mois.La famille espère désormais "la condamnation du CHU de Tours", dont dépend le Samu, à des dommages et intérêts, selon son avocate, Me Sandrine
Cornu-Sadania. "Tout se passe aussi comme si l'hôpital n'était pas responsable dans l'histoire (...) ils ont dit 'on est désolé', mais est-ce que c'est suffisant ?", s'interroge Marie Auréjac, la mère du quadragénaire. "Notre position n'est pas de crier vengeance", mais cela "pose des vraies questions en termes de formation des médecins, et de régulation".
Contacté ce matin, le Centre hospitalier universitaire de Tours affirme que "cette situation a fait l'objet de la plus grande attention du CHRU" et a rappelle la "procédure de conciliation" entamée plus tôt. La procédure judiciaire, quant à elle, est toujours en cours.