Le 25 avril, le SOS Médecins de Tours va accueillir cette nouvelle structure, qui a pour but de centraliser tous les acteurs impliqués dans la prise en charge d'une victime.
"J'espère que cette nouvelle structure aura de la visibilité. Si on pouvait faire reculer un peu toute cette violence, ce serait ça de gagné pour les femmes." Depuis presque deux ans, le Dr Paul Phu travaille main dans la main avec le député LREM Philippe Chalumeau pour faire advenir le premier Espace d'accueil et d'orientation de femmes victimes de violences.Hébergé au sein des locaux de SOS Médecins de Tours, la structure veut mettre à disposition des femmes tous les moyens existants pour les aider dans un même lieu, déjà ouvert 24/24.
Écouter, accompagner, reconstruire.
— Philippe Chalumeau (@Chalumeau_P) 23 avril 2019
Tels sont les maîtres-mots de cet espace que je suis fier d'inaugurer à #Tours avec @MarleneSchiappa et @NunezLaurent.
Au nom de nos principes, pour celles qui se battent chaque jour contre la lâcheté de la violence.https://t.co/UqGq0CNXxh
De l'examen à l'hébergement
"L'avantage, c'est que les femmes victimes de violences auront un rendez-vous chez nous presque instantanément - tout dépend de leur responsabilité et leur volonté - SOS médecin va établir un certificat, et de là, la cellule va permettre d'accéder à toute la suite du process. Ces femmes vont pouvoir avoir un rendez-vous au commissariat dans les deux heures, ce qui est exceptionnel, puis avec un psychologue, et toutes les associations dédiées", détaille le Dr Phu.
Une fois la victime entendue par le commissariat, les faits pourront être immédiatement signalés au procureur de la République, qui pourra décider d'interpeller l'auteur des faits. Le Dr Phu et ses collaborateurs ont également réglé le problème de l'hébergement d'urgence pour les victimes et leurs enfants, par le biais d'une convention avec Entraid'Ouvrière, une association qui pourra les loger temporairement.
"C'est toujours compliqué de proposer quelque chose de nouveau, reconnaît le Dr Phu. Il faut expliquer qu'on ne se substitue à personne, rassurer les partenaires associatifs, rassurer aussi la Justice sur les compétences de SOS Médecins... Heureusement, le commissariat nous connaît très bien et sait qu'on est fiable ; la préfecture a porté le projet à fond. La réaction est globalement très positive."
Cette capacité à coordonner toute une chaîne d'acteurs en cas de soupçons de violences conjugales, sexistes ou sexuelles était fortement souhaitée par la commission qui avait rédigé l'année dernière la proposition de loi sur les violences sexistes et sexuelles. Parmi les 24 pistes envisagées dans le rapport rédigé par la députée d'Indre-et-Loire Sophie Auconie : "s'inspirer du modèle du centre d'accueil en urgence des victimes d'agression de Bordeaux" ou encore "faciliter le dépôt de plainte pour viol".
"Paye ta plainte"
L'accompagnement au commissariat est l'apport le plus inédit et sans doute le plus symbolique de ce nouvel espace. En effet, l'accueil des femmes victimes de violences dans les commissariats est souvent critiqué. En 2018, l'association féministe le Groupe F avait collecté et cartographié près de 500 témoignages sur le sujet.
Carton rouge pour de nombreux commissariats en France, y compris celui de Tours, où les victimes relevaient des "moqueries, propos sexistes, culpabilisation de la victime, refus ou découragement de porter plainte" ou encore "solidarité avec l'agresseur".
"C'est toujours impressionnant d'y aller, temporise le Dr Phu. C'est une structure qu'on ne connaît pas, très grande, avec 20 personnes qui attendent à l'accueil devant qui on va devoir expliquer de quoi on est victime, en se demandant ce qu'on a fait pour mériter cela, sans réelle intimité... C'est compliqué."
A Tours, dès ce 25 avril, les victimes seront désormais soutenues et accompagnées. En Indre-et-Loire, 2000 plaintes pour violences faites aux femmes ont été enregistrées en 2018, une augmentation de 20%.