Une passerelle en osier pouvant supporter 220 kg est construite à Richelieu

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Dans le cadre du festival "Les utopies constructives " qui aura lieu au printemps 2023 à Richelieu en Indre-et-Loire, une passerelle entièrement en osier est en cours de construction. Elle est le fruit de travaux de recherches d’étudiants de grandes écoles d’ingénieurs, d’art, d’architecture et de design.

Elle est encore inachevée mais est déjà unique au monde: une passerelle de 13m pouvant supporter un poids de 220 kg minimum et construite entièrement en osier. Une prouesse technique et architecturale dont la construction a commencé entre le 13 et le 18 juin à la Teinturerie à Richelieu en Indre-et-Loire. 24 bénévoles se sont afférés au tissage de plusieurs morceaux de la passerelle qui sera assemblée puis testée au cours de l'été avant son exposition finale.

Inspirée d'un oiseau qui tresse ses nids

Mais sa conception elle, a débuté bien avant, il y a deux ans, et est le fruit de l'imagination de chercheurs et d'étudiants de grandes écoles d’ingénieurs et d’architecture parisiennes. "L’idée est venue d’une discussion autour d’un verre avec un de mes collègues qui s’intéressait au tisserin baya, un oiseau qui tresse des nids en forme de goutte d’eau", explique Marc Leyral, Maître de conférence à l’Ecole Nationale d’architecture de Paris-la villette (ENSA). "J’ai acheté un nid, on l’a étudié et on a cherché un apport scientifique".

Le projet de créer une passerelle en osier arrive ensuite assez rapidement afin "d’étudier la façon dont on conçoit un franchissement", explique l'enseignant-chercheur. "Notre philosophie c’est que quand on propose un projet, on n'en connait pas plus nous-même. Donc on découvre les choses quasiment en même temps. Le défi nous intéresse justement parce-que ça n’a jamais été fait".

Un algorithme capable de concevoir le tissage idéal

Pour réaliser cette structure inédite entièrement en osier et capable de supporter le passage de plusieurs personnes, un groupe de chercheurs et d'étudiants de l'ENSA et de CentraleSupélec mettent préalablement au point un algorithme capable de planifier le tressage idéal. Baptisé Baya en référence à l'oiseau qui a inspiré sa conception, le savant programme se charge de concevoir la répartition théorique des brins d'osier. "On a essayé plusieurs densités et plusieurs angles dans les tressages et en fonction des résultats, on en a déduit le tressage idéal en terme de densité et d'angle vis-à-vis des efforts qui circulent dans la structure", explique Marc Leyral.

Un second groupe s'est ensuite afféré à créer des plans et à construire une maquette à l'échelle 1/5eme à partir des instructions données par l'algorithme. Cette première structure est déjà capable de supporter 40 kg. "Maintenant, après quelques semaines de recul, je réalise que mon travail est unique", se félicite Nicolas Prévost, l'étudiant en Master d'architecture qui a entièrement conçu la maquette.

Cela permettra peut-être de réaliser des choses en osier intéressante par rapport au mode constructif et à l’impact écologique, surtout avec la conjoncture actuelle.

Nicolas Prévost - Etudiant en Master d'architecture

Perpétuer un savoir-faire local

Dernière étape : le chantier participatif durant lequel des étudiants de l'ENSA, CentraleSupélec et de l'école Boulle ont tressé la passerelle finale sous la supervision d'osiéristes tourangeaux. "Il y a aussi l’aspect écologique. L’osier est un matériau qui produit peu de carbone, pousse très vite, n’abime pas les sols et on a un savoir-faire local qui est en chute libre. Donc dans ce projet, il y a aussi un peu ce désir de créer de nouveaux débouchés pour cette filière," argue Marc Leyral.

La passerelle devrait être assemblée au cours de l'été et testée autour du 8 aout. En attendant, Nicolas Prévost rédige son mémoire de fin d'études qu'il consacre à ce projet inédit dont la seule conception a demandé 3000 heures de travail. "On nous demande de faire des sujets de mémoire qui sortent de l'ordinaire mais de là à réaliser des projets à l’échelle 1 qui sont uniques au monde, c’est surprenant. Assez intimidant mais tellement passionnant qu’on est transporté. Ce n'est vraiment qu’à la fin du chantier participatif que j’ai réalisé qu’on l’avait fait".

La structure aussi insolite que fascinante sera posée au-dessus d’un canal et empruntable par le public au printemps 2023 à l’occasion du festival "Les utopies constructives" qui met à l’honneur l’architecture, la construction et le design.

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