Une centaine d'agriculteurs venus de toute la France dénonce le rachat de terres par des investisseurs chinois

Dans un contexte tendu, une centaine d'agriculteurs de la confédération paysanne ont mené une action secrète, à Clion dans l'Indre, mercredi 29 août. Leur objectif : dénoncer le rachat des terres céréalières dans l'Indre par des investisseurs chinois.

"Vous êtes pas chez vous là !", beugle un homme agressif à une centaine de personnes, avant de frapper la caméra d'un journaliste. La scène violente se déroule mercredi 29 août 2018 au milieu d'un champ à Clion, dans le nord-ouest l'Indre.

Ce jour-là, une centaine de paysans appartenant à la confédération paysanne ont investi l'une des terres du département pour dénoncer le rachat des terres céréalières dans l'Indre par des investisseurs chinois

L'homme au comportement vindicatif est lui probablement un salarié de l'exploitation propriétaire des lieux. Pris de court par cette action secrète, il souhaite chasser le groupe de militants qui occupent le champ. Mais en face, la centaine de paysans est opiniâtre. Drapeau jaune de leur confédération brandi, pas question de bouger.
 

"On n'arrive pas à trouver de terres"

Car depuis quatre ans, les investisseurs chinois accumulent les rachats de terrains. Ces dernières années, 10 millions d'hectares sont passés sous leur contrôle dans le monde entier. Et la région Centre-Val de Loire n'y a pas échappé.

"On est jeune, on a envie de porter un projet agricole, mais on n'arrive pas à trouver de foncier parce qu'il y a des personnes qui ont beaucoup d'argent et qui spéculent sur la terre... Sur un bien qui devrait normalement être protéger contre ce genre de pratiques", s'indigne Yolain Gauthier, maraîcher à Tours.

Et ce cri d'alarme est le même dans toute la France : les agriculteurs craignent la fin de leur métier. "L'objet de la terre, c'est d'abord de produire de l'alimentation pour les animaux et la population, mais aussi pour faire vivre les paysans", soupire Charlotte Kaerglonou, venue d'Ille-et-Vilaine où elle travaille dans une exploitation de vache laitière. "On ne doit pas spéculer sur quelque chose qui sert à nourrir. En Ille-et-Vilaine, il y a eu un projet de très grand parc d'attractions alors qu'à côté il y avait des paysans qui avaient besoin d'être conforté sur leur ferme".


3 salariés pour 1700 hectares

Ces grandes sociétés avares de terres ne sèment cependant pas beaucoup d'emploi. Sur les 1700 hectares, l'investisseur embauche 3 salariés.

"Ici, c'est un investisseur qui vient chercher du foncier agricole parce qu'il y a une rente foncière grâce à la PAC [politique agricole commune] et qui ensuite développe un emploi agricole pauvre en emploi et en production de qualité", explique Gilles Menou, porte-parole de la confédération paysanne de la région Centre-Val de Loire.

Voilà pourquoi, ces agriculteurs et éleveurs, de plus en plus désespérés, ont décidé de tirer la sonnette d'alarme et marquer les esprits avec cette action secrète. Dans ce contexte tendu, ce geste est pour ces paysans comme semer de l'espoir pour un avenir où les terres seraient mieux protégées.


Olfa Ayed et Julien Bernier étaient présents. Retrouvez leur reportage :
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