135 parlementaires et personnalités ont demandé à Emmanuel Macron, dans une lettre ouverte publiée ce 20 décembre, de "suspendre la Légion d'honneur" de l'acteur castelroussin Gérard Depardieu, mais aussi Patrick Poivre d'Arvor ou celle du sénateur Joël Guerriau, tous poursuivis pour des violences sexuelles.
"Être décoré ne confère pas seulement des droits, mais impose des devoirs moraux." Le ton est donné, dans la lettre ouverte publiée ce 20 décembre dans les pages de Libération par 135 personnalités, dont plusieurs parlementaires. Le texte vise en particulier l'acteur natif de Châteauroux Gérard Depardieu, mais aussi le journaliste Patrick Poivre d'Arvor et le sénateur Joël Guerriau.
"L'honneur n'est pas un privilège"
Le point commun des trois hommes : tous sont accusés de violences sexuelles à des degrés divers. Treize femmes accusent Gérard Depardieu de viols et d'agressions sexuelles, et son premier procès pour agressions sexuelles a été renvoyé aux 24 et 25 mars 2025.
Plus d'une cinquantaine de femmes ont aussi accusé PPDA, également mis en examen pour viols, même si nombre de plaintes ont été classées en raison de la prescription des faits imputés. Enfin, le sénateur Horizons Joël Guerriau a été mis en examen après avoir été soupçonné d'avoir tenté de drogué une élue en vue de commettre une agression sexuelle.
"L'honneur ne peut être un privilège indifférent à l'éthique et aux conséquences de nos actes", écrivent encore les signataires de la tribune, qui souhaitent que l'ordre de la Légion d'honneur "s'inscrive pleinement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles".
Une récompense "ternie" ?
"Nous, signataires de cette lettre, qui sommes ou avons été ministres, parlementaires, personnalités décorées qui portons avec fierté les insignes de la République, refusons que leur éclat soit terni par le maintien dans l'ordre de personnalités mises en cause pour violences sexistes et sexuelles", peut-on encore lire dans le texte, signé notamment par l'actrice Muriel Robin ou la patineuse artistique Sarah Abitbol.
Alors que la promotion du 1er janvier de la Légion d'honneur approche, ils demandent au président de la République de "suspendre systématiquement les décorations des personnes mises en examen pour violences sexistes et sexuelles, en attendant l'issue de la procédure judiciaire".
"Ce geste serait un signal fort pour la société, une reconnaissance de la souffrance des victimes, et une réaffirmation des valeurs de notre République", font valoir les signataires, parmi lesquels d'anciens ministres comme Aurélien Rousseau, Joël Giraud, Patrick Kanner, Laurence Rossignol et Elisabeth Moreno et de nombreux députés et sénateurs.
"Immense acteur"
Emmanuel Macron avait soutenu fin décembre 2023 Gérard Depardieu, affirmant que c'était un "immense acteur" qui "rend fière la France" et dénonçant "une chasse à l'homme". Ces propos avaient été tenus après que l'émission Envoyé spécial a révélé les propos tenus par l'acteur lors du tournage d'un documentaire en Corée du nord, notamment à l'égard de femmes et de petites filles.
Une information, diffusée par des médias d'extrême droite, avait par ailleurs laissé entendre que la séquence avait été modifiée au montage, idée également reprise à son compte par le président de la République. Et qui a depuis été réfutée, preuves à l'appui.
Le chef de l'État avait considéré que la Légion d'honneur était un ordre qui n'est "pas là pour faire la morale", désavouant sa ministre de la Culture Rima Abdul Malak, qui avait annoncé peu auparavant le lancement d'une procédure disciplinaire pouvant ôter la Légion d'honneur à Gérard Depardieu.