Glyphosate : face aux "pisseurs", des agriculteurs présentent leurs propres résultats

Une centaine d'agriculteurs ont participé à des analyses de leurs urines pour y déceler la présence de glyphosate. Les résultats, présentés lors d'une conférence de presse orchestrée par la FNSEA de l'Indre, sont très différents selon la méthode employée.

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Tout n'est qu'une question de méthode. C'est en résumé la philosophie de la centaine d'agriculteurs de la région qui ont présenté mardi 11 mars à Chateauroux en conférence de presse leurs analyses d'urine. Ou plutôt les taux de glyphosate contenus dans leurs urines, à l'image des "pisseurs de glyphosate" qui se battent depuis plusieurs mois pour l'interdiction du produit et mettent en avant une contamination générale de la population. 

Ces fameux "pisseurs" ont utilisé la méthode Elisa, mise en place par le laboratoire allemand BioCheck. Des tests qui, depuis leur importante médiatisation, font polémique. De nombreux agriculteurs sont ainsi montés au créneau pour dénoncer des résultats peu fiables et dramatisants. Et ont décidé de mener leurs propres tests, avec deux méthodes distinctes.
 


Résultats : avec la méthode Elisa, les urines des volontaires présentent des concentrations de glyphosate relativement semblables à ceux des "pisseurs", avec 60% des taux supérieurs à 1,1 ng/mL. Mais avec une deuxième méthode, la chromatographie, le résultat est sans appel : presque 100% des volontaires ont des taux inférieurs à 0,8 ng/mL.
 

Des résultats rassurants pour la FNSEA


"Nous, en tant qu'agriculteurs, on s'est tous posé la question. Si il y a du glyphosate dans nos urines, c'est problématique", explique Patrick Langlois, patron de la FDSEA du Loiret, qui présentait ses propres résultats ce vendredi à Tigy. Le recours à cette deuxième méthode était, selon lui, un bon moyen "pour se rassurer",
 
Mais alors comment expliquer les différences entre les deux tests ? Selon Checknews, les résultats théoriques des deux méthodes devraient être en accord les uns avec les autres. Seule subsiste comme explication un défaut dans la mise en oeuvre des tests. Le même article recommande par ailleurs l'utilisation des deux méthodes sur les mêmes échantillons pour s'assurer que les résultats, si cohérents, soient exploitables.

Néanmoins, les résultats de l'analyse par chromatographie sont "rassurants" pour Patrick Langlois : "Ca ne représente rien du tout, ce sont des doses infimes.
 

Des résultats insuffisants pour les écologistes


Pourtant, même à doses réduites, la présence de glyphosate dans les urines reste inquiétante pour les militants anti-pesticides. "On a fait ces tests au niveau national pour mettre en avant la question des pesticides", éclaire Dominique Viard, membre du collectif "Campagne glyphosate 36".
 
Pour lui, le principe de précaution doit être mis en avant : "On est imprégnés dans un monde qui est plein de pesticides. Alors quel que soit le dosage, on aimerait qu'il y en ait zéro."

Car il n'existe pour le moment pas de valeur biologique d’interprétation quant à la présence de glyphosate dans les urines. En d'autres termes, aucun seuil, à partir duquel la concentration serait dangereuse pour la santé, n'a été défini. La réglementation européenne ne s'est pour le moment pas penchée sur la question. 

Pour le toxicologue Joël Guillemain, il faut ajouter au danger, qui "a été identifié pour le glyphosate", "la notion de risque, qui est la conjonction du danger et de l'exposition. La question qu'il faut se poser, c'est [...] le risque que l'on fait courir aux populations."

Un vaste débat dont le dernier exemple, la distance d'épandage de pesticides autorisée à proximité des habitations, a mis nombre d'agriculteurs fort en colère. Pour savoir si les résultats recueillis par les "pisseurs" sont exploitables , il faudra attendre les résolutions des plaintes qu'ils avaient déposées pour notamment "mise en danger de la vie d'autrui" et "atteintes à l'environnement".
 
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