Dans l'Indre, manifestation tendue entre opposants et défenseurs d'un projet de centre d'accueil pour migrants

À Bélâbre dans l'Indre, deux manifestations sont organisées ce samedi 11 mars. L'une pour s'opposer au projet de création d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, l'autre au contraire, pour défendre le projet. Une confrontation qui a donné lieu à quelques échanges tendus entre manifestants.

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Si ce samedi 11 mars est bien une journée de mobilisation dans toute la France, à Bélâbre, petit village de l'Indre de 900 habitants, ce n'est pas la réforme des retraites qui cristallise l'attention mais l'implantation d'un CADA, un centre d'accueil pour demandeurs d'asile. Le projet, voté en conseil municipal en février dernier, suscite l'inquiétude d'une partie des habitants et mobilise l'attention de militants et partis d'extrême-droite.

Une centaine d'opposants au projet se sont donc donné rendez-vous devant l'église de la commune pour dire leur refus de voir se créer cette structure qui sera gérée par l'association Voltais et prendra ses quartiers dans une chemiserie désaffectée. Parmi eux, des Bélabrais qui refusent la création du centre, soutenus par des militants du parti reconquête d'Eric Zemmour et des membres du Rassemblement National.

"On n'a rien à leur proposer malheureusement ici"

"Je ne suis pas contre les demandeurs d'asile", explique Ludivine Fassiaux qui a créé l'association "L'Union bélâbraise" pour lutter contre le projet de CADA. "Je suis contre des centres qui s'implantent dans des villages inadaptés. On n'a pas de transports, on n'a pas d'emplois, on a des entreprises qui sont déjà saturées par l'inflation et la politique nationale de monsieur Macron. On n'a rien à leur proposer malheureusement ici." La présidente de l'association se défend d'être "facho", mais dit redouter "un choc culturel". "La population locale n'est pas habituée, pas préparée, n'a pas été informée", argue-t-elle en haussant la voix pour parvenir à se faire entendre.

Car à coté un second rassemblement est organisé. Une "contre-manifestation" composée de plus d'une centaine d'habitants et de sympathisants au projet qui scandent "les fachos dehors", "non à la haine" et "plus d'amour, moins de Zemmour". Alors forcément, la rencontre, bien que prévue des deux côtés, donne lieu à des échanges tendus. "Vous êtes des ignorants et des menteurs !", hurle un manifestant pro-CADA à Ludivine Fassiaux qui tente de se justifier. "Vous nous traitez de fachos parce qu'on s'oppose à un projet décidé par la mairie en catimini", se défend-elle avant de lancer exaspérée: "Vous ne l'aurez pas votre CADA, je vous en fait la promesse."

"On voit là une stratégie d'extrême-droite qui est à l'œuvre"

Sur les marches de l'église, les discours se succèdent, critiquant tour à tour le futur CADA mais aussi la politique migratoire du gouvernement. Dans la foule, Alexei acquiesce. "On est bien chez nous", explique-t-il, n'hésitant pas à faire l'amalgame entre immigration et délinquance. "On n'a pas envie d'avoir ici le deuxième quartier de Paris où les gens ne sont pas chez eux, de voir des étrangers se promener dans les rues en étant agressifs, shootés, qui sont tout simplement dangereux", explique ce berrichon d'origine russe qui a pourtant été lui-même naturalisé français il y a plusieurs années. "Mais je suis assimilé français!", déclare-t-il. "Ces gens n'ont pas notre culture qui est plutôt européenne on va dire, et aussi nos valeurs qui sont chrétiennes. Donc on ne veut pas avoir le choc des cultures ici dans les campagnes."

Parmi les arguments également avancés par les opposants: l'absence de transports et de travail mais aussi les supposées difficultés d'intégration des enfants à l'école. Autant de raisons balayées d'un revers de main par Céline qui manifeste de l'autre côté de la barrière. "Soit disant il n'y a pas de travail? Ils ne peuvent pas travailler de toute façon dans un premier temps tant qu'ils n'ont pas leurs papiers définitifs. Ils ont peur pour l'école? Ça risque juste de permettre de garder une classe ouverte et les enfants acceptent très bien les différentes cultures. Ça ne peut que contribuer à ouvrir leurs esprits."

"On voit là une stratégie d'extrême-droite qui est à l'œuvre", ajoute Christiane Véron, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l'homme et membre de la section de l'Indre. "On s'attaque à des petites structures rurales. Il s'agit de faire peur tout simplement."

L'installation d'un CADA dans une petite ville n'a jamais provoqué d'incident quelconque. Ça ne va pas faire baisser le niveau des écoliers, ça ne va pas provoquer de la délinquance.

Christiane Véron, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l'homme

Le maire de Bélâbre, qui affirme recevoir des menaces de la part de groupes d'extrême-droite depuis l'adoption du projet, se dit déterminé à ce que le centre d’accueil ouvre un jour ses portes. Le collectif d’opposants envisage d’éventuels recours juridiques. Il met en cause la délibération municipale relative à la vente des locaux de l’ancienne usine du village.

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