"Ici, les enfants dorment bien" : réfugiés de la guerre en Ukraine, ils tentent de se reconstruire en Touraine

Réfugiés dans un camping en Indre-et-Loire, les Ukrainiens Artur et Viktoria tentent de retrouver une vie apaisée avec leurs trois filles. Mais la guerre, elle, ne les oublie pas.

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 Ils sont arrivés mi-mars, serrés tous les cinq dans leur break gris, après un périple de quatre jours depuis Novomoskovsk, dans l'est de l'Ukraine. Chargés de bidons d'essence et avec Chappy, leur turbulent teckel, ils ont quitté la maison construite de leurs mains pour les bords de Loire.

Accueillis par la Croix-Rouge dans un camping de La Ville-aux-Dames, tout comme 18 autres familles, ils se posent enfin dans la banlieue boisée de Tours. Dans le centre du "village" éphémère, l'après-midi commence par une séance d'essayage.

Parmi les dons, Viktoria ,35 ans, et ses deux plus grandes filles trouvent des baskets. "Merci", lance la mère, en français. Karolina, 16 ans, se choisit aussi quelques vêtements. "Merci beaucoup", hasarde-t-elle, alors que des bénévoles installent une télé dans un coin. Des enfants branchent immédiatement une console et se lancent dans une partie de Mario Kart.

"On a été réveillés par les missiles"

Dans leur mobile-home "Anne de Bretagne", Artur, 41 ans, se confie en russe. "Le 24 février, on a été réveillés par les missiles. Après, on n'a plus été bombardés pendant deux semaines, puis, ça a recommencé le 11 mars", raconte l'ingénieur en génie civil.

"On a compris que ça allait tomber encore plus fort. On a pris la direction de la frontière polonaise." Installé dans le canapé rouge du petit logement surchauffé, le père se félicite: "Les enfants dorment bien ici. Là-bas, tu te couches avec l'idée que tu ne vas peut-être pas te réveiller."

Karina, 11 ans, et Irina ,6 ans, entrent et sortent en trombe du mobile-home. Les deux sœurs filent retrouver d'autres enfants sur l'aire de jeu du camping réservé à l'accueil des familles ukrainiennes. "Au début, les filles avaient peur de chaque avion ou même du bruit des camions. Maintenant, c'est mieux", souffle Viktoria. "Pour nous aussi", abonde Artur, qui a déjà connu l'exil. Il avait 8 ans quand sa famille a trouvé refuge en Ukraine, quittant l'Arménie après le séisme de 1988.

La guerre, si loin et si près

"On arrive à ne pas penser à la guerre. Il y a des activités, c'est plus facile", rebondit Viktoria, qui se réjouit de commencer bientôt les cours de sport organisés par la Croix-Rouge. Mais, la guerre, elle, ne les oublie pas. Artur reçoit un SMS. C'est la mère de Viktoria: Novomoskovsk a été visée par des frappes russes. La jeune femme est émue. Sa maman refuse de quitter la ville. "Peut-être que si les bombardements continuent, elle partira", espère-t-elle, les larmes aux yeux. Reste la vie quotidienne à assurer. Grâce à une épicerie solidaire qui se déplace dans le camping, Viktoria a déjà réussi à préparer du bortsch et se lance dans une "salade de l'olivier", un plat festif traditionnel. Artur écale les oeufs. "A la maison, quand je ne travaille pas, j'aide à faire à manger. Aujourd'hui, je ne travaille pas", lance le papa avec ironie.

Karolina rentre du cours de français et épluche les carottes. La jeune fille brune pêchue veut être cheffe, elle continue de suivre quelques cours de cuisine en ligne. La guerre semble bien loin de ses préoccupations. A 16 ans, "mais bientôt 17 !", elle veut retourner jouer au basket comme en Ukraine. Elle est impatiente, son premier entraînement avec l'Etoile sportive de La Ville-aux-Dames est prévu le lendemain.

L'ado ne se dépare jamais de son sourire. Sauf quand l'émotion se fait trop forte, comme lors de ce concert caritatif à l'Opéra de Tours. L'artiste ukrainienne Inshaya, réfugiée elle aussi, a chanté la guerre, Karolina et Viktoria ont pleuré.
En clôture, les artistes ont entonné l'hymne ukrainien. Invitée et installée au balcon du théâtre à l'italienne, la famille s'est alors levée, la main sur le coeur, pour chanter. Le silence revenu, Artur a replongé dans son téléphone. Des nouvelles de sa belle-sœur : Novomoskovsk et son dépôt de carburant ont été bombardés pendant la soirée.

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