Les 17 et 18 mars 2022, Plus de 200 réfugiés ukrainiens sont arrivés par bus à Bourges puis Orléans. Après un long et douloureux périple, ils sont accueillis et accompagnés dans leurs démarches administratives et matérielles.
Il est aux alentours de deux heures du matin lorsque le bus arrive devant l’hôtel Ibis en périphérie de Bourges. A son bord, quarante-trois femmes et cinquante-sept enfants, épuisés après leur voyage de plus de dix heures. Tous viennent de Korosten, ville située à l’Ouest de Kiev avec laquelle Bourges s’est jumelée en réaction au conflit.
Pour les accueillir, le gérant a mis gracieusement son hôtel à leur disposition. Ils y resteront quatre jours avant d’être logés dans des appartements mis à disposition par le Conseil Régional. Il s’agit d’appartements du CREPS de Bourges et de logements de fonction vacants dans des lycées. "A bourges, on a choisi de ne pas les mettre en famille d’accueil. Ils seront dans des appartements pour que ce soit plus durable parce qu’au bout d’un moment, on sait que les familles d’accueil peuvent avoir des difficultés", explique Yann Galut, le maire de Bourges.
Un service de la préfecture décentralisé à l’hôtel
Après une nuit de repos, place aux formalités administratives. La préfecture du Cher s’est décentralisée dans l’hôtel afin d’enregistrer les familles auprès des services de l’état. La ville de Bourges a fait de même avec le Centre Communal d’Action Sociale. "Plutôt que de leur dire "allez a la préfecture de bourges", ils ne savent pas où elle se trouve… c’était plus logique que nous venions sur place", explique le Préfet du Cher.
Leur séjour en France s’inscrit dans une durée que l’on ne peut pas déterminer. Ca dépend de la guerre, mais aussi de l’après-guerre. Et ça dépend de leur volonté à retourner chez eux si leur logement n’a pas été détruit par la guerre. Donc il faut leur permettre de s’installer et de bénéficier de tous les droits qui leurs permettent de vivre cet exode le mieux possible.
Jean-Christophe Bouvier - Préfet du Cher
La prise d’empreinte se fait sur place. Les photos d’identité aussi grâce à un photographe de la préfecture qui a fait le déplacement. Devant l’agent administratif, Natalia et sa fille Irina complètent leur dossier. Le mari de Natalia est resté à Korosten où il s’occupe de personnes âgées. Son fils de 24 ans, militaire, protège la ville et ses alentours. "J’ai attendu jusqu’au bout, je ne voulais pas partir", raconte la mère de famille. "Mon mari s’inquiétait tout le temps car les sirènes résonnaient toutes les trente minutes. On devait aller se cacher tout le temps, on ne pouvait plus supporter ça. On avait peur pour nos enfant alors on a décidé que moi et ma fille devions partir. C’était difficile de se séparer mais on est toujours en contact."
Leur dossier complété, Natalia et Irina disposent désormais d’une autorisation provisoire de séjour de 6 mois renouvelable qui leur ouvre l’accès à la scolarisation des enfants, au droit du travail, à la protection maladie universelle et à une allocation lorsque cette dernière sera mise en place. Natalia était professeur des écoles en Ukraine et aimerait pouvoir continuer dans cette voie en France. "Pour l’instant ça va être difficile. Je voudrais bien travailler dans ce milieu-là, mais sans parler français, je ne sais pas comment faire. Alors pour l’instant, je suis prête à travailler n’importe où et dans n’importe quoi tant que je ne reste pas à la maison sans rien faire."
Des parrains pour aider les réfugiés
Dans quelques jours, elle et sa fille seront également accompagnées par un parrain choisi par la ville. "Il s’agit d’un élu ou d’un citoyen", explique Yann Galut. "S’il y a une difficulté, chaque référant pourra intervenir auprès des services de l’Etat ou de la ville. C’est un accompagnement moral pour qu’ils soient en lien continu avec quelqu’un."
D’autres arrivées de réfugiés devraient avoir lieu sur Bourges. C’est en tout cas ce à quoi s’affaire la municipalité, en collaboration avec sa ville jumelle Korosten. Mais à ce stade, il reste difficile d’en évaluer le nombre.
121 ukrainiens arrivés à Orléans
Autre bus et même parcours tragique pour les 121 réfugiés arrivés vendredi 18 mars à Orléans en fin d’après-midi. Eux aussi ont fait près de dix heures de route depuis la Pologne où ils avaient trouvé refuge. Pour certains, le voyage s’ajoute parfois à plusieurs semaines d’errance à travers l’Ukraine bombardée.
Irena n’a pas attendu d’entendre les premières détonations avant de décider de partir. "Nous avons décidé de ne pas rester les bras croisés à attendre que cela arrive et risquer nos vies", raconte-t-elle. "Je ne savais pas où aller, alors quand on m’a proposé la France, quelques chose a résonné en moi fortement parce que j’avais toujours eu envie d’apprendre la langue française."
Anna, elle, était étudiante en Ukraine. "Je pense beaucoup à tous ceux qui sont restés là-bas, qui se battent pour le pays, et c’est très difficile d’être aussi loin de ma terre natale. Mais je voulais continuer dans ma voie, poursuivre mes études d’art", explique-t-elle.
Comme elles, beaucoup de femmes et d’enfants ont été accueillis au complexe sportif d’Orléans La Source où ils ont pu se restaurer et se reposer avant d'être hébergés dans des familles d'accueil de l’agglomération. Anna pourra même reprendre un semblant de normalité ce lundi 21 mars. Elle sera accueillie à l'école supérieure d'art et de design d'Orléans.