Après des mois de travail et grâce à la mobilisation des propriétaires, vétérinaires et prothésistes, la shetland de 20 ans peut désormais retrouver une vie de poney – à peu près – normale.
Un joli "happy ending" pour Ebonie. La ponette peut de nouveau trotter dans son champ à Crozon-sur-Vauvre, dans l'Indre, après une amputation et une patte presque comme neuve. Mais, à l'instar d'un véritable conte de Noël, le chemin de la shetland de 20 ans a d'abord été sinueux.
Tout commence au printemps 2020. "Ebonie, qui est très turbulente, s'est sauvée et s'est pris la patte dans un fil de fer. La patte pendait, elle s'est cassée", se souvient son propriétaire, James Kasza. La shetland doit alors porter un plâtre et restée confinée dans son écurie. Mais le naturel revient vite au galop : elle s'échappe à nouveau, brise son plâtre et aggrave sa blessure. La fracture est ouverte, sa patte se nécrose.
Juin 2020. Deux opérations plus tard, un choix s'impose alors à Fabrice Fosse : euthanasier Ebonie, ou l'amputer. Mais le vétérinaire d'Orsennes (Indre) et les propriétaires de la ponette ne veulent pas baisser les bras, et décident de tout faire pour la remettre sur patte. Quitte à lui en donner une nouvelle, celle-là artificielle.
"Elle court, c'est merveilleux !"
Cette décision a été motivée par "la gentillesse de la ponette, la sympathie des propriétaires, et l'envie d'essayer, dans des conditions qui ne sont pas celles d'une grande clinique équine, mais d'une clinique mixte", assure Fabrice Fosse. Il souligne "un challenge qui a motivé toute l'équipe". Des dizaines de personnes ont été mobilisées des mois durant. Vétérinaires, mais aussi des prothésistes de l'hôpital de la Tour blanche, à Issoudun (Indre).
"Au début, c'était un petit peu compliqué de transposer les connaissances qu'on a des prothèses sur l'homme à l'anatomie du cheval", admet Hippolyte Macke. Lui, son truc, c'est plutôt les humains. Qu'à cela ne tienne : "On a dû s'adapter et, finalement, on a trouvé la solution après plusieurs essais et plusieurs prototypes de prothèses". La cinquième, posée en novembre 2020, est la bonne : entièrement articulée, elle a même un sabot. Rien que ça.
"Elle court quelque fois. Elle vit, c'est merveilleux !" s'exclame James Kasza. D'ailleurs, ni lui, ni les vétérinaires et prothésistes ont dit leur dernier mot : ils travaillent encore sur une nouvelle prothèse, plus légère et solide que le plastique et le métal, en fibre de carbone. Une nouvelle vie se profile pour Ebonie. Elle pourra gambader – et surtout se pavaner avec sa nouvelle prothèse – encore longtemps.
Un reportage de Jean-Philippe Elme, Malvina Raud, Anthony Capra, montage de Vincent Quemener.