Indre : un éleveur crée une cagnotte pour sauver ses 130 vaches de l'abattoir

Avec plus de 400 000 euros de dettes, Jean-François Goumain est sous la menace d'une liquidation judiciaire, et ses vaches pourraient être abattues sans repreneur début juillet. Pour sauver son élevage, dans l'Indre, il a créé une cagnotte en ligne, qui affiche plus de 40 000 euros de dons.

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"C'est mes filles, c'est ma vie. Si on me les enlève, j'existe plus." Jean-François Goumain est éleveur de vaches laitières depuis la fin des années 80, à Anjouin dans l'Indre. Héritée de sa grand-mère, puis de ses parents, sa ferme est placée en liquidation judiciaire, et ses 130 vaches risquent d'être abattues si aucun repreneur ne se profile d'ici à début juillet.

Car, à 57 ans, le paysan est aujourd'hui criblé de dettes : 430 000 euros en tout. Des dettes, qu'il impute à "des problèmes météo", "des sécheresses", et à une arnaque, dont il a été la victime en 2013 :

Un marchant nous a vendu un aliment soi-disant révolutionnaire, qui allait transformer dans la panse de la vache pour qu'elle rumine mieux. Mais c'était beaucoup trop riche en urée, qui a fait avorter 15 vaches.

Jean-François Goumain

Effet boule de neige

Conséquences : aucune de ces vaches n'a produit de lait cette année-là, et certaines sont même devenues stériles. "On a été obligé de faire un redressement judiciaire pour étaler les dettes." Mais du jour au lendemain, Jean-François Goumain dit avoir été abandonné par sa laiterie, "parce que soi-disant on dépassait le montant [de dettes] habituel", explique-t-il. A partir de là, c'est "l'effet boule de neige".

La trésorerie baisse. Les vaches tombent malades et ne sont pas traitées, car pas de fonds pour les soigner. Elles produisent du lait en plus faible quantité et de moindre qualité, car pas de fonds pour les nourrir suffisamment. Et forcément, "on était sous le label "C'est qui le patron", mais on nous l'a retiré parce que les vaches étaient trop maigres." En quelques mois, la ferme passe de 17 000 à 4 000 euros de chiffre d'affaires mensuel. L'associé de Jean-François Goumain, sans salaire pendant quatre mois, doit quitter son poste et chercher un autre travail "pour nourrir ses trois enfants". 

Désormais, la ferme est sous la menace d'une liquidation judiciaire, avec le 5 juillet comme date butoir pour trouver un repreneur. Sinon, les 130 vaches de l'exploitation pourraient finir à l'abattoir. Un déchirement pour le paysan, dont les plus vieilles vaches sont dans l'exploitation depuis 11 ans. 

40 000 euros récoltés grâce à une cagnotte en ligne

Pour tenter de remonter la pente et de sauver le travail de toute une vie, Jean-François Goumain a "passé l'exploitation en herbe pour acheter le moins possible d'aliments" et "refait des pâtures parce que ça ne coûte rien en ramassage". Il l'assure : "Les vaches ont repris de l'état !"

Et pour poursuivre sur cette lancée, l'éleveur a crée une cagnotte sur le site Leetchi, et en appelle aux bonnes volontés. Déjà plus de 40 000 euros ont été récoltés à la date du 28 mai, de la part de 1 300 donateurs émus par le sort du paysan. Des dons accompagnés de petits mots d'encouragement. "Soyez fort, nous sommes de tout cœur avec vous", écrit un internaute. Preuve de bonne foi, Jean-François Goumain affirme être disposé à faire visiter sa ferme.

Retrouvez le reportage de Céline Durchon et Coralie Pierre :

 

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