Dans ce petit village de 313 habitants, l’école communale fermera ses portes en juillet prochain. Les élèves seront regroupés dans une école d’une commune voisine.
Le 5 juin prochain, la cloche sonnera pour la dernière fois dans l’école communale de Sarzay. Les enfants franchiront pour le dernier jour le seuil de ce bâtiment qui, pendant des dizaines d’années, a rythmé la vie des écoliers de la commune rurale.
La direction des services de l’éducation nationale a communiqué au maire, Patrick Lacou, sa volonté de fermer la seule classe regroupant 13 élèves de CM1 et CM2. Les effectifs ayant diminué, pour ne pas réunir tous les élèves de la maternelle au CM2 dans une même classe à quatre niveaux, l’inspection académique a proposé au maire de regrouper les écoliers dans une autre classe à Montipourret, huit kilomètres plus loin.
"J’ai accepté la fermeture seulement pour éviter que des enfants d’âges très différents se retrouvent dans une même classe. Cela n’aurait pas été pédagogique pour eux", insiste le maire, qui se dit très contrarié par ce qu’il perçoit comme une situation imposée par les services étatiques.
"Une logique mathématique"
D’autant plus que le 17 juillet 2017, lors d’un discours au Sénat, Emmanuel Macron avait été clair : "En matière d'école, ce qui est sûr, c'est que les territoires, en particulier les plus ruraux, ne peuvent plus être la variable d'ajustement d'économies. C'est pourquoi il n'y aura plus de fermeture de classes dans les écoles primaires".L’annonce avait aussi été confirmée par le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui s’était décrit comme le "premier fervent partisan des écoles rurales." Cependant, le ministre a nuancé la promesse présidentielle le 27 avril dernier : il n'y aura plus de fermetures d'écoles primaires contre l'avis des maires, mais des classes pourraient continuer à fermer en fonction des besoins, avait-il declaré sur France Info.
De ces mots, Patrick Lacou s’en souvient très bien. Mais face aux actes, il se sent désenchanté et dénonce la persistance d’une logique qui, selon lui, ne prend pas en compte la réalité du terrain : "Tant qu’on a eu le nombre d’élèves jugé suffisant pour mettre en place une classe, on a pu le faire. Maintenant, avec 13 écoliers, l’Education nationale nous communique qu’il faut fermer l’école. C’est une logique mathématique."
Déclin démographique
La commune de Sarzay se situe dans un Regroupement pédagogique intercommunal (RPI), une structure d’organisation reposant sur un accord entre plusieurs communes voisines (Sarzay, Tranzault, Lys-Saint-Georges, Mers-sur-Indre et Montipouret) pour la répartition des élèves en fonction de leur niveau. L’ensemble des écoles faisant partie d’un même RPI fonctionnent en théorie comme un seul institut. Le but : éviter la dispersion scolaire dans les communes avec une démographie en déclin. De 540 habitants en 1931, Sarzay se retrouve avec 313 résidents aujourd’hui. Un déclin démographique qui a également des conséquences sur le nombre d’élèves résidents dans la commune : seulement cinq enfants scolarisés dans l’école communale résident à Sarzay.C’est précisément l’argumentaire de Pierre-François Gachet, directeur académique de l’Indre. "Compte tenu de l’évolution démographique du village, il fallait absolument éviter la création d’une classe à plusieurs niveaux. Les maires et l’académie n’avaient que ce choix pour garantir de bonnes conditions d’apprentissage et surtout pour ne pas procéder à des fermetures de classes dans l’absolu", fait-il savoir. Avant la fermeture de l’école de Sarzay, sur les cinq communes composant le RPI, sept classes étaient réparties sur quatre écoles. A partir de septembre, le même nombre de classes sera gardé, mais elles seront distribuées sur trois communes seulement.
"Personne a vraiment pu contester la fermeture de l’école"
"Le processus de décision a été long. Le choix a été pris en accord avec les parents, les enseignants et notamment avec les maires, auxquels revenait la décision finale. La solution trouvée satisfait tout le monde", développe Pierre-François Gachet, qui met en avant le caractère partagé de la phase de concertation."Personne a vraiment pu contester la fermeture de l’école. L’intérêt des enfants a primé sur toute question politique et administrative. Mais sociologiquement parlant, c’est une perte pour notre commune", conteste le maire Patrick Lacou en affichant une certaine amertume.
Ce qui est certain, c'est que les agissements du gouvernement en matière d’éducation sont sous la loupe de l’association des maires ruraux de France (AMRF), qui soupçonne le projet de loi Blanquer actuellement en discussion au Parlement de s’inscrire "dans une logique d’incitation à la concentration scolaire … [qui] tend à accélérer la réduction du nombre d’écoles rurales". L'année dernière 808 classes en zone rurale auraient fermé dans 90 départements selon les chiffres du syndicat SNUipp-FSU.