Témoignage : Aurélie a déposé plainte pour dénoncer la fermeture de la maternité du Blanc dans l’Indre

Aurélie attend son premier enfant. Elle est l’une des quatre femmes enceintes à avoir déposé plainte samedi 29 juin pour "mise en danger de la vie d'autrui" afin de dénoncer la fermeture de la maternité du Blanc il y a un an.

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A 31 ans, Aurélie sera bientôt maman pour la première fois. Une grossesse "normale, sans difficultés ni problèmes particuliers", raconte-t-elle, si bien qu'elle n’éprouve aucun stress à ce propos. Elle envisage même un accouchement physiologique, le plus naturel possible.

Si Aurélie vit l’approche du jour J avec sérénité, elle angoisse par contre terriblement de devoir faire de la route. Aurélie habite à cinq minutes de la maternité du Blanc dans l’Indre, mais elle ne pourra pas y mettre au monde son premier enfant : l'établissement a fermé il y a un an tout juste, en juin 2018, sur décision de l'Agence régionale de santé (ARS).

Elle envisage donc d’accoucher à Châtellerault, "parce que d’après les échos que j’ai pu avoir, c’est ce qui se rapproche le plus de ce qu’il y avait ici au Blanc, explique-t-elle.  C’est une maternité avec du personnel qui prend du temps pour vous cocooner, pour qu’on soit bien. Ce n’est pas une usine à bébés avec des accouchements à la chaîne. On n’est pas juste un numéro."
 


Cela génère du stress que je n’aurais pas dû avoir si j’avais été à la maternité qui est à 5 minutes de chez moi !


C’est donc la qualité supposée de l’établissement qui a guidé Aurélie dans son choix. Car, question distance, elle n’avait pas d’alternative satisfaisante à la maternité du Blanc. Châtellerault, Châteauroux et Poitiers, les plus proches, sont toutes à une heure de route.

"Ça va être stressant ! J’ai peur que ça accélère le travail  puisque la voiture a tendance à faire cela, redoute-t-elle. Ca veut aussi dire qu’il faut se préparer d’avantage, qu’il faut être tout le temps sur le qui-vive, notamment par rapport à mon conjoint. A la fin de la grossesse, il va falloir qu’il reste autant que possible près de la maison pour pouvoir m’amener le plus rapidement possible."

Aurélie se pose beaucoup de questions sur cette heure de trajet qu’elle redoute : "Est ce qu’on ne va pas partir à  la maternité trop tôt et être renvoyés chez nous comme c’est déjà arrivé à certaines femmes sur le territoire, et qui ont finalement dû accoucher chez elles ? Ou alors, est-ce qu’on ne va pas partir trop tard et se retrouver à devoir accoucher sur la route comme c’est déjà arrivé ailleurs en France où des maternités ont fermé ? Cela génère du stress que je n’aurais pas dû avoir si j’avais été à la maternité qui est à cinq minutes de chez moi", déplore-t-elle.

Un kit de grossesse distribué aux futures mamans

 

Avec trois autres femmes enceintes du Blanc et de ses alentours, Aurélie a donc décidé de déposer plainte contre l’Etat pour non-assistance à personne en danger. Samedi 29 juin, les quatre futures mamans se sont rendues à la gendarmerie accompagnées de plus d'une cinquantaine de membres de l'association "C'est pas demain la veille" qui se bat pour la réouverture de la maternité.

"J'ai déposé plainte contre X pour ne pas réduire le champ des responsabilités uniquement à l'État", raconte-t-elle, "mais c’est surtout pour alerter.  Ça fait un an que l’on fait des actions et en face, aucune réponse ne nous est apportée. On nous abandonne totalement. On a fermé notre maternité et on ne nous propose rien comme solutions pour faire face à cette heure de route (...) Ce dépôt de plainte, c’est pour dire : "Eh oh ! L’Etat ! Vous ne  faites plus votre travail pour assurer la sécurité et la santé des citoyens"".
 

Pour pallier ce manque de solutions, Aurélie et les membres du collectif  "C’est pas demain la veille !"  dont elle fait partie, ont élaboré un kit de grossesse baptisé "Pack une heure de route". Il est destiné aux femmes enceintes qui devront prendre un véhicule en urgence et contient des stickers magnétiques sur lesquels on pourra lire "Urgence bébé arrive", à poser sur les capots des voitures et un gyrophare à brancher sur l'allume-cigare. "L’idée est née de cette angoisse du trajet. On n’est pas à l’abri de tomber derrière un tracteur ou une personne qui roule à 70 km/h  donc on voulait leur signaler qu’il faut libérer le passage, un peu comme une ambulance."

Cinq kits sont prêtés aux mamans sur le point d’accoucher. Elles doivent ensuite le restituer à l’association pour les futures mamans suivantes. Aurélie sait déjà qu’elle utilisera ce kit le jour J : "On se retrouve à devoir proposer, entre guillemets, des solutions. C’est loin d’être satisfaisant mais il faut gérer cette heure de route et le danger que cela représente", conclut-elle.

La fermeture de la maternité du Blanc en juin 2018 sur décision de l'Agence régionale de santé (ARS) a provoqué de nombreuses protestations et manifestations. Le président de la République Emmanuel Macron, lors d'une visite dans la région le 14 février 2019, a exclu la réouverture de l'établissement au nom de la sécurité médicale.
 
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