C’est une première en France ! Les étudiants en kinésithérapie du Centre-Val de Loire sont formés au sein d’une école universitaire, ce qui leur permettra notamment d’obtenir un master à l’issue de leurs quatre années d’études.
L’adresse ne change pas, c’est toujours dans un bâtiment du campus d’Orléans-La Source que les futurs kinésithérapeutes sont formés. Le nombre d’élèves ne change pas non plus, ils sont 90 à faire leur rentrée, ce mercredi 4 septembre, et viennent en majorité de l’université de Tours, où ils ont validé leur PACES (première année commune aux études de santé). Derrière cette stabilité, il y a beaucoup de nouveautés : l’institut régional de formation devient une école universitaire. Pour les étudiants, cela signifie d’abord que le coût de la formation se limite aux droits d’inscription universitaires (170 euros en licence). Cela leur permet aussi de rentrer dans le système LMD – licence, master, doctorat, et de pouvoir ensuite se diriger plus facilement vers d’autres métiers de santé ou bien se lancer dans la recherche.
explique Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Ce changement ouvre, en outre, des portes aux jeunes qui souhaitent étudier ou faire un stage à l’étranger. Dans de nombreux pays comme le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande ou encore le Royaume-Uni, la kiné s’apprend à l’université et les échanges vont ainsi être facilités.Si vous avez besoin de rééducation pour, par exemple, un accident vasculaire cérébral, on doit savoir si les techniques et les méthodes qu’on va employer sont efficaces ou pas et la seule façon de les évaluer, c’est par la recherche, donc cette universitarisation est essentielle pour ça,
La France avait accumulé « un retard considérable » dans ce domaine aux yeux de Pascale Mathieu, mais c’est donc en train de changer avec cette première à Orléans. La création de cette école en Centre-Val de Loire est « un projet qui remonte à plusieurs années et qui entre dans le cadre plus général de l’universitarisation du monde paramédical », précise Ary Bruand, le président de l’université d’Orléans. Ces derniers mois, les kinés ont manifesté à plusieurs reprises pour une meilleure reconnaissance de leur métier et contre un arrêté qui donne davantage de compétences aux chiropracteurs. « La kinésithérapie est une discipline qui s’inscrit dans un champ scientifique et son ancrage à l’université en atteste », fait valoir Pascale Mathieu.
Pour la région, il s’agit d’attirer de futurs professionnels de santé en misant sur l’originalité et l’innovation. Anne Leclercq, vice-présidente du Conseil régional du Centre-Val de Loire, souligne qu’offrir la (quasi-)gratuité de la formation et proposer de bonnes conditions matérielles d’apprentissage « valorisent l’école et la région » et permettront peut-être, à terme, de répondre « aux besoins de professionnels sur le territoire ». La Région prend en charge le coût de fonctionnement de l’école, d’1,9 million d’euros par an. Dans son discours de rentrée, Henri Marret, vice-doyen de la faculté de médecine de Tours, a exhorté les futurs kinés à exercer en Centre-Val de Loire : « Notre région est la plus pauvre en terme de santé, on a besoin de vous, il faut soigner les gens qui en ont besoin. » Pour celui qui est aussi président du Collegium santé de la région, c’est un message qu’il « faut faire passer dès le début ».